Après sa sortie en 2006 sur Playstation 2, puis son incursion sur PSP, Shinobido, que l'on peut désormais qualifier de série, revient sur le devant de la scène en s'installant sur PS Vita, le jour même de son lancement. Ce Shinobido 2 : Revenge of Zen nous est toujours proposé par Acquire, studio auquel on doit les premiers épisodes de la série Tenchu, sortis sur consoles.
C'est donc une histoire inédite à laquelle nous aurons droit, après un épisode PSP reprenant les grandes lignes de ce que l'on avait pu voir sur PS2. Shinobido 2 : Revenge of Zen compte bien conserver la recette mêlant action et infiltration qui avait su précédemment convaincre les amateurs du genre. On y incarne Zen, un ninja rescapé d'un massacre ayant eu lieu au sein de son enclave, et qui voit, lors de la cinématique d'introduction, sa compagne tuée sous ses yeux par deux ninjas que vous rencontrerez ensuite régulièrement. Zen se réfugiera également bien vite dans le village d'Asuka, qui se transformera alors en base à partir de laquelle notre brave ninja pourra recevoir du courrier, pratiquer l'alchimie, s'entraîner... ou choisir ses missions. Les connaisseurs l'auront vite compris : le système de jeu n'a guère changé depuis 2007 et l'épisode PSP. On s'en doute vu le titre du jeu, Zen n'aura de cesse de se venger. Pour y parvenir, il tentera de faire discrètement pencher la balance entre les trois forces en présence dans son pays : les trois daimyo du pays d'Utakata, nommés Ichijo, Kazama et Amurita. Généralement, il suffira donc de participer à des missions pour le compte de l'un de ces trois partis pour pénaliser directement ou indirectement un adversaire.
Hélas, l'histoire nous est contée de manière très clairsemée et peu inspirée. Lors de certaines missions, Zen devra par exemple s'emparer de miroirs aux pouvoirs inquiétants avant ses adversaires, les fameux ninjas responsables du meurtre de son acolyte. A ce sujet, les scènes cinématiques ne sont pas très convaincantes, les dialogues tombant par exemple à plat et peinant à convaincre. Le joueur se focalisera donc sur l'enchaînement des diverses missions proposées, proposant des contrats d'assassinats, mais également des missions d'enlèvement, de cambriolage, de sauvetage ou encore de brigandage... D'autres missions tentent également de jouer la carte de l'originalité en proposant d'autres objectifs. Mais dans tous les cas, le schéma est hélas toujours identique, et le joueur risque de trouver le cocktail proposé bien vite redondant. Il faut dire que les cartes sur lesquelles se situent les contrats se ressemblent toutes, et sont même réemployées à outrance. De plus, l'infiltration est réduite à sa plus simple expression, ce qui est surtout dû à l'intelligence ridicule des gardes parcourant l'environnement. Zen peut longer les murs, utiliser un grappin pour se faufiler de toit en toit, ou encore pratiquer une exécution diablement redoutable nommée Chimatsuri Sappo, et tout cela, au nez et à la barbe de ses adversaires au QI proche de zéro. Ceux-ci réagissent de manière particulièrement peu convaincante, en oubliant en quelques secondes votre présence pourtant évidente, pour peu que vous alliez vous « cacher » quelques mètres plus loin, comme si de rien n'était.
Au final, on passera notre temps à filer vers notre objectif en tuant occasionnellement quelques gardes, dont la position est indiquée par un marqueur directement à l'écran, en forme d'oeil. Une simple pression sur celui-ci avec votre doigt, et la caméra se tourne vers l'emplacement de l'ennemi. Notre volonté de revêtir l'habit d'un ninja se glissant entre les ombres et avançant précautionneusement en prend encore un coup... On voudra parfois chercher la confrontation en attaquant tout ce qui bouge. Les combos s'effectuent alors assez facilement, mais la maniabilité donne lieu à quelques imprécisions très frustrantes, et la caméra fait parfois des siennes, comme par hasard au pire moment possible. Le pavé tactile arrière de la nouvelle console est également mis à contribution. Il pourra être utilisé pour viser plus précisément, notamment en cas d'utilisation du grappin. Il sera par contre de bon ton de régler la taille de la zone interactive du pavé tactile dans les options, sinon, gare aux doigts qui traînent et enclenchent alors la vue à la première personne de manière inopportune !
D'autre part, afin de dynamiser encore un peu les choses, les développeurs ont implémenté un système permettant carrément à Zen de se téléporter derrière son ennemi, puis de lui régler son compte avant de retourner tranquillement (et surtout automatiquement) à sa place. Cette technique requiert que la jauge de Zankoku (en bas de l'écran) soit au moins partiellement remplie. On pourra toujours arguer que cette fonctionnalité entache encore un peu l'aspect infiltration du titre, mais elle reste plaisante à utiliser. Au final, toutes ces missions ne sont pas foncièrement désagréables à parcourir, mais la lassitude risque quand même de ternir rapidement l'expérience du joueur. Au niveau des nouveautés, on trouvera également un système de niveaux et de points de compétence à attribuer à divers critères : l'endurance, l'attaque, la défense, le grappin ainsi que le fameux Zankoku. Enfin, l'amateur retrouvera le système de gestion des objets, ainsi que le système d'alchimie permettant de concocter des potions ou de créer des armes, à l'aide d'ingrédients achetés ou récupérés directement en cours de mission. Le système Near de la console permet même d'améliorer ses objets en les disposant dans des jarres en réseau. Si on croise ensuite un autre joueur ayant le même type d'item dans sa propre jarre, on obtient alors des bonus améliorant par exemple les capacités de notre attirail. En bref, on se doute que les fans des précédents épisodes y trouveront encore une fois leur compte, même si Shinobido 2 : Revenge of Zen souffre de nombreuses lacunes, à l'image de son intelligence artificielle défaillante et de la répétitivité des missions proposées.
- Graphismes14/20
On note forcément une belle amélioration depuis l'épisode sorti sur PSP, les modèles de personnages étant plus convaincants. Les environnements ne sont quant à eux pas très impressionnants, manquent de variété et sont un peu vides, même s'ils sont quand même plutôt agréables à regarder.
- Jouabilité12/20
L'aspect infiltration n'est pas vraiment étayé, puisqu'il vous suffira de vous faufiler plus ou moins derrière un garde pour le tuer sans que celui-ci (ou ses collègues) ne sourcille, même si vous aviez au préalable marché sur un morceau de bambou. Niveau action, quelques soucis de maniabilité font grincer des dents et donnent un aspect brouillon au jeu.
- Durée de vie12/20
Les missions s'enchaînent rapidement, et un joueur aguerri n'aura pas trop de mal à écoper d'un bon score à chaque fois, même en essayant d'accomplir les objectifs spéciaux.
- Bande son13/20
Les dialogues ne sont pas des plus palpitants, et les voix (anglaises) peinent un peu à convaincre. L'environnement sonore global est plus réussi, sans être transcendant.
- Scénario11/20
On l'aura compris, Zen cherchera à venger la mort de sa compagne, et pour ce faire, il prendra une part importante dans les relations entre les trois factions en place dans la région d'Utakata. La narration qui nous est proposée n'est hélas pas très convaincante, même si on prendra plaisir à déstabiliser l'une ou l'autre des puissances établies.
Shinobido 2 : Revenge of Zen n'innove pas vraiment, et sent donc un peu la naphtaline. Les fans d'infiltration pure et dure n'y trouveront pas leur compte, et l'action qui nous est distillée manque également un peu de saveur. Ceci dit, le charme arrive quand même à opérer, grâce à un background fouillé ou encore à une utilisation parcimonieuse et assez réussie des fonctionnalités de la Vita.