Comme à chaque sortie de console, il faut savoir faire le tri entre les bons jeux, et ceux réalisés à la va-vite en espérant faire quelques ventes ni vu ni connu. La PS Vita ne déroge pas à la règle, et vous allez très vite comprendre dans quelle catégorie va se loger Reality Fighters.
Les jeux qui utilisent la réalité augmentée, ça ne date pas d'aujourd'hui. Si le principe peut s'avérer intéressant, il ne tient malheureusement jamais la route s'il n'y a pas de contenu derrière, et beaucoup de titres s'y sont cassé les dents. Mais après tout, un jeu de combat hautement personnalisable qui se déroule dans votre salon, ça peut valoir le coup non ? Ainsi, Reality Fighters vous propose avant toute chose de créer un personnage en prenant une photo de votre faciès afin de la transposer ingame. Cela dit, on ne sait pas trop comment marche le système, mais les photos de votre serviteur donnaient un résultat proche des créatures cauchemardesques de Silent Hill alors qu'avec un collègue, que vous reconnaîtrez aisément sur les images, ça passe beaucoup mieux. Pfff, qu'ils sont insupportables ces types photogéniques ! Peu importe, Il vous reste encore à choisir votre coiffure, vos accessoires et votre tenue pour rattraper le coup.
Après avoir terminé avec le physique de votre avatar, on s'attaque maintenant à son style de combat. Si on peut opter pour du grand classique (boxe, kung-fu, samuraï) on peut aussi goûter à la vibe du disco ou aux arabesques du ballet. Toutefois, si on a accès à une bonne vingtaine de styles, on est surpris de découvrir que la panoplie de coups (indiquée à droite de l'écran) est tout simplement ridicule quelque soit votre choix, atteignant faiblement la quinzaine d'attaques différentes, combinaisons, prises et attaques spéciales comprises ! Oui, ça fout les jetons. Et on est pas au bout de nos peines quand on s'essaie à notre premier combat, surtout si on choisit de jouer en réalité augmentée via la caméra intégrée. Il faut dire que la caméra de la PS Vita n'est pas vraiment de bonne qualité, ce qui nous laisse drôlement douter de l'intérêt du titre. D'ailleurs, même si vous choisissez parmi les environnements intégrés au jeu, ce n'est guère mieux. Les protagonistes bougent dans tous les sens, vous obligeant sans cesse à tourner sur vous-même pour les avoir dans votre cadre. De toutes façons, l'impression de contrôler deux acteurs sur un vieux fond vert dans un film d'exploitation raté des années 60 est tellement omniprésente que jouer à plus de trente minutes relève de l'exploit.
D'autant plus que le gameplay ne suit absolument pas ! La détection des coups est digne de Pit Fighter, les animations ne semblent jamais liées les unes aux autres et certaines attaques sont pratiquement inutiles tant elles sont surpassées en vitesse, puissance et allonge par d'autres. Vous finissez rapidement par enchaîner la même technique sans relâche jusqu'à la mort de l'adversaire, ce qui ne posera aucun problème tant l'IA semble prédestinée à se prendre des mandales sans signe de rébellion, et ceci malgré la présence d'une garde. Sachez tout de même que vous pouvez opter pour deux façons de jouer, l'une exclusivement aux boutons et l'autre grâce aux fonctionnalités tactiles, cette dernière étant sans doute plus simple d'accès aux non-initiés. Pas la peine de passer de l'une à l'autre pour vérifier, le plaisir de jeu n'existe dans aucune de ces deux possibilités. Accessoirement, on pourrait aussi parler de l'équilibre bancal entre les différents combattants prédéfinis dans le jeu, qui utilisent d'ailleurs tous un des style disponibles lors de la création de personnage.
Mais plutôt que de nous apitoyer sur son gameplay désastreux, attardons-nous sur le contenu de Reality Fighters. Le mode solo se divise tout de même en quatre parties, qui sont le Combat Express, le mode Histoire, le mode Contre-la-Montre et le mode Survie. Si le premier et le dernier ne nécessitent pas d'explications, sachez que le Contre-la-Montre est en fait une série de mini-jeux dans lesquels il faut détruire des objets le plus rapidement possible. Le plus intéressant reste le mode Histoire, qui nous demande d'affronter de nombreux combattants via un petit "scénario", sous les ordres de notre senseï Mr Miyagi. Oui oui, celui de The Karate Kid. On aurait pu verser une petite larme nostalgie si ce dernier ne parlait pas avec un accent russe sorti de nulle part, du moins dans la version française. Ca fait un choc. Si on note un petit effort de présentation, on ressent la pauvreté de la réalisation à chaque écran. L'important, c'est de comprendre que ce mode solo permet de gagner des étoiles, nécessaires pour acheter des nouveaux vêtements, accessoires et styles de combat. Malheureusement, ça ne suffira pas pour faire de Reality Fighters un titre acceptable, et il serait dommage qu'il reste dans vos souvenirs comme votre premier titre Vita.
- Graphismes4/20
Même sur PSP, ça aurait été lamentable. Les animations sont souvent ridicules et les décors ne sont que de banales photos prise au hasard d'un parc, voire d'une route en travaux...
- Jouabilité5/20
Faible panoplie de coups, hitbox aléatoire, difficulté à garder les combattants dans le cadre de l'écran, bref, des conditions optimales pour un jeu de combat, d'où la magnifique note.
- Durée de vie8/20
Reality Fighters a beau proposer plusieurs modes, on en fait vite le tour. Néanmoins, si vous voulez vous torturer à tout débloquer, libre à vous. On note aussi la présence d'un mode multijoueur.
- Bande son3/20
Des thèmes sans queue ni tête de bout en bout et un accent russe pour Mr Miyagi, le personnage que l'on entend le plus dans le jeu... Que dire de plus ?
- Scénario/
On le sentait venir et on l'a eu : Reality Fighters est une vaste fumisterie, de celles qui peuvent laisser un goût amer dans le porte-monnaie. A part (mal) démontrer que la PS Vita sait gérer la réalité augmentée, ce titre n'a décidément rien pour lui. Comment aurait-il pu s'en sortir avec une réalisation aussi ratée et un gameplay des plus pauvrissimes ? Repose en paix, Mr Miyagi...