Souvent bien placé dans la hiérarchie des développeurs de simulations sportives, EA Sports a pourtant laissé d'autres studios se disputer la suprématie de la petite balle jaune virtuelle ces dernières années. Après avoir marqué son retour avec un Grand Chelem Tennis full fun et full arcade sur Wii, EA lui invente une suite radicalement différente. Place à un tennis beaucoup plus sérieux.
Si nous devions situer Grand Chelem Tennis 2 sur le marché bien peu concurrentiel du jeu de tennis, nous le placerions sans aucune hésitation entre Top Spin 4, très réaliste et très pointu, et Virtua Tennis 4, arcade et permissif. Toutefois, le jeu d'EA Sports se rapproche davantage de Top Spin, bien qu'il se présente sous la forme d'un véritable hybride entre arcade et simulation. GCT 2 est à la fois accessible et exigeant et a la particularité de proposer deux gameplays différents : l'un classique, où chaque bouton correspond à un coup en particulier et un autre entièrement analogique où le stick permet de varier et d'orienter n'importe quelle frappe. C'est le Total Racquet Control. Si EA Sports fait de cette fonctionnalité l'intérêt premier de son bébé, certains joueurs s'en passeront sans que cela ne gâche leur expérience, soit parce qu'ils préféreront les commandes classiques, soit parce que certains petits loupés analogiques les convaincront d'utiliser la config traditionnelle. Dans tous les cas, Grand Chelem Tennis 2 ne révolutionne pas la simulation de tennis mais y apporte des commandes plus intuitives que la moyenne.
Le Total Racquet Control n'influe ni sur le réalisme, ni sur la difficulté de Grand Chelem Tennis 2. Il n'est qu'une alternative aux commandes de base. Ainsi, au lieu de frapper un coup à plat avec la touche Croix ou A, le joueur oriente simplement le stick analogique droit dans la direction souhaitée et le tennisman s'exécute. La notion de timing (pas trop tôt, pas trop tard), est exactement la même qu'en configuration classique. Ce sont les coups à effets qui profitent le plus de cette façon de jouer puisque les lifts nécessitent d'orienter le stick vers le bas puis vers le haut pour donner de la rondeur à la trajectoire de la balle. Même chose pour les slices où l'effet coupé se produit simplement en balançant le stick vers le bas. EA Sports a de toute évidence souhaité réunir les joueurs lambda adeptes du pad et ceux qui apprécient les systèmes de détection de mouvements. L'objectif est atteint et on s'étonne de s'adapter aussi rapidement à ce type de commandes même si quelques coups sortent mal de votre raquette. Par exemple, les revers croisés se transforment régulièrement en slices long de ligne... La faute à un stick analogique capricieux qui exige une concentration de tous les instants afin d'effectuer le geste parfait. En revanche, les services ne souffrent aucunement du Total Racquet Control puisqu'un peu moins techniques : il suffit d'orienter le stick en bas à droite ou en bas à gauche pour déclencher un slice ou un lift.
Si Grand Chelem Tennis 2 offre des échanges posés et construits, agréables à mener, il n'accorde pas d'importance démesurée à la tactique et à l'adaptation de votre jeu à celui de l'adversaire. Certes, un Nadal sera très compliqué à déborder en fond de court et renverra vos coups les mieux placés, certes Federer s'appuiera sur un jeu de revers et de volées de grande qualité. Mais dans tous les cas, certaines tactiques fonctionnent beaucoup plus que d'autres, quel que soit votre adversaire. Les montées au filet sont ainsi salvatrices voire carrément cheatées, étant donné qu'un mauvais timing à la volée n'a qu'une importance mineure sur la qualité du coup. Ainsi, une fois bien placé dans un carré de service, on matraque une touche, n'importe laquelle, jusqu'à ce que l'adversaire tente un passing ou un contre-amorti et dans la majeure partie des cas, la volée se fera toute seule, grâce à un sacré coup de reins. Seuls les joueurs les plus techniques réussiront à contrer cette tactique en tentant (et en réussissant très souvent) un lob. Evidemment, tout cela se remarque de moins en moins en augmentant la difficulté mais les faits sont là, GCT 2 ne rend pas aussi bien hommage aux différents styles de jeu que le fait un titre comme Top Spin 4.
Le mode Carrière de Grand Chelem Tennis 2 s'étale sur 10 ans ! En soi, c'est une vraie performance quand on le compare à la concurrence mais dans les faits, il manque énormément de choses à ce mode pour s'imposer comme le meilleur jamais vu. Les saisons défilent à la vitesse de la lumière dans la mesure où elles ne se composent que des quatre tournois du Grand Chelem, de quelques tournois de préparation voire de matches exhibition et des mêmes entraînements que ceux qui nous sont proposés en guise de didacticiel. Autrement dit, le tout sonne franchement creux et souffre d'une linéarité constante. Pourtant, en faisant grimper le niveau de l'IA automatiquement au fil des saisons, les développeurs avaient eu une bonne idée. Seulement voilà, à l'issue de votre première année de pratique, il y a de fortes chances que votre palmarès affiche déjà les l'Open d'Australie, Roland Garros, Wimbledon et l'US Open. Du coup, quel est l'intérêt de poursuivre ? On aurait souhaité devoir développer notre avatar et le faire grimper dans la hiérarchie avant de décrocher le sésame pour un Grand Chelem, être contraint de jouer des tournois mineurs, bref, en baver un minimum. Au contraire, le contenu finalement très restreint de GCT 2 ne permet pas à EA Sports de proposer une telle progression. Pire encore, le casting incroyablement limité (23 joueurs et joueuses, actuels et légendes confondus) nous contraint à défier d'anciennes gloires et des top players actuels dans les mêmes tournois... Bonjour le réalisme.
En effet, c'est l'une des déceptions de ce Grand Chelem Tennis 2 : le nombre de joueurs et joueuses sous licence n'est pas plus élevé que la moyenne. Quand on sait que l'abondance de licences est une marque de fabrique chez EA, on comprend mal devoir se satisfaire d'une vingtaine de pros... Quinze hommes (dont sept légendes), huit femmes (dont quatre légendes) et c'est tout. Or, en mode Carrière, les tournois sont complets, c'est-à-dire qu'il faut franchir de nombreux tours avant d'atteindre la finale, ce qui, en soi, est une excellente chose. Seulement voilà, les pros sont si peu nombreux qu'il faut affronter un paquet d'inconnus avant de tomber sur un Murray ou un Djokovic. Il est même possible de remporter un tournoi sans même croiser leur route tant il leur arrive de tomber bêtement face à un joueur fictif... Bref, c'est tout l'équilibre et toute l'architecture du mode Carrière qui sont à revoir, excepté l'éditeur de joueurs, très complet et compatible Gameface pour ceux qui ont déjà utilisé cette technologie EA pour modéliser leur petit minois. Tout n'est donc pas à jeter évidemment, d'ailleurs, ce mode Carrière est une exception à bien des étages. Par exemple, l'utilisateur a la possibilité de choisir la durée de tous les matches et peut donc, dans un souci de réalisme, ne disputer que des rencontres en six jeux et trois sets gagnants. Quel était le dernier titre à permettre cela ?
Outre ce mode Carrière, Grand Chelem Tennis 2 permet de revivre ou de réécrire trois décennies d'histoire du tennis via différents scenarii. Ainsi, il est possible de disputer la fin de rencontres mythiques, comme l'affrontement entre McEnroe et Borg à l'US Open en 1980, à un jeu partout dans le cinquième set, ou la finale Wimbledon de 1995 entre Sampras et Becker à 5-4 pour l'Américain. L'idée est très sympathique mais il aurait été appréciable que la réalisation s'adapte à l'époque, à l'instar de ce qui se fait dans un certain NBA 2K12. Le jeu en ligne tient également une part importante dans GCT 2 avec la possibilité de jouer une Carrière online, de jouer n'importe quel tournoi ou encore de participer à la Bataille des Nations, un mode qui vous permet de défendre les couleurs de votre pays et de le faire progresser au classement, à la manière des Ligues Interactives de FIFA. L'offre en ligne est globalement très complète et prolonge largement l'expérience de jeu, d'autant qu'on attend des serveurs blindés au vu de l'accessibilité du titre !
- Graphismes15/20
Grand Chelem Tennis 2 est un titre sobre et bien réalisé. Ni plus, ni moins. EA n'a pas mis le paquet mais son savoir-faire suffit à rendre la simulation agréable à regarder, pas mal animée et assez crédible. Quelques visages de pros auraient nécessité plusieurs retouches et le background des rencontres d'être un peu plus développé. Mais l'ensemble est réussi. En revanche, les menus designés façon FIFA 11 sont d'une incroyable lenteur.
- Jouabilité15/20
Le gameplay orienté simulation et mâtiné d'arcade plaira sans doute à tous les fans de tennis. Accessible mais crédible, le jeu d'EA Sports prône la construction mais pas à outrance. Gagner des matches demeure relativement facile à partir du moment où certaines techniques (comme le jeu au filet) sont maîtrisées.
- Durée de vie14/20
L'essentiel du contenu tourne autour d'un mode Carrière qui s'étend certes sur 10 saisons, mais qui se répète et s'avère franchement trop linéaire. On déplore la pauvreté du casting (une petite vingtaine de joueurs, hommes, femmes, actuels et anciennes gloires confondus), une anomalie chez Electronic Arts. Toutefois, le contenu en ligne est assez imposant et les matches dédiés aux duels de légende sont d'agréables bonus.
- Bande son14/20
Les commentaires sont entièrement assurés par Guy Forget, très impliqué mais pas toujours naturel dans ses interventions. On regrette qu'il soit esseulé, la présence d'un autre spécialiste à ses côtés n'aurait pas été de trop. L'ambiance des matches est de son côté assez neutre bien que la plupart des effets sonores soient réussis.
- Scénario/
Grand Chelem Tennis 2, tout en n'ayant rien à voir avec son aîné développé sur Wii, a toutes les qualités requises pour plaire au grand public. Dans les faits, il s'adresse à ceux qui ont trouvé Top Spin trop élitiste et Virtua Tennis trop arcade et qui apprécient qu'on leur propose deux gameplays distincts. Simulation tolérante, le jeu d'EA Sports s'appuie sur un mode Carrière qui contient autant de bonnes choses que de moins bonnes et sur une offre en ligne assez complète. Avec un casting un peu plus développé et des styles de jeu plus marqués, GCT 2 aurait pu prétendre titiller la référence Top Spin.