Nous sommes en 1996, la Megadrive vit ses dernières années, et Sega décide contre toute attente de lui offrir un épisode de sa très populaire saga Virtua Fighter, qui fait alors fureur dans les salles d'arcade et sur Saturn. Ce n'est a priori pas une mauvaise idée, surtout que, à l'exception notable d'Eternal Champions, la firme d'Haneda ne s'est que très rarement hasardée à développer des jeux de combat sur sa 16 bits. Alors cet épisode est-il à la hauteur de la renommée de la saga ? Verdict dans ces quelques lignes.
Et c'est reparti pour le show ! Huit des plus émérites combattants de la planète se donnent rendez-vous pour élire le meilleur d'entre eux, celui qui aura l'insigne honneur de disputer un combat d'anthologie face à Dural, le mystérieux dernier boss (qui peut d'ailleurs être débloqué comme personnage jouable, via un code). Huit combattants ? Tiens, tiens, c'est bizarre, puisque la version arcade de Virtua Fighter 2 en proposait 10. On retrouve en fait le roster du premier Virtua Fighter, à savoir Jacky et Sarah Bryant, Lau et Paï Chan, Jeffry McWild, Wolf Hawkfield, Akira Yuki et Kage-Maru. Pas la peine de chercher les deux petits nouveaux de la version arcade que sont Lion Rafale et Shun-Di, puisqu'ils ne sont pas présents. Il est donc curieux que Sega ait affublé le soft du suffixe 2. Mais passons…
Un petit coup d'œil à l'écran titre suffit pour se rendre compte que, du côté des modes de jeu, le soft va à l'essentiel : un mode Solo (le traditionnel mode Arcade), un mode Versus et c'est tout. Ah si, j'oubliais, il y a aussi un écran d'options dans lequel le joueur pourra pêle-mêle régler la jauge de vie, le nombre de manches, le temps des combats ou encore le niveau de l'intelligence artificielle. Après avoir réglé les paramètres de jeu à sa guise, il est temps pour le joueur de choisir son personnage et d'entrer dans l'arène.
Lors du premier combat, on comprend enfin pourquoi le soft s'appelle Virtua Fighter 2 : les arènes sont en fait issues de la version arcade du titre. Même si ces dernières manquent de détails et bénéficient d'arrière-plans parfois sommaires, elles donnent une impression de profondeur qui n'est pas désagréable à l'œil. Malheureusement, l'animation et la modélisation des combattants n'ont pas bénéficié du même traitement. Les personnages, qui sont bien entendu représentés en deux dimensions (on est sur Megadrive, pas sur 32X) se déplacent de manière extrêmement rigide, et il se dégage de leurs mouvements une grande impression de lenteur. Leurs sauts en deviennent même comiques, tant ils donnent l'impression d'assister à une séance de lévitation en bonne et due forme. Bref, d'un point de vue technique, le soft est passable et il ne fait pas honneur au titre initial de Yu Suzuki, c'est le moins que l'on puisse dire.
Les fans de la première heure le savent bien, l'essence d'un Virtua Fighter réside dans sa jouabilité, à la fois technique et subtile. En effet, contrairement à la plupart de ses contemporains, la série a toujours misé sur un gameplay réaliste, forcément plus tactique, sans boules de feu ni torches enflammées. Malheureusement, quelques minutes manette en main suffisent pour réaliser que, en passant en deux dimensions, cette mouture Megadrive a perdu tout ce qui faisait la richesse de la version arcade : le nombre de coups des combattants a été réduit, et si les frappes de base sortent correctement, les temps de latence omniprésents rendent les enchaînements et les coups spéciaux très difficiles à placer. L'aspect stratégique des combats est également réduit à sa plus simple expression, puisqu'il suffit de tapoter comme un damné sur sa manette pour pousser son (peu coriace) adversaire et ainsi provoquer un ring-out. Bref, on ne retrouve quasiment jamais les sensations des versions en trois dimensions, et on en arrive à la conclusion que jamais cette mythique série n'aurait dû faire escale sur Megadrive.
Ce test est tiré du test de la version Megadrive.
- Graphismes11/20
Les décors ne sont pas trop mal, bien qu'un peu vides, et leur esthétique globale est d'ailleurs directement inspirée de la version arcade de Virtua Fighter 2. La modélisation des personnages est médiocre, et on est à des années-lumière des valeurs sûres de la machine (qui a dit Street Fighter 2 ?). L'animation des combattants est également extrêmement sommaire. Bref, techniquement, le titre ramène le joueur des années en arrière, au temps des jeux de première génération de la machine.
- Jouabilité11/20
Les coups de base (le poing et le pied en fait) sortent à peu près correctement, même si les temps de latence sont parfois très prononcés. Les coups spéciaux sont en revanche très délicats à placer, tant ils sont peu intuitifs. De plus, le jeu pâtit d'une certaine lenteur, qui rend le gameplay extrêmement poussif. On est également étonné de voir les personnages avec une si faible palette de coups, car quel que soit le combattant choisi, on finit toujours par faire peu ou prou les mêmes enchaînements.
- Durée de vie8/20
Le jeu se contente du strict minimum du côté des modes de jeu : un mode Arcade (très facile en plus), un mode Versus, et c'est tout. C'est peu, très peu et Sega aurait pu se fendre de petits modes bonus (survie, combats en équipes…) pour donner davantage de contenance à son jeu. En tout état de cause, le gameplay n'est pas suffisamment riche pour tenir les joueurs en haleine très longtemps.
- Bande son15/20
C'est l'un des (seuls ?) points forts du titre. Les musiques sont réussies, et sont des adaptations de celles déjà présentes dans la version arcade. Les bruitages sont bons.
- Scénario/
Un tournoi, huit combattants : Qui sera le meilleur ?
Avec cette conversion de Virtua Fighter 2, Sega offre un bien triste baroud d'honneur à la Megadrive. On se demande bien quelle mouche a piqué le géant japonais quand il a décidé de mettre en chantier cet épisode, car en passant en deux dimensions, le jeu a perdu tout ce qui faisait le charme et la technicité des versions arcades et Saturn. Doté d'une technique tout juste passable pour une machine en fin de vie, le titre dispose de surcroît d'une durée de jeu rachitique. Bref, les amateurs de jeux de baston passeront leur chemin, et se tourneront vers les valeurs sûres de la machine au rang desquelles figurent des titres comme Mortal Kombat 2 ou Street Fighter 2.