Après un quatrième épisode narré en différents chapitres et un cinquième opus échelonné sur plusieurs générations, voici que le dernier épisode de la trilogie zénithienne expérimente de son côté le voyage entre le rêve et la réalité. La frontière entre le réel et l'imaginaire peut être vraiment très mince.
Vous souhaitez un jeu hyper captivant et capable de vous retourner complètement le cerveau au point de ne plus pouvoir dissocier le vrai du faux ? Alors bienvenue dans Dragon Quest VI ! Autant le dire de suite, ce nouvel épisode propose une aventure absolument énorme. Le jeu débute par un prologue qui a le mérite d'être court mais très prenant. Trois personnages, dont le héros que vous incarnez, campent autour d'un feu au beau milieu d'une forêt. Mais le temps est compté, et notre troupe a une mission à terminer. Leur quête ? Eliminer Mudo, le roi du mal, au sein même de son antre. Malheureusement, l'équipe se fait littéralement annihiler sur place. C'est à ce moment-là que vous vous réveillez dans votre maison, à l'intérieur d'un paisible village. Ce n'était finalement qu'un cauchemar... n'est-ce pas ? Pas le temps de se poser trop de questions car aujourd'hui, vous devez ramener une couronne pour une fête se déroulant dans votre village. Rien de très palpitant pour le moment, simplement quelques allers-retours sur la mappemonde et des combats pour se familiariser avec le gameplay.
Cela dit, une fois l'aventure réellement lancée, vous êtes entraîné dans un engrenage terriblement efficace où une perpétuelle confrontation entre le rêve et la réalité a lieu. Cette dualité prend ici la forme de deux mondes parallèles dans lesquels vous voyagez grâce à différents puits disséminés un peu partout dans le monde. Et c'est bien là toute la force du jeu, car vous finissez par ne plus savoir dans quelle dimension vous vous trouvez réellement. Suis-je dans le monde du rêve ? Pourtant ces personnages semblent me connaître. Ou n'est-ce que le reflet altéré de mon propre monde ? Mais mon monde est-il finalement ce que je crois qu'il est ? Tant de questions que le joueur se pose inlassablement tout au long du jeu. Et autant dire que les nombreux rebondissements auxquels vous assistez ne font que renforcer le doute et l'incompréhension générale qui pèse sur votre périple. C'est grandiose, surtout que vous êtes souvent complètement lâché et que vous devrez vous-même explorer les quatre coins du monde pour espérer avancer dans le scénario. Aucune linéarité donc et un cheminement ultra complexe. De plus, il y a tellement peu d'indices en cours de route que vous ne saurez jamais si vous vous êtes lancé dans une quête annexe ou si vous poursuivez la quête principale. Pour couronner le tout, vous avez la possibilité de parcourir un troisième monde bien plus tard dans le jeu, autant dire qu'il ne faut absolument pas lâcher cet opus trop longtemps sous peine d'être totalement perdu à la reprise. Pour le contenu du scénario en lui-même, on s'abstiendra bien évidemment de vous révéler quoi que ce soit, tant l'aventure se montre riche et pleine de surprises.
Malheureusement, l'idée est là mais le tout manque de profondeur. Si vous voulez, le scénario a de l'envergure mais souffre d'un gros manque de rythme. Cela est dû en partie au fait que vous êtes souvent lâché sur la mappemonde sans réellement savoir quoi faire. Résultat, le joueur part en exploration et perd fréquemment de vue la trame principale. De plus, l'absence de charisme chez les différents personnages se ressent beaucoup trop. Ils ne sont finalement là que pour combattre, et même si la série a pour habitude de ne pas trop développer ce côté-là, on aurait aimé un background un tout petit peu plus fourni pour chacun d'eux. Cela aurait pu rendre le jeu encore plus intéressant et enivrant. De même, si l'aventure est longue, elle souffre de moments très lourds. La première phase de jeu n'est pas forcément très intéressante et les combats manquent de dynamisme. Ces derniers ne dégagent plus la même ampleur épique, ce qui est notamment dû à un thème musical complètement en inadéquation avec l'ambiance des affrontements. Cela dit, même si ces petites choses gâchent parfois le plaisir de jeu, le gameplay est loin être mauvais.
Du côté des points positifs, notons par exemple le système de classes qui refait son apparition. Bien plus élaboré que dans le troisième opus, vous pouvez choisir vers le tiers du jeu une vocation pour chacun des différents personnages de votre groupe. La particularité, c'est que chaque classe possède 8 niveaux qui octroient un nouveau sort ou compétence une fois un palier atteint. Pour augmenter ces niveaux, vous devez gagner un certain nombre de combats contre des monstres dits forts. Mais ce n'est pas tout, vous pouvez à tout moment changer de vocation et conserver en même temps les sorts débloqués avec votre classe précédente. Vous pouvez ainsi créer une équipe sur mesure, avec par exemple des personnages pouvant utiliser à la fois des magies offensives et défensives. Mieux encore, si vous montez certaines vocations par paires, vous débloquez de nouvelles classes encore plus puissantes. Pour finir, chaque vocation apporte un bonus et malus de statistiques. Notez que vous pouvez toujours recruter des monstres avec l'une de ces vocations. Loin d'être transcendant, ce système est pourtant très bien ficelé et permet une fois de plus d'enrichir considérablement les combats. Vous pouvez d'ailleurs placer les personnages de réserve dans votre caravane, permettant ainsi d'avoir différents combattants de tous types et toujours disponibles selon les situations.
D'autres nouveautés sont également de la partie. On citera notamment la présence d'une forge, qui permet comme son nom l'indique de forger vos armes ou armures afin de renforcer leurs effets. Petite remarque en passant, les équipements diffèrent en fonction des personnages et non de leur vocation. La forge est toutefois assez onéreuse, il faudra donc l'utiliser intelligemment. De même, un barde peut augmenter le style de votre équipement. Ce nouveau facteur est propre à chaque personnage, et révèle son importance lors d'un concours de mode dans une ville. Le but est donc de remporter les différentes épreuves de ce concours en augmentant le style de ses personnages. Les récompenses sont diverses, même si cela reste majoritairement de l'équipement. Dans le même genre, les casinos sont toujours là pour s'enrichir ou à l'inverse tout perdre. On mentionnera aussi l'apparition des small médailles, qui sont à échanger contre d'innombrables objets de tous types. En d'autres termes, ce Dragon Quest est sans doute l'épisode le plus complet qui soit des deux trilogies réunies. Cet opus possède vraiment tout pour scotcher le joueur durant des heures, au sein d'une aventure dans laquelle on peut réellement perdre pied.
- Graphismes17/20
C'est un peu le jour et la nuit entre cet épisode et le précédent. Les graphismes ont été grandement améliorés, avec des effets de lumières très jolis et des orages plus vrais que nature. Même les filtres appliqués à l'écran à différents moments font leur petit effet. En combat, les ennemis ne sont plus statiques mais s'animent brièvement au moment de lancer leur attaque. On remarquera que le cycle jour/nuit a été supprimé pour que l'idée de double monde opposé soit plus cohérente.
- Jouabilité16/20
Le retour des classes est un plus indéniable, tant elles apportent d'intérêt aux combats. La possibilité de pouvoir changer de vocation à volonté tout en gardant les sorts acquis précédemment permet de se constituer une équipe vraiment hétéroclite. On peut également mentionner l'apparition d'une compétence spéciale qui permet de mémoriser les dialogues, utiles si vous avez oublié par exemple le lieu où vous devez vous rendre. Dernier petit détail, votre équipe se déplace beaucoup plus rapidement à l'intérieur des villes.
- Durée de vie18/20
La durée de vie du jeu est juste astronomique. On ne s'ennuie jamais puisqu'il y a toujours un coin à visiter qui se solde ensuite par une quête débouchant sur autre chose, et ainsi de suite. Le jeu n'est clairement pas linéaire. Le souci c'est que le joueur peut finir par se perdre avec un monde si propice à l'exploration. En clair, il faut faire les choses dans un certain ordre si l'on ne veut pas perdre le fil.
- Bande son16/20
Dans l'ensemble, les compositions sont très bonnes même si parfois elles semblent manquer d'inspiration. Par contre, gros carton rouge pour le thème de combat complètement raté pour le coup.
- Scénario16/20
L'idée de confronter le rêve à la réalité est une très bonne idée en soi. En revanche, la trame reste classique au possible et en cela, on est bel et bien dans un Dragon Quest. Au programme, de l'exploration en masse, des quêtes en tout genre et de la collecte d'items. Le cheminement reste quand même agrémenté de quelques rebondissements intéressants et le final est vraiment beau. Du moins, si l'on a bien pris la peine de vivre pleinement cette aventure.
Ce Dragon Quest VI ne déroge pas à la règle, il invite le joueur à vivre une aventure gigantesque où la frontière entre le rêve et la réalité se révèle finalement très mince. Difficile donc de savoir ce qui est réel, et c'est bien ce doute continuel qui fait la force du titre. Le joueur avance, en apprend de plus en plus sur chacun des deux univers parallèles jusqu'à se poser LA question : « Lequel de ces deux mondes est le vrai ? ».