En dépit de sa longévité et de son succès, la BD XIII n'a pas vraiment fait beaucoup parler d'elle dans le monde du jeu vidéo. En tout cas, pas autant que son scénario nébuleux et son casting intéressant auraient pu nous le faire penser. Après un premier jeu d'aventure en 1997 et un FPS en 2003 (tous deux de qualité), la quête d'identité du personnage central est cette fois déclinée en jeu d'objets cachés.
Avant d'entamer pleinement le test, il convient de préciser que le texte qui suit est écrit par un néophyte n'ayant jamais lu aucun album de la série XIII mais connaissant toutefois l'ossature globale du scénario. L'avis donné ici reflète donc celui d'un joueur et pas celui d'un fan connaissant déjà les tenants et aboutissants de chaque situation. La précision est importante puisque autant le dire d'entrée de jeu, XIII : Identité Perdue ne fait pas beaucoup d'efforts pour inclure ceux qui ne sont pas, ou peu familiers avec sa constellation d'intrigues. Au départ, tout va bien. Beaucoup de questions sont soulevées, mais nous acceptons d'être laissés dans le flou car après tout, XIII lui-même nage en plein brouillard. Le jeu commence comme dans la bande dessinée lorsque le personnage est retrouvé sur une plage, après avoir frôlé la mort, une blessure de balle sur la tempe. Totalement amnésique, XIII (surnom donné suite au numéro qu'il porte tatoué sur la clavicule) est rapidement rattrapé par son passé lorsqu'un groupe de dangereux tueurs élimine froidement ses bienfaiteurs. Bien décidé à découvrir qui il est, qui en veut à sa peau et pourquoi, XIII commence ainsi un long voyage à travers les Etats-Unis.
Durant une bonne moitié de l'aventure, les questions sans réponses et les fausses pistes s'amassent à un rythme plutôt soutenu donnant la désagréable impression d'avoir raté quelque chose d'important. Tant que XIII reste lui aussi totalement perdu, on se dit que tout est fait exprès et que la formule fonctionne tant bien que mal. Héros et joueur se retrouvent ainsi dans le même bateau, et tentent tous deux de comprendre ce qui se passe autour d'eux. Cela dit, un changement assez brusque intervient environ à mi-chemin : plutôt que de se laisser trimballer de mystère en mystère, XIII prend les devants et agit comme si tout était finalement devenu clair et limpide dans sa tête. Complètement largué, le joueur se retrouve, lui, sur le carreau, condamné à suivre un scénario qui semble l'avoir perdu en chemin. On comprend bien quelques petites choses, mais tous les détails importants à même de donner du corps à l'histoire semblent avoir été oubliés dans les pages de la BD. Précisons à ce sujet que le jeu grosso modo couvre les huit premiers tomes de la série pour une aventure qui se boucle en deux petites heures chrono.
Durant ces deux heures, nous avons affaire à un jeu d'objets cachés qui trouve le moyen, en si peu de temps, d'être incroyablement ennuyeux et répétitif. Comme l'exige la règle d'or du genre, à chaque scène correspond sa ou ses listes d'objets à découvrir. Hélas, ces listes semblent ne jamais finir, comme s'il y avait toujours un énième objet à trouver. XIII doit faire un tour sur la plage ? Pas de problème. Avant de sortir, laissez-le simplement récupérer ses bottes, son ciré, son chapeau, un seau, un couteau, un siège de pêche, deux cannes à pêche, deux filets de pêche, trois hameçons, deux homards et un poisson. Plus tard, il arrive à la banque, et doit faire un tour complet de la salle en repérant absolument tous les panneaux de la pièce (défense de fumer, toilettes, sens interdit, etc.). Molle et laborieuse, la progression touche le fond à plus d'un moment lorsqu'il s'agit de repérer quelque chose de spécifique parmi une tripotée d'objets similaires. Par exemple un visage sur un listing ou un parasol sur une plage. Au lieu de nous faire cliquer sur l'objet ou le visage souhaité, le jeu nous fera d'abord cliquer un par un sur absolument tous les autres éléments du décor jusqu'à pouvoir enfin isoler le dernier objet. Ainsi, nous nous retrouvons à grommeler lorsque le jeu nous oblige à cliquer sur deux parasols jaunes, deux parasols violets, deux parasols verts, deux parasols bleus, etc. jusqu'à ne finalement laisser qu'un seul parasol sur le sable : celui qui nous intéresse depuis le début ! Et il y a pire avec les listes numériques où il faut carrément repérer des numéros à l'écran. Le jeu vous demande ainsi de trouver et d'éliminer près de 20 numéros différents pour encore une fois isoler celui que vous visiez initialement ! Peut-on faire moins intéressant ?
Le gros problème de XIII : Identité Perdue, en dehors de son scénario hermétique et elliptique, est en quelque sorte son manque d'ambition. Le genre "objets cachés" n'est pas le plus novateur des genres de jeux, c'est vrai, mais des titres récents ont su sortir du moule pour proposer autre chose. Les débuts de XIII laissent d'ailleurs penser qu'avec des décors sur différents plans, nous aurions au moins le plaisir de jouer avec la perspective pour dénicher des objets, mais il n'en est finalement rien puisque seuls le premier et le tout dernier décor sont en fait découpés sur plusieurs plans. La petite quinzaine d'autres scènes sont de simples cartes postales toutes plates sur lesquelles on trouve grossièrement posés des objets soit trop visibles soit totalement invisibles. Les neuf mini-jeux (dont trois fois le même jeu de tir) ne relèvent pas le niveau non plus. L'ennui règne dans chacun d'eux. Et puisque nous y sommes, mention spéciale au jeu des couleurs qui devrait ravir les joueurs daltoniens. Décidement, XIII : Identité Perdue sonne faux sur toute la ligne, et même les plus grands fans de XIII peineront à y trouver leur compte.
- Graphismes11/20
Le jeu fait l'effort de coller d'assez près à la BD en affichant des personnages directement découpés dans les livres. Cependant, à part XIII qui change de visage ou de vêtements selon la situation, tous les autres protagonistes ne disposent que d'une seule image pour les représenter du début à la fin. Par exemple, qu'elle soit tendre ou en colère, sur le camp d'entraînement ou en train de bronzer sur la plage, Jones sera irrémédiablement représentée dans sa tenue militaire. Bizarre. Les décors sont plutôt quelconques. Plus d'animations aurait déjà permis de leur donner vie.
- Jouabilité7/20
Identité Perdue semble faire son possible pour accumuler les pires erreurs qu'un jeu d'objets cachés puisse avoir. Sans aller jusqu'à nous faire repérer le traditionnel violon dissimulé dans le cadre d'une fenêtre, le titre multiplie sans génie des listes d'objets interminables quand ce n'est pas de simples numéros à repérer dans une liste. Bonjour l'ennui ! Les mini-jeux sont inintéressants et certains peu maniables nécessitent plusieurs clics pour réaliser les actions souhaitées.
- Durée de vie7/20
Comptez deux heures pour tout trouver. Il est possible de rejouer aux neuf mini-jeux, mais franchement, qui le voudrait ?
- Bande son8/20
La bande-son se compose de deux ou trois musiques qui tournent en boucle et de quelques bruitages comme le ressac des vagues ou les cris de gardes tués lors des séquences de tirs. Les dialogues ne sont pas doublés.
- Scénario8/20
Les joueurs ayant déjà lu la BD ne devraient pas avoir de mal à suivre l'histoire. Ils ne remarqueront alors peut-être pas que le jeu avance trop vite et qu'il manque des passages clés nécessaires à la bonne compréhension. Les novices seront donc complètement largués de bout en bout.
Difficile de recommander XIII : Identité Perdue à qui que ce soit. Les fans comprendront l'histoire mais s'ennuieront alors que les non fans s'ennuieront tout court. A choisir, mieux vaut peut-être simplement se (re)plonger dans la bande dessinée, non ?