L'infernal et sans fin cycle de violence de Infinity Blade se poursuit dans une suite qui tout en conservant ses grands principes a réussi à améliorer son concept. Plus riche, plus brutal, le titre de Chair saura sans mal convaincre les fans du premier volet.
Le concept même d'Infinity Blade avait pour défaut de diviser catégoriquement les joueurs. Traverser les couloirs et cours d'un château pour livrer une bataille perdue d'avance jusqu'au moment où, finalement, après avoir fait progresser la lignée du héros on pouvait enfin mettre une déculottée à l'éternel, tout le monde n'aimait pas ça. Fatalement répétitif, le titre savait pourtant charmer par sa réalisation au poil et son système de combat parfaitement calibré. Pas question toutefois de se satisfaire d'une suite qui reprendrait l'idée à la lettre, ce que Chair a très bien compris. En premier lieu, Infinity Blade 2 se dote d'un scénario et on découvre que depuis le début le jeu n'a pas une multitude de héros tous descendants les uns des autres mais un seul, désormais affublé du nom de Siri. Si dans le premier volet il a finalement pu s'emparer de l'épée éternelle, Siri doit à présent mettre la main sur le Forgeron des Arcanes retenu prisonnier dans un nouveau château. Et à chaque décès, avant de repartir pour une renaissance supplémentaire, vous aurez droit à un petit indice venant éclairer l'intrigue.
L'ajout d'une histoire n'est cependant pas la seule nouveauté. Si Chair a conservé le principe de la boucle, le même château à visiter à de multiples reprises en conservant inventaire et gain d'XP, ce dernier est bien plus vaste et comprend quantité d'embranchements que l'on découvre au fur et à mesure de la progression. En outre, le joueur n'a plus un seul grand ennemi mais trois gardiens qu'il peut rejoindre en empruntant les divers chemins dénichés. La boucle est donc toujours d'actualité, de même que la grosse raclée qu'on se prend en arrivant devant un boss, mais le sentiment de rejouer le même scénario ad vitam aeternam est bien moins présent. Il y a même plus d'objets à récupérer en chemin.
Enfin, le combat lui aussi a été profondément revu. Les bases restent identiques. Tout est question de timing entre les attaques portées d'un élégant glissement de doigt sur l'écran, les blocages au bouclier ou les esquives latérales. Première nouveauté : les esquives vous fatiguent et si vous en enchaînez trop, elles deviendront inefficaces. On retrouve avec joie les affrontements dynamiques du jeu original et la précision requise pour se dépêtrer des combats à haut niveau. La magie elle aussi reprend le même mécanisme de runes que l'on doit dessiner à l'écran. Mais, il y a plus. On trouve désormais 3 styles de combats différents. Outre le classique Arme + bouclier + esquive, on compte également les armes lourdes et les armes doubles. Si vous décidez de porter deux armes, vous y gagnerez en vitesse et en esquive, avec en plus la possibilité de vous baisser, mais vous perdrez évidemment le bouclier, ce qui vous obligera soit à éviter les coups soit à les parer. Si au contraire vous optez pour une arme lourde, capable d'infliger des kilotonnes de dégâts, vous sacrifiez la vitesse et l'esquive au profit d'un blocage dans 3 directions qui ressemble à un mélange entre la parade et le bouclier. Un style assez délicat à appréhender tant il tranche avec le gameplay original mais qui peut s'avérer redoutablement efficace. A chacun de voir s'il désire se spécialiser ou passer d'un mode à l'autre selon son envie. La spécialisation passant dans Infinity Blade par l'achat d'équipement plus que par l'attribution des points d'XP. Vous ne serez ceci dit pas le seul à changer de style de combat. Les ennemis rencontrés dans le château sont bien plus variés qu'auparavant et non content de pouvoir, enfin certains, envoyer des sorts, ils attaquent de façon parfois particulièrement fourbe, feintant ou faisant usage de leurs jambes pour vous lancez de jolis coups de tatanes qu'il est souvent difficile de voir arriver et de ne pas prendre dans le heaume en acier.
Autre ajout qui vient compléter le combat et la progression du personnage : les gemmes. Il ne faut pas oublier qu'Infinity Blade est une sorte de RPG super allégé dans lequel le personnage gagne des niveaux, augmente ses caractéristiques et s'offre du beau matériel à chaque fois que sa réserve d'or le lui permet. A présent, on peut également modifier son équipement en collectant ou en achetant des gemmes magiques qui apportent un bonus de magie, d'armure, de santé, de collecte d'or et autres joyeusetés. Il suffit d'attribuer une gemme compatible à un objet et hop. Un petit plus qui permet d'enchanter ses armes notamment. Et notez d'ailleurs au passage qu'il est possible de collecter un sacré paquet d'éléments dans la boutique. De quoi pousser les collectionneurs compulsifs à passer un temps conséquent dans le jeu uniquement pour tout débloquer.
- Graphismes17/20
Plus grand, plus vaste, plus beau, mieux animé, Infinity Blade 2 s'impose, à l'image de son aîné, comme un étalon technique sur iOS.
- Jouabilité17/20
Tout en restant simple à appréhender, le système de combat s'est grandement enrichi, soit par l'ajout de petits détails (combos, fatigue) ou la présence de 3 styles différents et d'ennemis plus retors. Les multiples embranchements permettent de plus au principe de la boucle infinie de sembler moins redondant tout en conservant ce système à la "new game +"
- Durée de vie14/20
On peut, avec un timing en béton, battre les gardiens sans atteindre un niveau hyper élevé, mais on comptera 5 ou 6 heures de jeu en moyenne avant d'y parvenir. Avec de toute façon la possibilité pour les acharnés de fouiller encore et encore le donjon pour vider la boutique.
- Bande son16/20
Les thèmes symphoniques se font discrets mais assez présents pour marquer l'ambiance. Les chocs liés aux combats sont brutaux et sonnent haut et clair. Le langage fictif du premier épisode cède la place à de l'anglais sous-titré, question de goût.
- Scénario14/20
Cette suite se dote d'un scénario qui se découvre timidement au gré de vos renaissances. Sans être exceptionnel, il étoffe un peu l'univers et se montre capable d'intriguer le joueur.
Chair signe là une suite maîtrisée de son jeu, conscient qu'offrir le même contenu sous un nouvel habillage serait loin d'être suffisant. Le système de combat s'est enrichi avec l'ajout des styles, l'approfondissement des attaques ennemies ou le système de gemmes et l'environnement comprend assez d'embranchements pour que l'idée du cycle infini soit moins lassante. Ca ne convaincra pas ceux qui n'avaient pas été séduits la première fois, mais les amateurs de la première heure seront aux anges.