Si de nos jours beaucoup de FPS font plus appel à vos tendances contemplatives qu'à vos réflexes, ce ne fut pas toujours le cas. Et soyons clairs, ça ne le sera certainement pas avec ce retour attendu de Sam Stone dans un nouveau Serious Sam qui ne développera rien de plus chez vous que votre cerveau reptilien.
Quand l'humanité fait face à une horde d'aliens menée par l'infâme Mental, tous ses espoirs reposent sur un seul homme explorant le monde et le temps : Sam Stone. Ca, c'est ce qui s'est passé dans les épisodes précédents, aventure qui a débuté dans First Encounter où Croteam posait rapidement les règles simples de sa franchise : des vagues d'ennemis qui foncent vers le joueur, des gros packs d'équipement, des boss de plus en plus gigantesques et une bonne dose d'humour débile. Tout ça au sein d'environnements exotiques, Egypte ancienne, territoire Maya et même d'autres planètes. Pour ce nouvel épisode, le studio conserve la majeure partie de ses bases mais s'efforce tout de même d'apporter un peu de neuf. En premier lieu et comme l'indique son énigmatique sous-titre BFE (Before First Encounter), Serious Sam 3 se déroule avant les autres volets, peu après l'invasion de Mental et se passe donc sur Terre, notamment en milieu urbain pour une bonne partie, une première.
Serious Sam 3 ne cherche certainement pas à réinventer la roue, simplement à renouer avec le gameplay bien old-school qui consiste à jouer avec vos réflexes et à vous en faire baver un maximum. On retrouve donc les fondamentaux de la série, à commencer par sa galerie de monstres conçus par Mental lui-même, dont les emblématiques kamikazes décapités et leur incomparable cri perceptible au loin et synonyme de tracas. Mais vous ne couperez pas aux boeufs mutants, aux arachnoïdes adultes et leur mitrailleuse, pas plus qu'à un autre classique de la série : le Gnarl femelle. D'une manière générale, Serious Sam regorge de séquences qui sont du SS pur jus, des scènes dont on sort en sueur après avoir survécu tant bien que mal à l'assaut d'une centaine de créatures différentes, de celles qui vous foncent dessus pour vous péter à la tronche à ces foutus squelettes qui sautent partout en passant par les tireurs éloignés qui se chargent de vous canarder de loin. En somme, point de répit pour le joueur qui retrouve la joie de sauter à tout va, de tourner sur lui-même et de tirer sur tout ce qui se présente et surtout, au grand jamais, de ne pas se laisser encercler. Les habitués ne seront pas dépaysés par ces passages, mieux, ils vont même découvrir une nouveauté toute bête mais d'importance : la fumée qui se dégage des impacts et peut parfois complètement vous bloquer la vue. De quoi faire monter le stress quand on ne sait pas si une horde de quoi que ce soit ne va pas en sortir. Mais si Serious Sam 3 respecte ses canons, il essaie également de se renouveler.
Soucieux de faire avancer leur série, les développeurs ont ainsi modifié le rythme de progression en alternant les phases classiques avec des éléments plus modernes. Le résultat est assez inégal. Le plus foiré étant probablement le passage dans le musée, situé en début de campagne et vite évacué. Un niveau en intérieur, dans lequel la vitesse de déplacement est réduite et où on traverse une série de couloirs identiques. Heureusement, le reste s'en sort mieux et consiste en réalité à nous placer dans une situation assez inhabituelle pour la série : à couvert. Certains passages nécessitent en effet que l'on fasse un peu de ménage de loin en se planquant de temps en temps ou en tentant de contourner un peu l'ennemi, pour la bonne et simple raison que si on file à découvert, on se fait défoncer la gueule à coups de mitrailleuse et de shotgun. Le level design s'adapte évidemment à cette mécanique et prend une forme particulière. Les maps font presque penser à des cartes multijoueurs par moments. Une sorte de grande étendue composée de rues, de ruelles, de larges places, avec des sections bloquées tant qu'on n'a pas fait le ménage proprement. Un affrontement contre un hélicoptère illustre bien ce principe. Incapable de le descendre avec l'équipement déjà possédé, le joueur doit se débrouiller pour mettre la main sur son lance-roquettes planqué dans un coin. Et cela en évitant de se faire repérer par l'hélico et donc en progressant d'alcôve en alcôve. Ensuite, on se tatane avec ce mini-boss un peu où on le sent sur la map. Et il reste enfin à revenir là où on a trouvé l'arme pour passer à la section suivante. C'est assez déstabilisant, d'autant plus qu'il arrive... qu'on ne retrouve plus son chemin vers la sortie (et dans Serious Sam ça surprend). Bon, c'est rare, mais ça peut arriver si on a un peu trop tourné sur soi-même pendant un combat.
Cette façon d'alterner les rythmes permet à Serious Sam 3 d'éviter de paraître daté, en tout cas c'est sans doute la volonté de Croteam de donner au jeu des airs plus modernes. Malheureusement, toutes les séquences calmes ne sont pas égales, loin s'en faut et, finalement, on s'en passerait assez volontiers. D'autant qu'il laisse un peu trop de temps au joueur de constater que la construction des niveaux n'est pas follement inspirée. En quelques mots : tout se ressemble foutrement. Mêmes textures, mêmes objets, mêmes couloirs, en dehors du fait que les bonus de santé et d'armure sont remplacés par des cadavres, on a parfois du mal à savoir où on est passé ou pas. Heureusement que par la suite, avec le retour d'environnements plus fidèles à la série, cette vilaine impression disparaît. En somme la campagne solo prend quelques coups, mais tous les aspects traditionnels et typiques de la série ainsi que les répliques cinglantes de Sam en font malgré tout un très bon choix pour les amateurs de trips bien old-school qui n'ont pas des tonnes de choses à se mettre sous la dent.
En marge de son mode solo, Serious Sam 3 : BFE propose aussi pas mal d'options multi. A commencer par un mode coop à la hauteur de la démesure de la série puisque 16 joueurs peuvent s'y lancer afin de partager les joies de la campagne. Le bordel qui en résulte est difficilement descriptible, il faut imaginer 16 Sam, armés jusqu'aux ratiches et balançant tout ce qu'ils ont sur une palanquée de monstres. On ne se risquera peut-être pas à dire que la formule sera reprise, en tout cas, c'est vachement rigolo et plus accrocheur qu'on pourrait le penser au début. Un délire débile qui colle parfaitement à l'esprit de la franchise. Mais n'attendez pas du coop réfléchi, tout ça ressemble plus à un Team Deathmatch contre des bots monstrueusement résistants qu'à... ben qu'à n'importe quoi d'autre en fait. Toujours est-il que vous pouvez configurer pas mal d'options, dont le nombre de vies, du respawn illimité à du one shot. A côté de cela, Croteam a évidemment intégré un multi classique, avec son lot de matchs à mort en solo ou en équipe, de captures de drapeaux, de last man standing (et sa version en équipe), bref, un total de 9 modes qui vont tous piocher dans les classiques du FPS. Comme le reste, c'est efficace et bourrin.
- Graphismes13/20
Pas vraiment le point fort du jeu, le moteur 3D de Serious Sam 3 est daté, offrant le spectacle de textures pas folichonnes et de lumières maladroites. L'ajout d'un peu de physique est en tout cas un bon point, c'est toujours amusant de voir les palmiers voler en éclats quand un kamikaze explose à côté ou de se prendre le décor sur le nez contre un boss. Notez qu'en plus de diverses options de rendus (saturation des couleurs et presets), on trouve assez d'options graphiques pour ajuster finement le moteur.
- Jouabilité16/20
On fait difficilement plus simple à appréhender qu'un shooter à l'ancienne. Côté mécaniques, on retrouve essentiellement ce qui fait le charme de la série : on pose son cerveau et on défonce tout ce qui bouge en évitant de se faire encercler par un millier d'aliens. On aime. Les séquences "modernes" sont a contrario dispensables mais heureusement pas trop envahissantes.
- Durée de vie16/20
Assez variable selon le niveau de difficulté et votre propre dextérité. Comptez une dizaine d'heures en moyenne avec quelques passages assez chauds pour vous ralentir. Classique mais bien fourni, le mode multi remplit son contrat et le coop à 16 est assez fendart pour que vous y passiez quelques heures à faire le débile.
- Bande son15/20
Du gros metal qui tache avec des accents exotiques, comme d'habitude et toujours en parfaite adéquation avec ce qui se passe à l'écran et la montée en puissance de l'action. Les effets sont du même tonneau, brutaux et suréfficaces. Enfin, Sam nous gratifie toujours de quelques tirades bien senties, uniquement disponibles en anglais. Le point noir : les sous-titres ne sont pas intégralement traduits et une bonne moitié est toujours en anglais.
- Scénario/
En voulant moderniser son jeu, Croteam commet sans doute quelques boulettes. L'ajout de vagues composantes modernes dans la progression était superflu, conférant au solo un aspect un peu inégal, voire bancal. Toutefois, l'essentiel est toujours là et pour une quarantaine d'euros sur PC, on retrouve un gros gameplay bourrin et décérébré dans lequel le doigt ne quitte plus le clic gauche. En outre, le coop à 16 est un grand n'importe quoi original et franchement poilant, qui vient en soutien d'un multi classique mais bien fourni.