Développé par le studio français Casual Box, Age of Enigma est un titre qui pose problème dès le départ en nous présentant une héroïne, peu charismatique, dont on ne sait rien et dont on ne saura d'ailleurs pas plus durant les deux heures suivantes, temps qu'il faudra pour mettre un terme à l'aventure. Pour faire court, disons qu'une certaine Ashley se retrouve condamnée à aider six fantômes dans une maison abandonnée. Chaque spectre ne pourra trouver le repos tant qu'Ashley n'aura pas apaisé son esprit. Et c'est l'un des principaux points noirs du titre. Les fantômes semblent tout droit tirés d'un bal masqué. On trouve le guerrier inca, la fille japonaise façon The Ring, le pharaon égyptien, le pirate bourru et le vieil abbé. Nous garderons volontairement secrète l'identité du sixième fantôme, même si le scénario est cousu de fil jaune fluo et que l'on comprend tout ce qu'il se passe dès la première ligne de dialogue.

Que font donc ces fantômes issus d'époques et de lieux géographiques différents dans une même maison ? Là non plus, nous ne le saurons pas puisque le jeu ne fournit aucune explication. Ils sont juste là, et ont tous besoin d'Ashley pour faire leurs valises. A tour de rôle, Ashley ira donc explorer leurs mondes respectifs, ce qui permet dès lors de quitter la maison pour voyager un coup en Amérique du Sud, un coup en Egypte, un coup au Japon, etc. Cependant, n'allez pas croire que le titre soit une grande fresque spatio-temporelle, puisqu'en réalité chaque destination se résume à une poignée d'écrans différents. Entre 3 ou 4 pour la plupart. Extrêmement varié dans ses ambiances, Age of Enigma est surtout très décousu au point que le titre peine à se forger une identité propre. On passe en un clin d'œil d'un décor à l'autre, sans prendre le temps ni de s'attacher aux personnages et encore moins de vraiment comprendre les enjeux de chaque situation. Et puis le décalage constant entre les thèmes abordés (meurtres, sacrifices humains, possession démoniaque) et la direction artistique colorée, presque cartoon dans certains mondes (le monde des pirates), ne permet pas de s'impliquer une seule seconde dans l'aventure.

Ce décalage se ressent également au niveau des énigmes. Tandis qu'Age of Enigma tente (hélas en vain) de nous plonger dans une ambiance sombre et inquiétante, il propose aussi des énigmes et des mini-jeux d'une facilité surprenante. Entre un jeu de mémoire, un jeu d'observation, une équation mathématiques à résoudre ou même une partie de mikado géant, on ne peut pas dire que la progression nous fasse réellement réfléchir. Trop souvent, le jeu joue la carte de la facilité en recyclant ses puzzles (deux problèmes de maths, et trois ou quatre fois le même jeu de memory...) ou en multipliant les phases d'objets cachés du genre trouver trois morceaux d'un même bâton ou encore trouver des ailes de papillons parce que bon, un spectre en a envie. Bref, l'aspect réflexion est très léger dans Age of Enigma et laisse constamment sur sa faim l'amateur du genre.

Résumons. Entre des énigmes pauvres et ennuyeuses à la portée de tous (à part l'énigme pour matheux, c'est vrai), et un scénario mal fichu, voire complètement transparent, qui aborde maladroitement des thèmes morbides et démoniaques, la sauce ne prend tout simplement pas. Une pointe d'optimise dans ce petit désastre, Age of Enigma est servi par une réalisation correcte autant graphique que sonore. C'est déjà ça.