Cette énième présentation arlésienne du titre prit une tournure des plus intéressantes lorsque l'on a appris que l'on allait pouvoir mettre enfin les mains sur le clavier pour découvrir par nous-mêmes si celui-ci risque ou non de tenir ses promesses. Parce que l'on a beau écouter attentivement toutes les conférences, se pencher sur tous les PowerPoints voire assister à des démonstrations, il est assez difficile de se rendre compte de la potentielle prise de mayonnaise tant que l'on n'y a pas joué. Surtout lorsqu'il s'agit d'un titre au postulat aussi ambitieux, dont le cahier des charges fourmille de bonnes idées. Allant de l'abstraction de système de classes et de niveaux en passant par la présence d'un scénario profond mêlant guerre secrète, légendes urbaines et complot généralisé, sans oublier la juxtaposition de types de gameplay qui de prime abord paraissent antinomiques, The Secret World intrigue et c'est peu dire. Curieux, haletant, ou complètement hystérique, vous n'en pouvez certainement plus ! Alors plongeons-nous sans plus attendre dans la retranscription de nos impressions de jeu...

La plus grosse partie de la session de jeu à laquelle nous avons pu prendre part se déroulait dans la ville côtière de Kingsmouth, récemment envahie par des cohortes de zombies. Mais avant d'en arriver là, il a fallu créer son personnage. Dans The Secret World, les habits que porteront votre avatar n'auront qu'une importance cosmétique. Comme le jeu se déroule dans un univers fantaisiste, mais contemporain, les développeurs ont jugé qu'il serait ridicule de voir les personnages se balader en armure pour être plus résistants aux coups portés par les monstres. Toutes les compétences de son personnage seront à débloquer puis à sélectionner pour arriver à un set de sept pouvoirs actifs et autant de passifs. Notez au passage que pour une question de fluidité, notre héros choisit automatiquement une arme parmi les deux équipées en fonction du pouvoir déclenché. Après avoir déterminé son sexe (les autres options de création étant inaccessibles dans cette version), nous nous sommes lancés dans l'aventure. Parmi les trois groupes, nous avons pu jouer un Templier (les deux autres étant les Dragons et les Illuminati).

Au début du jeu, notre personnage vit un flash-back. Il se remémore une attaque terroriste à Tokyo qui aurait précipité le monde dans un invraisemblable chaos. Pour qui, pour quoi, tout ceci semble très mystérieux. On retrouve notre héros assis dans son appartement, alors qu'une femme vient nous recruter pour faire partie de la société secrète des templiers. On voyage alors à Londres pour découvrir le quartier général de cette faction. Avant d'arriver à bon port, notre personnage est victime d'un malaise en écoutant un prédicateur de rue. Pour être tout à fait honnête, ce début de jeu nous a laissés pour le moins circonspects. L'enchaînement des lieux et événements auxquels on est totalement étranger est certainement pensé pour mettre en place un climat de mystère, mais en l'état, le jeu a perdu notre attention au bout de quelques minutes. Il faut dire que pour augmenter l'identification du joueur à son avatar, ce dernier est dénué de faculté de parole. Un choix compréhensible, mais qui rend d'autant plus difficile l'immersion dans un univers « crédible » puisque notre personnage assiste béatement à des monologues tout le long du jeu dès lors que l'on s'adresse directement à lui.

Une fois au quartier général des Templiers, bâtisse imposante avec deux gardes affublés de chasubles par porte (pas mal pour une société secrète), on est accueilli par le maître des lieux qui nous invite à passer dans la pièce voisine pour y choisir une arme de prédilection. Pour la première fois, nous avons été saisis par l'ambiance du jeu. La musique d'opéra qui se faisait entendre n'y était certainement pas étrangère. Une fois notre arme (pistolets, mitraillette ou encore pouvoir magique) sélectionnée, nous avons accepté notre première affectation : Kingsmouth. Pour s'y rendre, nous avons dû passer par la station de métro. Là, au détour d'un couloir, un chef de gare nous a intimé de franchir un portail dimensionnel. Ce dernier nous téléporta dans un univers parallèle fait de gigantesques branches d'arbres et servant de hub reliant toutes les destinations. L'univers contemporain et les légendes urbaines se basent sur des faits certes paranormaux, mais dans un univers crédible puisqu'il s'agit de celui dans lequel nous évoluons, cette partie du jeu nous a paru assez étrange.

Fraîchement arrivés dans la petite bourgade américaine de Kingsmouth, divers personnages non joueurs nous ont confié des missions. Il y aura trois types de missions dans le jeu. Celles qui font avancer l'intrigue et donc communes aux trois factions. Les missions principales et enfin les missions secondaires. Après avoir éliminé quelques zombies autour du poste de police dans une sorte de remake de Left for Dead à la troisième personne, les premiers objets ramassés nous ont permis de découvrir le système des chakras. Il s'agit ni plus ni moins de runes que l'on dispose sur une représentation de soi et conférant divers bonus. Bonus de dégâts, de vie, de régénération de vie etc., il y en a pour tous les goûts. Dans la version que nous avons essayée, toutes les runes arboraient d'obscures symboles et il était particulièrement ardu de savoir laquelle était destinée à la tête ou à une autre partie du corps. Le fait que les mêmes types de bonus puissent être affectés à des emplacements différents ajoute à la confusion, mais laisse entrevoir des possibilités d'optimisation assez poussées (afin de peaufiner son set de tank ou de soigneur par exemple).

Une fois les quelques missions d'annihilation de monstres terminées, nous avons pu essayer d'autres quêtes plus axées sur la recherche et la gamberge. A part l'investigation décrite dans un précédent article, nous avons pu essayer une quête où il nous fallait récupérer des caméras de surveillance défectueuses sur les bâtiments afin de les réparer. Selon le développeur qui nous guidait lors de notre session de jeu, l'accomplissement de cette quête aurait des répercussions plus tard dans l'aventure. Une autre mission se proposait de nous envoyer parcourir la ville à la recherche de pages perdues d'un ouvrage. Malheureusement, le manque de visibilité des dites feuilles ne nous a pas vraiment permis d'apprécier cette partie du jeu. Enfin, sachez que le titre devrait aussi proposer des missions d'infiltration instanciées avec au menu de l'esquive de caméras et autres franchissements de zones protégées par des lasers...

La fin de la journée a été l'occasion d'essayer une partie PvP. Il s'agissait d'un mode de capture de reliques, opposant les trois factions. Sur une carte inspirée par les temples mayas, une quarantaine de joueurs se sont donc écharpés joyeusement pour tenter de garder la possession des trois ou quatre reliques le plus longtemps possible afin de marquer des points. Contrairement aux champs de bataille de World of Warcraft, il sera très difficile de remporter la victoire dans ce jeu sans communication au sein de son équipe. La partie a vite tourné à l'avantage d'une faction, les deux autres se mettant sur le coin du museau avant même d'atteindre la zone où s'était retranchée la troisième. Il faut dire que le point de réapparition de tous les joueurs étant situé au beau milieu de la carte, arriver à faire plus de quelques mètres pour s'organiser avec ses camarades était particulièrement ardu. Gageons que les développeurs rendent ce mode plus appréciable dans les quelques mois nous séparant du lancement du titre.