Si le scénario des versions PS3, 360 et PC de The Run ne vole déjà pas bien haut, celui proposé sur Wii n'est pas plus emballant. Mais en réalité, ce n'est pas tant le manque d'inspiration de la trame principale qui nous choque que sa réalisation façon bande dessinée. Plutôt que d'imaginer de nouvelles cinématiques retraçant l'histoire de Matt, les petits gars de Firebrand se sont contentés de simples vignettes, certes plutôt bien doublées, mais qui donnent l'impression de mal s'inspirer de Michel Vaillant. Bref, tout le côté mise en scène et grand spectacle en prend un coup, d'autant que la plastique du jeu n'est déjà pas des plus sexy. Peu importe, The Run comporte pas mal de similitudes avec l'opus HD, à savoir que Matt doit lui aussi participer à la course démarrant au bord du Pacifique pour terminer tout près de l'Atlantique, une épreuve qui traverse les Etats-Unis de part en part, de San Francisco à New York. Accompagné d'une belle inconnue visiblement très au courant de son C.V., Matt n'a qu'un but : remonter un à un les 200 autres participants et empocher le million de dollars promis au vainqueur...

Si les QTE ne sont utilisés que très ponctuellement pour dynamiser des cinématiques sur machines HD, celles-ci s'invitent carrément in-game sur Wii ! Et si nous commençons par cet aspect, c'est parce qu'il est particulièrement intrusif et modifie assez considérablement l'expérience de jeu. Au lieu de travailler sur l'IA, au lieu de soigner le level design, les développeurs ont préféré multiplier les événements scriptés qui nécessitent d'appuyer sur telle ou telle touche pour être dépassés. Par exemple, lorsqu'un barrage de police se présente à vous, la caméra zoome sur le nez de votre bolide et on vous demande de trouver l'ouverture durant un bullet time assez bref et peu permissif. On entre alors dans une logique de progression par l'échec, comme lorsque des rochers déboulent sur la route et qu'il faut les éviter alors même que l'écran est à moitié masqué par un message d'aide ! Autre exemple, vous arrivez au bout d'une voie rapide qui trouve sa fin dans un précipice et vous n'avez qu'un très court instant pour réaliser le QTE adéquat, faute de quoi votre voiture termine sa course au fond du ravin... Les duels face aux autres pilotes se règlent également à grands coups de QTE, la caméra se chargeant d'assurer la mise en scène pendant que vous vous acharnez à précipiter l'adversaire dans le fossé... Bref, tout ceci est bien mignon mais sert avant tout à dissimuler une évidence : le gameplay de Need for Speed : The Run est d'une pauvreté affligeante.

En effet, Wii ou pas Wii, Wiimote ou manette classique, on ne nous fera pas avaler qu'il n'est pas possible d'aller plus loin en termes de prise en main. Impression de vitesse médiocre, sensations insignifiantes, IA façon Mario Kart, direction capricieuse, drift à peine contrôlable... Seule l'IA de la police semble tirer son épingle du jeu puisque très agressive. Mais le run dans son ensemble n'est franchement pas exaltant, d'autant que les routes sont rectilignes la majeure partie du temps ! Bref, le solo ne convainc pas dans la mesure où les courses manquent de variété et d'originalité malgré les fameux QTE. Le multijoueur n'est pas plus concluant puisque borné à un mode en écran splitté qui peut accueillir jusqu'à 4 joueurs. Le Online brille de son côté par son absence. Il suffit d'ailleurs de glisser la galette dans le lecteur et d'atterrir dans un pseudo menu principal en 3D pour deviner la médiocrité du contenu. Comme si l'on essayait de nous décourager dès les premiers instants...