Vous vous en êtes certainement déjà aperçu, Capcom est passé maître dans l'art de faire fructifier ses licences prestigieuses. En effet, l'éditeur n'hésite jamais à décliner ses meilleurs produits en une ribambelle de versions toutes plus alléchantes les unes que les autres. Les uns critiqueront le procédé en dénonçant un recyclage éhonté, les autres mordront avec enthousiasme à l'hameçon en faisant remarquer fort justement qu'il n'y a pas de raison de se priver tant que le plaisir de jeu est au rendez-vous. Il faut reconnaître que la politique de Capcom en la matière peut paraître un brin excessive : le troisième opus des Marvel vs. Capcom est sorti en février dernier et une nouvelle version du jeu vient déjà bousculer son aîné sur les rayonnages des magasins. Cette édition Ultimate aurait bien pu être la goutte de trop qui finit par exaspérer les fans de jeux de baston, mais il faut pourtant reconnaître qu'il s'agit bel et bien d'un épisode peaufiné qui mérite amplement le coup d'œil.

Commençons par préciser que cette version améliorée est proposée d'emblée à moins d'une quarantaine d'euros. Ceux qui ont déjà craqué en février dernier auront tout de même du mal à digérer la douloureuse, mais les autres trouveront un excellent jeu à un prix raisonnable. Mais qu'apporte donc cette nouvelle version pour justifier une telle réédition ? On retrouve sans surprise exactement le même gameplay que le titre original : il s'agit toujours de voir deux équipes de trois combattants s'affronter dans des duels endiablés aussi nerveux que colorés. Le jeu est particulièrement accessible : les combos, les coups spéciaux et les hyper sortent facilement. Vous pouvez bien entendu toujours inviter vos deux autres collègues à venir vous donner un coup de main sur le ring ou activer le Facteur X pour profiter d'un regain de force et de vitalité. Bref, ceux qui ont déjà touché à Marvel vs Capcom 3 seront globalement en terrain connu mais ils ne sont pas pour autant à l'abri des surprises. En effet, les petits gars de chez Capcom ont peaufiné l'équilibrage des personnages. Comprenez par là qu'ils ont calmé les ardeurs des combattants les plus abusés et qu'ils ont avantagé ceux qui étaient régulièrement boudés par les joueurs. On se retrouve donc au final avec un casting bien plus équilibré qui vous permettra réellement de vous amuser quels que soient vos personnages de prédilection.

On remarque d'ailleurs que ce fameux casting a pris de l'embonpoint pour l'occasion : on passe tout simplement de 36 personnages jouables à 48. La liste des nouveaux venus a tout de même de quoi laisser perplexe puisqu'elle mélange allègrement de véritables stars des jeux vidéo ou des comics à des combattants totalement inconnus. Du côté de chez Capcom, on assiste ainsi avec plaisir au retour de Strider Hiryu qui n'a rien perdu de sa classe ni de sa rapidité. On retrouve aussi pêle-mêle Vergil, le frère jumeau de Dante, Firebrand, la gargouille de Ghosts'n Goblins, Franck West et sa cohorte de zombies, et encore Nemesis T-Type, un méchant infecté doté d'un lance-roquettes venu tout droit des Resident Evil. Le dernier représentant de chez Capcom n'est autre que Phoenix Wright qui prend du coup la place tant convoitée de combattant le plus étrange à manier de tout le casting. Ses coups spéciaux sont pour le moins surprenants puisqu'il s'agit de glisser sur des peaux de bananes, d'envoyer son assistante sur l'ennemi ou de lui balancer des liasses de paperasse au visage. Les choses deviennent encore plus surprenantes lorsqu'il s'agit de fouiller le sol pour mettre la main sur des indices divers et variés. Vous pouvez ensuite utiliser les objets récupérés pour lancer des attaques énergétiques. La manœuvre n'est pas évidente à sortir en combat et comporte un aspect trop aléatoire pour plaire aux joueurs sérieux, mais elle ravira sans aucun doute ceux qui veulent apporter un peu de fantaisie à leurs affrontements.

Les apports sont un peu moins alléchants côté Marvel. En effet, il n'est pas certain que l'apparition de Docteur Strange, d'Oeil de Faucon, d'Iron Fist ou de Nova évoque grand-chose à ceux qui ne sont pas fans de comics. Que dire alors de Rocket Raccoon, un raton laveur armé jusqu'aux dents qu'on a bien du mal à situer dans l'univers Marvel. Finalement, seul Ghost Rider se démarque un peu de cette clique de seconds couteaux. Le motard des enfers a non seulement la classe, mais il est aussi particulièrement jouissif à manier : ses chaînes peuvent aller débusquer un adversaire un peu trop fuyant tandis que ses attaques enflammées crament ceux qui osent s'approcher. Les nouveautés ne concernent pas seulement le casting, vous aurez aussi le plaisir de découvrir 8 stages inédits. Malheureusement, une bonne partie d'entre eux constitue seulement des versions alternatives d'environnements existants. Les fans de Marvel oublieront bien vite cet affront en découvrant le stage consacré au futur alternatif d'où est issue Rachel Summers... Notez au passage qu'il est aussi possible de débloquer un mode Arcade bonus dans lequel vous incarnez Galactus en personne. L'idée est originale mais l'impression de vous battre contre une armée de fourmis vous poussera à tourner rapidement la page. Dernier petit ajout de cette édition Ultimate, vous pouvez désormais assister en tant que spectateur aux parties des autres joueurs sur le Net... on aurait sans aucun doute préféré un système de replay un peu plus flexible. Bref, toutes ces nouveautés sont bien sympathiques et viennent incontestablement enrichir un titre qui était déjà exceptionnel, mais elles ne suffisent pas à justifier l'achat de cette version pour ceux qui posséderaient déjà le jeu original.