Mieux vaut tard que jamais. Avec plus d'un an de retard sur la version Xbox 360, Castlevania : Harmony of Despair arrive enfin sur le Playstation Store, avec, en prime, les premiers DLC inclus dans le jeu de base. Pour la première fois dans la série, les fans vont pouvoir se retrouver dans une même partie pour fouetter les zombies en coopération. Une perspective véritablement alléchante sur le papier, mais qui réserve tout de même quelques déceptions.
Réalisé à la manière des épisodes post-Symphony of the Night, Castlevania : Harmony of Despair nous lâche dans des environnements en 2D labyrinthiques que l'on peut explorer dans tous les sens seul ou jusqu'à six joueurs online. Contrairement à la mouture 360, la version PS3 est également jouable jusqu'à quatre participants en local. Ce n'est d'ailleurs pas la seule bonne surprise puisque le titre inclut, de base, certains éléments qui n'étaient disponibles que via des DLC sur la console de Microsoft. On y trouve notamment 7 personnages jouables au lieu de 5, Julius Belmont et Yoko Belnades venant rejoindre Soma Cruz, Alucard, Jonathan Morris, Shanoa et Charlotte Aulin pour notre plus grand plaisir. En revanche, il vous faudra débourser 2 euros pour chacun des autres personnages proposés en téléchargement sur le Store, à savoir Simon et Richter Belmont, tous deux adoptant leur sprite d'époque bien rétro. Notez que les Belmont se démarquent essentiellement par leur capacité spéciale : Julius peut ainsi s'accrocher aux prises avec son fouet, tandis que Richter est capable d'effectuer un coup de pied retourné, tous les Belmont ayant accès aux armes secondaires telles que la hache, la croix, la bible, le couteau et l'eau bénite.
Côté maps, on se retrouve avec 7 niveaux au lieu de 6, sachant que les chapitres 2 à 6 sont à débloquer au fil de la progression et que la septième map est accessible dès le départ. Il s'agit du niveau « Beauté, désir, situation affreuse » qui n'est autre que la pyramide de Castlevania : Portrait of Ruin gardée par le boss Ashtarte. A l'heure où sont écrites ces lignes, deux autres maps sont téléchargeables au prix de 4 euros pièce sur le Store. Le niveau 8, « Celui qui était plusieurs », est reconstitué à partir de la section souterraine de Castlevania : Symphony of the Night et nous oppose au boss Legion. Quant au niveau 9, « Seigneur des mouches », il reprend la section terrestre de Castlevania : Symphony of the Night et nous oppose à Beelzebub. Autant dire qu'à 15 euros le jeu de base, la note devient vite très salée lorsqu'on rajoute les personnages supplémentaires à 2 euros, les maps à 4 euros et les packs musicaux à 2 euros. D'autant que d'autres DLC du même style sont à venir.
Destiné exclusivement aux inconditionnels de Castlevania, Harmony of Despair regorge de références aux précédents volets de la série et ne comporte finalement que peu d'éléments véritablement nouveaux, si l'on met de côté son concept même. Les environnements, le bestiaire, les boss, les personnages et même les techniques utilisées ont un air de déjà-vu qui confère au titre un caractère nostalgique qui est loin d'être désagréable. On pourra dire la même chose des graphismes en 2D qui pixelisent à l'excès, assumant sans aucune honte leur origine rétro, ce qui ne manquera pas de diviser les fans old-school et les néophytes insensibles au pixel-art. Le fait est que les maps de Castlevania : Harmony of Despair, même si elles sont visuellement dépassées, ne manqueront pas de fasciner ceux qui bavaient jadis devant les plans complets d'un titre 16-bits composés de dizaines d'écrans de jeu mis bout à bout. On peut en effet afficher l'intégralité d'un donjon avec le niveau de zoom minimum, ce qui permet de garder un oeil vigilant sur tout ce qui se passe à l'écran et de savoir ce que font les autres joueurs à n'importe quel moment de la partie. Le niveau de zoom intermédiaire offre un compromis idéal entre les deux autres vues, la caméra rapprochée restant néanmoins la plus jouable et la plus proche de celle des épisodes habituels en 2D.
Si l'on met de côté le mode survie où les joueurs en mal de PvP peuvent régler leurs comptes en huis clos, l'intérêt de Castlevania : Harmony of Despair réside dans son mode coopératif. Le solo n'est là que pour vous permettre de vous familiariser avec le système de jeu et les subtilités qui régissent chacun des donjons à l'abri des regards indiscrets. Si l'objectif reste le même qu'en multijoueur, on s'y ennuie d'autant plus rapidement que les mécanismes les plus utiles ne peuvent généralement être activés qu'avec l'aide de coéquipiers. Autrement dit, vous serez obligé de recourir systématiquement à la méthode la plus basique et la plus longue pour atteindre le boss, alors qu'il existe généralement bon nombre de raccourcis et d'astuces permettant de valider chacune des maps assez rapidement. Sachant que vous n'avez que 30 minutes pour terrasser votre ennemi, mieux vaut donc laisser de côté le solo pour tenter l'aventure à plusieurs. Online, le soft prend d'ailleurs toute sa dimension et transcende complètement l'expérience de jeu. Se retrouver à courir comme un damné au milieu d'un groupe de chasseurs de vampires dont les noms sont inscrits dans la légende a quelque chose de réellement grisant !
Les personnages jouables retenus dans Castlevania : Harmony of Despair n'ont pas la possibilité de gagner des niveaux d'expérience, mais ils peuvent tous développer leurs capacités au fil du jeu. Les méthodes permettant d'optimiser les talents de chacun sont assez variées et inégales, mais elles ont toutes en commun une certaine lenteur qui surprendra les habitués. On peut en effet passer plusieurs heures sans rien obtenir d'autre que des objets ou des pièces d'équipement. Les ennemis susceptibles de vous abandonner leurs pouvoirs sont peu nombreux et on se rend compte, au final, que les personnages ne peuvent employer qu'une fraction du potentiel qui était le leur dans les épisodes qui leur étaient dédiés. Chaque partie, même perdue, vous laissera tout de même le droit de conserver tout ce que vous avez pu trouver en chemin (pouvoirs, objets, argent), pour vous permettre d'optimiser l'équipement de votre héros entre chaque session de jeu. A ce propos, on peut regretter qu'il soit impossible d'accéder au sous-menu en cours de partie, à moins de s'arrêter près des bornes prévues à cet effet. A l'inverse, la plupart des pièces d'équipement sont communes aux différents personnages, ce qui limite un petit peu les frais au moment de passer en caisse.
D'une manière générale, le soft se révèle assez déroutant au premier abord car les seules explications que vous trouverez concernant le système de jeu se résument à quelques pages d'aide peu explicites. Vous devrez donc tâtonner un peu pour saisir toutes les subtilités propres au maniement de chaque personnage. Soma Cruz, vu dans Aria of Sorrow (GBA) et Dawn of Sorrow (DS), récupère, de façon assez aléatoire, les âmes des ennemis vaincus pour s'en servir ensuite comme pouvoirs offensifs et défensifs. Il peut manier un grand nombre d'armes, à l'instar d'Alucard, issu de Symphony of the Night (Playstation, Saturn). Le fils de Dracula doit, en revanche, attendre de dénicher des rouleaux de sorcellerie dans certains coffres pour développer sa maîtrise de la magie noire. Jonathan Morris, l'un des deux héros de Portrait of Ruin (DS), détient le fameux Vampire Killer, le fouet légendaire transmis de génération en génération au sein de la famille Belmont. C'est en recourant à ses armes secondaires (haches, couteaux, grenades, avions en papier...) qu'il augmente son potentiel offensif au fil du jeu, en plus des techniques de combat qu'il acquiert en trouvant des parchemins d'arts martiaux. Sa partenaire de Portrait of Ruin (DS), Charlotte Aulin, doit attendre qu'un adversaire l'attaque à distance pour sceller les sortilèges ou les projectiles utilisés dans un grimoire qui constitue sa seule arme. Enfin, Shanoa, l'héroïne de Order of Ecclesia (DS), ne peut optimiser sa panoplie de sorts qu'en absorbant les glyphes des ennemis qui daignent recourir à de puissantes magies. Elle est la seule, avec Julius, à pouvoir s'accrocher aux prises spéciales permettant de se projeter dans les airs à l'aide de la compétence Magnes.
En ligne, chacun est libre de contrôler le personnage qui lui sied le mieux. Le chat vocal est autorisé pour compléter les quelques répliques utilisables en cours de partie, mais il n'est pas toujours évident de savoir ce que ses coéquipiers ont l'intention de faire. Deux joueurs peuvent également synchroniser leurs attaques pour exécuter un double combo dévastateur. Pour faciliter l'entraide, le jeu autorise les survivants à ressusciter leurs compagnons en dénichant de l'eau de vie, sans quoi le défunt doit terminer la partie sous forme de squelette auréolé. Des joueurs connaissant bien une map peuvent s'organiser pour activer certains mécanismes vicieux. L'hôte détermine le donjon et le niveau de difficulté, mais les membres du groupe peuvent lui soumettre les maps qu'ils souhaitent faire en priorité. Après quelques parties online, on se demande quand même si le plaisir de jeu ne risque pas de s'estomper un peu vite à force de refaire sans arrêt les mêmes tableaux. L'obtention de tous les objets du jeu et l'acquisition de l'ensemble des techniques propres à chaque personnage ne se font certes pas en quelques heures, mais est-ce suffisant pour motiver le joueur sur le long terme ? Et quitte à proposer un mode solo, pourquoi ne pas avoir cherché à offrir quelque chose de vraiment complémentaire au online ? Pour 15 euros, l'expérience offerte par Castlevania : Harmony of Despair est donc en-deçà de ce qu'on espérait, mais c'est un prix que n'hésiteront pas à payer les fans de la saga pour pouvoir partager leur passion avec d'autres en multijoueur.
- Graphismes13/20
Que l'on soit sensible ou non aux graphismes en 2D, il est clair que le design gothique ne compense pas la faiblesse de la réalisation, même si son côté rétro est entièrement assumé. Si l'on joue presque exclusivement en vue rapprochée, les deux autres perspectives sont indispensables pour garder un oeil sur tout ce qui se passe à l'écran.
- Jouabilité14/20
Déroutant de prime abord, le système de jeu regorge de subtilités qui ne sont pas suffisamment expliquées dans le soft. La manière dont on peut faire évoluer les capacités des personnages diffère considérablement de l'un à l'autre et s'avère souvent laborieuse. Côté gameplay, on regrette que les protagonistes ne disposent pas de tout ce qui faisait leur force dans les jeux desquels ils sont issus.
- Durée de vie14/20
Les maps 2 à 6 pouvant être débloquées aussi bien en solo qu'en multijoueur, on en fait le tour assez rapidement. En revanche, il faut du temps pour optimiser les talents de tous les personnages. Seuls les amateurs de scoring accepteront de refaire sans arrêt les mêmes niveaux en ligne sans se lasser au bout de quelques heures. La septième map est incluse en bonus sur PS3, mais les autres sont téléchargeables pour 4 euros pièce. Quant aux personnages bonus, ils coûtent chacun 2 euros, hormis Julius Belmont et Yoko Belnades qui sont offerts.
- Bande son12/20
Les musiques survitaminées ne sont pas étrangères à la poussée d'adrénaline qu'on peut ressentir lors des parties online. Dommage qu'elles soient si peu nombreuses et qu'il faille recourir à une manip pour avoir les voix japonaises.
- Scénario/
Pour son entrée en scène tardive sur PS3, Castlevania : Harmony of Despair arrive avec un contenu légèrement revu à la hausse mais toujours pas exhaustif puisque seuls une map bonus et deux personnages supplémentaires sont inclus par défaut. En plus des parties online à 6 joueurs, le coop en local est désormais autorisé jusqu'à 4 participants et l'expérience de jeu est toujours aussi savoureuse en ligne. Malgré tout, l'évolution des personnages s'avère laborieuse et ne motive pas forcément à refaire continuellement les mêmes niveaux. Pour les fans, le titre mérite incontestablement le coup d'oeil, mais cela vaut-il 15 euros ? A vous de trancher, d'autant que le prix des DLC est réellement abusé.