Alors que les simulations sportives se cantonnent souvent à des sports surreprésentés tels le foot, le basket ou les arts martiaux, Infogrames décide de donner sa chance à une discipline nouvelle dans le monde vidéoludique : l'alpinisme. Pour cela, le studio a fait appel à un grand nom de la discipline, Eric Escoffier, afin d'offrir une expérience aussi unique que réaliste. Accrochez-vous bien à vos crampons, l'ascension démarre !
Après une première tentative de simulation sportive atypique qui permettait aux joueurs de faire du ski nautique, Infogrames remet le couvert et prend de la hauteur avec une nouvelle simulation basée cette fois sur l'alpinisme. Cette discipline consiste à escalader des monts enneigés ou rocailleux afin d'en atteindre le sommet à l'issue d'un long et périlleux trek. Afin de s'assurer une retranscription correcte de ce sport, le studio s'est appuyé sur l'expérience d'Eric Escoffier, alpiniste confirmé ayant parcouru de nombreux sommets tels les Alpes et l'Himalaya. Eric Escoffier nous a malheureusement quitté lors d'un accident de montagne survenu en 1998.
Le jeu se déroule dans le massif alpin où vous pourrez parcourir 7 itinéraires de difficultés variables. Au lancement du jeu, vous devrez tout d'abord choisir le nombre de courses que vous voulez effectuer successivement, le maximum étant de 3. Puis, viendra le choix des voies que vous souhaitez emprunter, une fenêtre vous indiquera alors le niveau de difficulté ainsi que le temps nécessaire à leurs ascensions. En scrutant les différentes montagnes, vous aurez un aperçu des passages qui vous attendent : neiges, roches, glacier. Cet aspect est particulièrement important car il conditionne la préparation de votre sac à dos.
Car simulation oblige, ne croyez pas que vous partirez à l'assaut de ces sommets mythiques avec seulement vos trois piolets et votre baudrier qui constituent votre équipement de base. Une fois votre itinéraire défini, il vous faudra choisir votre matériel parmi 90 objets différents (!) allant des incontournables (mousquetons, cordes, broches, hamacs, nourritures, habits, etc.) aux plus futiles (baladeur, fer à repasser, enclume, pistolet, etc.) qu'il faudra choisir judicieusement afin de ne pas trop alourdir votre sac. En effet, plus celui-ci sera lourd, plus votre grimpeur se fatiguera vite, et plus votre escalade se compliquera. Sachez également que certains objets nécessitent des accessoires pour pouvoir être utilisé. Par exemple, il serait vain de vouloir s'assurer avec une corde sans prendre des broches ou autres coinceurs pour la relier à la paroi. La préparation du sac à dos constitue donc une étape fondamentale du jeu car tout oubli ne pourra pas être corrigé une fois la course lancée et pourra même vous être fatal.
Afin d'aider les néophytes, le soft génère un sac pré-rempli en fonction de l'ascension choisie et qui contient les éléments de base. Néanmoins, l'équipement fourni est souvent un peu trop restrictif et complique au final l'escalade. Il est donc conseillé de se plonger dans la notice qui explique les rudiments de cette discipline afin de composer vous-même votre sac à dos. Notez enfin, que le jeu prend en compte l'ordre de choix des équipements, les derniers choisis étant les premiers accessibles. Ne placez donc pas au fond de votre sac des objets importants.
Une fois équipé, il ne vous reste plus qu'à définir l'heure de départ et la saison (été ou hiver). Ces choix ne sont pas anodins car le soft intègre les conditions de météo réelles (froid, chaleur, obscurité, vent, chute de neige, etc.) qui affecteront les conditions physiques de votre grimpeur mais aussi celles de la neige. Alors que le froid rendra la neige plus solide réduisant ainsi le risque de tomber dans une crevasse, la chaleur la rendra moins glissante et plus tendre. Autant dire, qu'il faudra encore faire preuve de stratégie même si un grimpeur expérimenté pourra gravir les sommets à n'importe quelle heure.
Passez cette phase de préparation, vous voilà lancé sur les pistes d'approches menant à la falaise. L'écran est alors scindé en deux parties, une où vous évoluez avec votre grimpeur, et une où des éléments d'interface apparaissent. Ces derniers vous donnent des informations très utiles sur votre environnement. Par exemple, une fenêtre zoome sur vos lunettes de soleil où se reflète le paysage de l'écran suivant. Cette donnée fort utile vous permet d'anticiper et de vous préparer en fonction de la paroi que vous allez devoir escalader. D'autres informations viennent se greffer et concernent l'avancée de votre ascension (altitude, température, heure, distance restant à parcourir). Enfin, un dernier paramètre vous sera salutaire, il s'agit des diverses expressions de votre personnage qui apparaîtront au-dessus de votre altimètre. Allant du simple grelottement, à un début d'endormissement en passant par d'autres mimiques animées, vous devrez y être très attentif car cela indique que l'état physique de votre grimpeur se dégrade et nécessite une action de votre part pour y remédier. Sans quoi, vous serez conduit à une mort certaine.
Bivouac intègre quatre types d'environnement : les plateaux enneigés que l'on parcourt en marchant et en essayant d'éviter les crevasses en tâtant le sol avec son piolet, les crevasses desquelles on peut se sortir au bout d'un ou deux écrans d'escalade et les parois enneigées ou rocailleuses d'où il faudra veiller à ne pas tomber ou se faire assommer par une chute pierre. Sur le plat, la prise en main est plutôt inhabituelle puisque vous devrez alterner les directions gauche et droite afin d'enclencher chaque pas votre personnage. Même si cela pourrait s'avérer être une erreur de conception, il s'agit en fait de faire ressentir au joueur la difficulté d'évoluer sur de la neige. Heureusement, il est possible d'avancer en faisant sauter le grimpeur avec simplement la direction « haut ».
En outre, gravir les parois enneigées ne pose aucun problème, puisqu'il suffit de planter ses piolets puis ses crampons et de monter d'un cran avec le bouton tir. A l'inverse, les phases d'escalades sur la roche se rfévèlent beaucoup plus complexes bien que très intuitives. En effet, vous devez positionner chaque membre sur une prise suffisamment viable pour ne pas glisser, voire tomber. Le logiciel vous aide en représentant les mains et les pieds de votre personnage au niveau de l'interface. L'objectif étant que l'icône de chaque membre soit fixe. Si cette dernière clignote la prise est instable et si elle disparaît vous n'avez plus de prise. Il s'instaure alors une certaine tension et vous ne ferez pas le malin lorsque vous ne vous retrouvez qu'avec des prises instables sachant que vous pouvez choir à tout moment. C'est alors dans ces situations que votre équipement vous sauvera la mise. Sur les plateaux, vous pourrez fouiller librement dans votre équipement externe et votre sac à dos. Alors que sur la paroi seuls les équipements de votre ceinture seront disponibles. Pour accéder à votre besace, il vous faudra au préalable vous accrocher à la roche, réalisme quand tu nous tiens !
Sur le plan de la réalisation, bien que l'ensemble soit assez simple, on ne peut qu'admirer ces montagnes majestueuses qui se dressent devant nous. Durant l'ascension, les environnements sommaires font leur effet et sont plutôt immersifs. En outre, la gestion en temps réel des conditions météo et du cycle jour/nuit est plus que bluffante. Quant aux mouvements du grimpeur, ils sont réalistes et bien retranscrits.
Infogramme qui agrandit la famille des simulations sportives avec un sport jusque-là inédit, est parvenu à nous offrir un jeu dépeignant avec brio la dure réalité de la montagne que le grand public ne connaît le plus souvent qu'à travers les sports d'hiver. Même si le soft permet de sauvegarder sa progression, son niveau de réalisme offre une difficulté des plus relevées mais ô combien addictive et joussive.
- Graphismes14/20
Bien que relativement simpliste lors des phases d'escalade, les environnements sont au final particulièrement immersifs. Et l'on se surprend à contempler ces hauts sommets qui dégagent une aura mystique et insaisissable. Enfin, la gestion en temps réel du cycle jour/nuit et de la météo est une véritable prouesse technique pour l'époque. Quant à l'animation du grimpeur, elle est de bonne facture et colle bien à la réalité des mouvements.
- Jouabilité16/20
Offrant un gameplay d'une rare richesse qui met autant en avant la phase de préparation que la phase d'ascension, le soft retranscrit avec un réalisme convaincant cette discipline excessivement exigeante. Bien que les phases de plateaux soient un peu poussives et l'escalade des parois neigeuses un tantinet redondante, Bivouac se transcende à travers les zones rocheuses où le tâtonnement à chaque prise est l'occasion de subir une décharge d'adrénaline. Et l'on se surprend parfois à avoir le vertige derrière notre petit écran.
- Durée de vie18/20
Ne disposant que de 7 courses différentes, la rejouabilité énorme de chacune d'entre elles offre au jeu une longévité confortable. En effet, l'environnement n'est jamais le même en fonction de l'heure et de la saison à laquelle vous partez. A cela vient s'ajouter le système d'équipement que vous pourrez moduler afin de découvrir une voie de différentes manières. Enfin, l'extrême difficulté vous obligera à pratiquer de nombreuses heures si vous comptez visiter tous les sommets. En outre, le soft se montre particulièrement addictif pour on ne sait quelle raison, peut-être l'ivresse des montagnes ?
- Bande son10/20
Les rares bruitages sont d'assez bonne facture, par contre vous devrez vous encombrer d'un baladeur si vous voulez écouter de la musique lors de votre trek.
- Scénario/
Infogrames qui a pris le pari ô combien risqué d'investir dans un nouveau type de simulation sportive qu'est l'alpinisme, a eu la bonne idée de s'offrir les conseils avisés d'un montagnard aguerri, Eric Escoffier. Le résultat issu de cette rencontre improbable donne naissance à un soft doté d'un réalisme qui frôle la perfection. Retranscrivant avec brio la nécessité d'une préparation minutieuse et stratégique associée à la connaissance du terrain et de ses pièges sournois, rarement une simulation ne sera parvenue à nous faire ressentir ce qu'un alpiniste peu vivre en haute montagne. Isolé face à des conditions météo changeantes, à des moments de stress, au froid et à la faim, seul votre leitmotiv disant que « rien n'est impossible » parviendra à vous faire tenir jusqu'au plus haut sommet. Un bel hommage rendu à cette discipline et à tous les grimpeurs.