La série phare d'Akira Toriyama n'en finit plus d'être déclinée en jeux vidéo. Voilà en effet près de 25 ans que la saga Dragon Ball est régulièrement adaptée sur nos petites consoles. Vu la teneur du manga, il n'est pas étonnant que la plupart de ces titres soient des jeux de combat. Namco Bandai perpétue aujourd'hui cette tradition avec un opus tout simplement intitulé Dragon Ball Z Ultimate Tenkaichi. Reste à savoir si cet épisode peut vraiment être qualifié d'« ultimate »...
Si l'on doit brosser l'historique des jeux de combat estampillés Dragon Ball les plus récents, on ne tarde pas à différencier deux grandes tendances. Les Budokai développés par Dimps reprenaient des mécanismes issus de jeux de combat plus traditionnels tandis que les Tenkaichi de Spike proposaient de plus vastes arènes dans lesquelles les combattants pouvaient jouer au chat et à la souris. La recette appliquée par ce dernier n'a toutefois pas cessé d'évoluer, aboutissant finalement aux deux Raging Blast qui ne se sont pas montrés très convaincants. En intitulant sont nouveau bébé Ultimate Tenkaichi, Spike a ravivé l'espoir dans le cœur des fans qui espéraient enfin retrouver le digne héritier de Tenkaichi 3... Pas de chance, ce nouvel opus n'a pas la carrure de son illustre aîné, tant du point de vue de son contenu que de son gameplay.
Il faut avouer que les petits gars de Spike nous avaient prévenus, ils cherchaient à mettre en place un système de jeu innovant censé retranscrire le plus fidèlement possible la fureur des combats. On s'attendait bêtement à un gameplay nerveux alors que l'on se retrouve avec des cinématiques vaguement interactives qui laissent plus de place à la chance qu'à la technique. C'est bien simple, si vous êtes éloigné de votre adversaire vous pourrez lui envoyer de petites ou de grosses boules d'énergie, et les mêmes touches vous permettront de lancer des coups faibles ou forts au corps-à-corps. Enchaînez quelques attaques et vous aurez l'occasion de tenter un combo totalement dévastateur. Votre adversaire a tout de même l'occasion de vous contrer, il suffit qu'il appuie sur la même touche que vous au déclenchement du fameux combo. Non, vous ne rêvez pas, vous avez une chance sur deux de réussir votre coup et la technique n'a rien à voir là-dedans. La part d'aléatoire s'invite aussi lorsque vous lancez certaines attaques spéciales : il faut alors choisir une direction en croisant les doigts pour que votre adversaire n'ait pas opté pour la même.
Au final on a vraiment l'impression que les combats de Ultimate Tenkaichi s'apparentent trop souvent à une partie de pile ou face illustrée à la sauce Dragon Ball. Pour être honnête, on est bien forcé de reconnaître que les équipes de Spike sont parvenues à restituer l'intensité des combats, mais le gameplay a été tellement simplifié au passage que le jeu en perd tout intérêt. Les combos déjà évoqués sont ainsi strictement identiques d'un personnage à l'autre. De manière générale, tous les combattants se manient exactement de la même façon. Leurs trois coups spéciaux sont ainsi toujours assignés au stick droit : il suffit de pousser ce dernier vers le haut, vers le bas ou de l'enfoncer pour les activer. Ce ne sont pas les mini-jeux de timing destinés à esquiver les attaques spéciales ni les phases de courses à grand renfort de QTE qui vont réellement enrichir ce gameplay. La cerise sur le gâteau est constituée par les combats contre les singes géants : ces derniers restent à l'écart, il faut se contenter d'éviter leurs attaques et de titiller leurs poings jusqu'à ce qu'une nouvelle séquence de QTE soit proposée.
Le dernier point à propos duquel Ultimate Tenkaichi était attendu au tournant concerne son contenu. A priori, il y a là de quoi satisfaire tout fan de la série puisque cet épisode marque le retour d'un véritable mode Histoire qui balaye la saga à partir du combat contre Radditz jusqu'à l'affrontement contre Li Shenron. C'est donc la totalité de Dragon Ball Z et de Dragon Ball GT qui semble nous être servi sur un plateau. Pas de chance, la narration se permet d'énormes ellipses et zappe ainsi bon nombre d'intervenants. Au final vous ne pourrez retrouver qu'une quarantaine de personnages, certes pas mal d'entre eux peuvent se transformer, mais les fusions par exemple sont déjà comprises dans le lot. Vous l'aurez compris, on est loin du compte idéal... La durée de vie est tout de même un peu rehaussée par l'arrivée d'un mode Avatar dans lequel vous créez votre propre combattant que vous faites ensuite évoluer dans un monde parallèle. Ce scénario alternatif est d'un tel ridicule qu'on a tout le mal du monde à y adhérer. Vous serez ainsi amené à enseigner la compassion à C17 et à C18 à grand renfort de coups de tatane... Bref, on a du mal à comprendre pourquoi cet épisode a été affublé du sobriquet d'« ultimate » tant il se montre inférieur aux autres Tenkaichi. C'est la mort dans l'âme que les fans de la série se rabattront sur le mode Histoire pour essayer d'oublier l'aspect répétitif des combats en profitant des quelques cut-scenes qui émaillent la progression.
- Graphismes12/20
Les combattants sont plutôt bien modélisés et le design général est parfaitement fidèle à la série. Par contre les environnements sont d'une pauvreté sans nom et font souvent un peu mal aux yeux.
- Jouabilité8/20
Les combats sont certes impressionnants mais ils tiennent davantage de la loterie que d'une démonstration de skill. On regrette aussi que tous les combattants se manient exactement de la même manière.
- Durée de vie13/20
Le mode Histoire fait son retour et il balaye large mais malheureusement il se permet de trop nombreuses ellipses et il fait l'impasse sur pas mal de personnages. Au final il faudra se contenter d'un casting réunissant une quarantaine de combattants là où un Tenkaichi 3 en proposait une petite centaine. Notez enfin qu'un mode online vous permet théoriquement d'affronter d'autres joueurs sur le net, mais dans les faits vous aurez beaucoup de mal à vous dégoter un adversaire.
- Bande son14/20
Il est heureusement possible de zapper les horribles voix anglaises pour avoir droit au doublage japonais original. On apprécie aussi de retrouver pas mal de musiques issues de la série. Par contre les bruitages lors des combats manquent un peu de répondant.
- Scénario/
On salue le retour du mode Scénario mais ce dernier est tellement caviardé qu'il en perd sa cohérence. Le mode Avatar est aussi scénarisé mais il est difficile de prendre son intrigue au sérieux.
On a beau le retourner dans tous les sens, Dragon Ball Z Ultimate Tenkaichi est clairement en dessous des attentes qu'il suscitait. Les équipes de Spike ont cherché à innover en termes de gameplay pour rendre l'ensemble plus dynamique. L'intention est louable mais le résultat est une prise en main incroyablement assistée qui s'appuie davantage sur la chance que sur la technique. Le fait de pouvoir créer son propre combattant est sympathique, mais ça ne suffit pas à compenser les incroyables lacunes dont souffre le casting de cet épisode.