Après avoir connu des déclinaisons GTA-like sous l'égide d'Electronic Arts, la licence Le Parrain nous revient sous la forme d'un jeu Web. Rejoignez l'une des cinq familles mafieuses de New York et construisez votre empire criminel !
Près de 40 ans après sa sortie, Le Parrain est toujours aussi culte, et la Paramount est bien décidée à tirer profit de cette popularité qui ne se dément pas. Le studio a donc confié les droits d'adaptation du film à Kabam, avec comme mission de développer un jeu pour navigateurs Web. Il s'agit d'un jeu de gestion dans la lignée des Ogame, Travian et compagnie, dans lequel vous devez développer votre empire en affrontant les autres joueurs. C'est d'ailleurs le principal reproche qu'on puisse lui faire : il a des airs de simple skin mafieuse des titres précités, le contexte spatial ou antique étant remplacé par un enrobage sauce Parrain. Le gameplay, lui, est archi classique. Les vieux roublards des jeux Web risquent d'être déçus par cette formule vieille d'au moins cinq ans. Pour les autres, voyons comment cela fonctionne.
La première chose à faire est de choisir votre affiliation parmi les cinq familles criminelles disponibles : Corleone, Tattaglia, Barzini, Cuneo ou Stracci. Cela a peu d'impact sur le gameplay, à part un bonus de production de ressources en fonction du rang de votre famille. Et comme on pouvait s'y attendre, c'est évidemment la famille Corleone qui est en tête depuis les débuts de la bêta, avec environ la moitié des joueurs du serveur. Les quatre autres clans se partagent les miettes... Vous êtes ensuite affecté aléatoirement à un emplacement de la zone de jeu, découpée en cases repérées par leurs coordonnées. C'est là que vous allez construire votre empire, en commençant par y placer les bâtiments nécessaires à la production de ressources. Les restaurants, aciéries et cimenteries se chargent respectivement de créer de la nourriture, de l'acier et du ciment. Les appartements et les cachettes font rentrer le cash et permettent d'entraîner les troupes. Chaque structure pourra augmenter de niveau pour produire plus, le temps d'évolution devenant de plus en plus long (et le coût de plus en plus élevé).
Vous disposez également d'un domaine, sur lequel se trouvent votre manoir et des bâtiments annexes (garage, entrepôt, armurerie...), évolutifs eux aussi. L'un des plus importants est la bibliothèque, qui vous permet de faire des recherches dans une quinzaine de secteurs, source de précieux bonus. Vous pouvez par exemple augmenter la force, la santé ou la vitesse de vos unités. Car, après tout, on n'est pas là juste pour construire une belle fontaine en marbre dans la cour du manoir. Il va falloir créer des troupes et combattre ! Pour commencer, le mieux est de se faire la main sur un des nombreux gangs qui pullulent sur la carte globale, gérés par l'IA. Comme d'habitude dans le genre, il suffit d'envoyer son armée et d'attendre le résultat du combat, résolu automatiquement. Une victoire contre un gang permet parfois de récupérer un objet (batte de base-ball, revolver, moto...) augmentant les caractéristiques de vos hommes. Si vous récupérez tous les objets d'un set, vous aurez droit à un bonus, une bonne idée héritée des MMO. Outre les gangs, la carte comporte aussi de nombreuses cases baptisées "Cityscapes". S'en emparer permet d'accroître l'afflux de ressources. Il faudra toutefois penser à y stationner des troupes afin qu'un autre joueur ne les capture pas.
Car le cœur du jeu est bien sûr les affrontements entre joueurs (PvP). Les victoires contre les autres participants font gagner des points de respect. Et le joueur ayant le plus de respect devient le Don de sa famille, titre ô combien prisé. Bref, si vous voulez vous faire un nom dans la pègre new-yorkaise, il va falloir déclencher quelques guerres. Le jeu propose une dizaine d'unités à débloquer au fil de votre progression. Vous commencerez avec des petites frappes tout juste capables de faire le coup de poing, pour finir avec de puissants gangsters armés de la fameuse mitraillette Thompson. Notez qu'il est évidemment possible, et même souhaitable, de faire une alliance (ici appelée Crew) avec d'autres joueurs. A ce sujet, on regrette que les fonctionnalités de communication in-game soient réduites à la portion congrue (un tchat basique et un système de messages privés). Les alliances sérieuses devront en passer par un forum externe pour s'organiser, un souci récurrent dans le genre. Quant à l'interface, elle a encore des progrès à faire, mais le jeu n'est qu'au stade de bêta ouverte à l'heure où ces lignes sont écrites (soit 03h47).
Pour terminer, un mot s'impose sur la boutique. Le Parrain : Les Cinq Familles est un jeu qui ne se prête guère aux items cosmétiques. Par conséquent, la plupart des objets vendus par les développeurs sont orientés vers le "confort de jeu". En clair, les joueurs qui passeront à la caisse auront droit : à des accélérations du temps pour construire ou rechercher plus vite, à des bonus de production de ressources, à des bonus de santé ou d'attaque pour leur armée... Bref, le modèle économique adopté déséquilibre un peu le jeu en faveur des plus riches. Dommage.
- Graphismes13/20
Les graphismes 2D sont du même niveau que les autres productions du genre. Les bâtiments changent d'aspect visuel à chaque niveau, ce qui permet de les distinguer aisément. Quelques artworks se chargent d'insuffler l'ambiance du Parrain. On regrette tout de même un certain manque de vie, en dépit de petites animations. C'est New York, mais où sont les voitures, les passants ?
- Jouabilité14/20
Pas de gros problème à déplorer dans ce secteur. Le gameplay du Parrain correspond bien à l'inusable formule "classique mais efficace". On apprécie l'idée des sets d'objets à collecter en attaquant les gangs, tandis qu'on déplore le côté "pay to win" de la boutique. L'ergonomie globale mérite sans doute quelques améliorations.
- Durée de vie13/20
Comme les autres titres du genre, Le Parrain est idéal pour de courtes sessions plusieurs fois par jour (qui a dit "pendant le travail" ?). Les joueurs les plus acharnés pourront y passer des mois à lutter pour la place de Don, à condition de ne pas être rebutés par des mécanismes très répétitifs.
- Bande son12/20
Licence oblige, le célèbre thème du Parrain est de la partie ! C'est d'ailleurs la seule musique. Quelques effets sonores (désactivables) se chargent de prévenir le joueur des principaux événements liés à son empire.
- Scénario/
Le seul véritable défaut du Parrain, c'est de ne pas innover. Mais si le jeu donne dans le classique, il le fait plutôt bien. Les fans d'ambiance gangster peuvent s'y essayer sans crainte, au moins le temps de quelques sessions. Sur le long terme, il faudra sans doute dépenser quelques euros dans la boutique pour rester placé dans la course au titre de Don.