Ce n'est plus un secret pour quiconque, les Templiers ont la cote depuis quelques années et ce aussi bien au cinéma que dans le monde du jeu vidéo, notamment grâce à Assassin's Creed. Cursed Crusade prend donc le train en marche en nous contant les déboires du dénommé Denz de Bayle et de son fidèle compère Esteban Noviembre.
Le XII Siècle tire sa révérence et avec elle l'appel de la Quatrième Croisade se fait entendre aux quatre coins de l'Italie. Les troupes se préparent, le pape Innocent III prie pour la prise de Jérusalem et Denz de Bayle entend bien en profiter pour retrouver son père en Terre Sainte. Voici pour le pitch de Cursed Crusade grâce auquel on suivra les aventures de deux compères à travers une trentaine de niveaux. Bien que les scénaristes aient eu à leur disposition une époque et surtout un ordre auréolés de mystères et de complots, il n'en reste pas moins que le scénario se montre plutôt inintéressant en mettant en avant des cinématiques bien trop nombreuses eu égard au périple de Denz. En somme, il faudra se taper des dialogues à n'en plus finir pour tout et n'importe quoi, ceci cassant complètement la dynamique de jeu. Néanmoins, vous pourrez zapper ces derniers afin de profiter de l'aventure à proprement parler.
A ce sujet, autant ne rien vous cacher en précisant tout de go que la progression sera linéaire, très linéaire même, le concept du jeu en arène fermée étant de mise. On aura beau nous permettre d'évoluer quelque peu au sein d'un même environnement, vous devrez malgré tout la plupart du temps éliminer une ribambelle d'ennemis avant de passer à la zone suivante. L'un dans l'autre, ce n'est pas vraiment problématique vu que Cursed Crusade mise justement sur ses combos et sa pléthore d'armes pour se faire une place au soleil. Autant dire que sur ce point, on est plutôt bien servi vu que vous aurez la possibilité de récupérer diverses armes traînant par terre et de vous en servir. Epées, lances, glaives, masses, boucliers, il ne tiendra qu'à vous de récupérer ce que vous préférez une fois que votre arme se sera définitivement brisée. Mais ce n'est pas tout puisqu'en fonction de ce que vous avez en mains, vous aurez le choix entre plusieurs styles : Doubles Lames, Lame et Masse, Lance et Bouclier... à vous de voir ce qui vous convient le plus. Comme un style n'est rien sans coups associés, vous devrez également faire bon usage de vos points de victoire. Kezako ? Tout simplement des récompenses lorsque vous terminerez un niveau.
Ainsi, une fois que vous en aurez suffisamment, vous pourrez à loisir débloquer des coups pour enrichir vos combos tout en obtenant davantage de finish moves. Notez que ces fameux points vous serviront aussi à améliorer vos Talents que sont la force, le port d'armures, la constitution, etc. Au final, on se retrouve mine de rien avec plus de 400 attaques, une centaine de mises à mort, 130 armes et la possibilité de détruire les armures des soldats pour les affaiblir. De quoi se régaler ? Pas sûr vu que les combats manquent diablement de pêche. En fait, on ne ressent jamais vraiment l'impact des coups et l'unique QTE pour prendre le dessus lors d'un rapport de force aura vite fait de vous ennuyer. Dommage et paradoxal pour un jeu d'action mettant en avant son système de combat. En somme, sachant qu'on peut user d'une arbalète, si tant est qu'on ait suffisamment de munitions, on éliminera le plus d'ennemis possible à coups de carreaux tant les combats à l'arme blanche ennuient au bout d'un moment. De plus, on ne se fera pas prier pour user du mode Malédiction afin de venir plus rapidement à bout de nos adversaires, regagner de la vie. A ce sujet, on retiendra aussi un usage abusif de ce pouvoir pour intégrer des phases inutiles durant lesquelles on devra détruire des portes ou des balistes.
En définitive, le principal souci de Cursed Crusade, celui qui englobe l'ensemble du gameplay, est cette relative oisiveté. Que ce soit en termes de scénario, de progression, d'objectifs et donc d'affrontements, tout concourt à nous faire bâiller aux corneilles. Frustrant car avec une telle ambiance, il y avait de quoi faire. Si on devait se prêter au petit jeu des comparaisons, on serait tenté de faire un parallèle entre le soft de Kylotonn et les deux Knights of the Temple de Starbreeze sortis sur PS2. Le hic est que le titre qui nous intéresse aujourd'hui semble encore plus ancré dans le passé que ses «modèles» pourtant sortis en 2004. Néanmoins, avec son mode deux joueurs, splitté ou non, vous aurez peut-être la possibilité de vous y amuser le temps de quelques parties. En parlant de ceci, notez qu'en solo, vous devrez néanmoins faire attention à Esteban et lui venir parfois en aide pour le ranimer. Malgré cet état de fait, retenez tout de même que la rejouabilité frôle le zéro absolu et que le rapport qualité/prix va nettement à l'avantage du second. Autant de coups d'épée dans l'eau qui auront bien du mal à atteindre le coeur de cible de Cursed Crusade : les preux chevaliers vidéoludiques que vous êtes.
- Graphismes10/20
Outre un character design moyennement convaincant et relativement fade, Cursed Crusade affiche des décors n'exploitant nullement les capacités de la machine. Résultat, on traversera des environnements sans âme, avares en détails et riches en aliasing, tout en combattant des légions d'ennemis se ressemblant toutes plus ou moins.
- Jouabilité12/20
Ayant tout misé sur le nombre d'armes et d'attaques, les développeurs sont un peu passés à côté des sensations qu'on peut éprouver en frappant. Ainsi, les rixes sont plutôt molles malgré une bonne palanquée de finish moves. En outre, l'unique QTE lors d'un duel de force lasse rapidement. Toutefois, en utilisant vos points de victoire, vous pourrez améliorer ou débloquer plusieurs coups spécifiques à un style de combat. De plus, l'utilisation de la Malédiction vous permettra de disposer d'une puissance accrue permettant de venir plus facilement à bout des adversaires ou de détruire des éléments du décor.
- Durée de vie12/20
En combinant les cinq chapitres subdivisés en une trentaine de niveaux et les quatre niveaux de difficulté, on obtient une durée de vie importante d'autant que les stages sont relativement longs et qu'il est possible d'y jouer avec un ami. Malheureusement, pour en profiter, vous devrez passer outre le côté lénifiant de la progression, ce qui ne sera pas donné à tout le monde.
- Bande son14/20
Le doublage français profite de l'expérience de doubleurs professionnels et le résultat s'en ressent. Les thèmes musicaux sont également dans le ton même si on est loin du nirvana sonore.
- Scénario10/20
L'épopée des Templiers étant riche en trahisons, complots et autres mystères, on était en droit d'attendre un peu plus du synopsis de Cursed Crusade. Il est donc regrettable que les protagonistes manquent cruellement de charisme et que l'histoire de Denz et Esteban soit si quelconque malgré leur malédiction respective. De plus, Kylotonn s'est senti obligé de plomber littéralement l'avancée via de nombreuses cinématiques soporifiques, à la mise en scène extrêmement plate et aux dialogues cousus de fil blanc.
En ayant voulu afficher des ambitions difficiles à tenir, Kylotonn s'est un peu fourvoyé en chemin. Si les nombreux styles de combat et les combos associés seront autant de moyens de diversifier les affrontements, ces derniers se montrent malheureusement trop mous. En outre, avec sa progression linéaire, son concept de jeu en arènes à peine maquillé et son scénario peu captivant malgré un background foisonnant, il sera difficile de le conseiller, du moins à son prix de vente actuel qui aurait mérité d'être revu à la baisse.