Malgré la renommée de Tintin, l'intrépide journaliste d'Hergé n'aura jamais vraiment eu droit à un jeu vidéo digne de ce nom. En effet, si on excepte Tintin au Tibet et Tintin : Le Temple du Soleil sur Super Nintendo, peu de titres ont su mettre à profit l'aura aventureuse omniprésente dans les albums de BD. Il aura donc fallu attendre l'adaptation cinématographique de Steven Spielberg pour voir débouler une nouvelle aventure vidéoludique du blondinet et de son fidèle toutounet.
Tout d'abord, remettons les pendules à l'heure. Bien que le film de papa Spielberg se nomme Tintin : Le Secret de la Licorne, l'histoire pioche des éléments de cet album mais aussi du neuvième de la série, Le Crabe aux Pinces d'Or. De fait, si les puristes auront de quoi chipoter dans le sens où plusieurs aspects scénaristiques ont été purement et simplement supprimés pour accélérer le rythme, l'idée reste bonne. En effet, en mixant les deux bandes dessinées, le scénario nous permet d'assister à la rencontre de Tintin et Haddock tout en proposant, dans le cas qui nous intéresse ici, un mode deux joueurs. A ce sujet, retenez qu'en sus dudit mode, vous aurez à votre disposition quelques défis compatibles Kinect. Malheureusement, ceux-ci étant basés sur des séquences du mode principal (hydravion, side-car, combat à l'épée), on en fera vite le tour. Toutefois, la durée de vie pourra compter sur plusieurs éléments à débloquer et quelques niveaux coopératifs via un mode dédié. Néanmoins, la longévité ne dépassera pas une grosse après-midi. Et c'est bien là que le bât blesse car à mesure qu'on joue, on se demande constamment à qui s'adresse ce jeu.
Jeunes joueurs, vétérans du jeu de plates-formes, à qui se destine Tintin : Le Secret de la Licorne ? Question pertinente pour laquelle nous n'avons pas la réponse. De prime abord, le tout a davantage été pensé pour les plus petits sachant que le gameplay repose sur des mécanismes extrêmement simples. On balance des ballons de plage sur les ennemis, on saute dans tous les sens, on court, on nage pour atteindre le bout des niveaux et ainsi de suite. Seulement voilà, si l'atmosphère bon enfant fera mouche, l'architecture du titre s'avère extrêmement mal pensée. De fait, les niveaux de plates-formes en vue horizontale se répètent du début à la fin, sont beaucoup trop longs et composés d'aspects à l'état embryonnaire. Par exemple, bien qu'on puisse parfois user d'attaques furtives, cette capacité n'a aucun intérêt vu que les gardes nous tournent tout le temps le dos. Si par la suite, le tout se corsera légèrement, une bonne banane bien placée ou quelques lancers d'objets mettront fin à la plupart des dangers.
Ce côté «non fini» ressortira également lors de séquences manquant cruellement d'envergure. Ainsi, les phases en hydravion ou celles sous-marines nous demanderont simplement d'avancer en évitant quelques pièges épars tandis que les séquences en side-car, un peu plus pêchues, mixeront mollement conduite et tir. A cela, on rajoutera des poursuites, des combats à l'épée sur rails ou des passages dans lesquels Milou devra retrouver la trace d'un individu ou dénicher des clés pour son maître adoré. Vu sous cet angle, cette diversité aurait donc dû offrir un rythme effréné à l'aventure sauf qu'il n'en est rien. Comme précisé plus avant, la réalisation d'ensemble manque cruellement d'ambition mais surtout de jugeote. Il est en effet très maladroit d'avoir reproduit la même formule à l'infini tout en optant pour une difficulté mal équilibrée pouvant poser des problèmes aux enfants. Certes, la progression est truffée de checkpoints mais malgré cela, on a du mal à imaginer un gamin passer certaines séquences, dans le Karaboudjan notamment. Au final, si l'aspect technique est honorable, l'ambiance plaisante et le prix un peu moins élevé que d'habitude, on aurait pu s'attendre à un résultat plus convaincant.
- Graphismes12/20
Si les animations de Tintin, et accessoirement des autres personnages, sont souples et très agréables à l'oeil, les décors ne sont pas en reste. Le résultat manque tout de même de détails et si les phases en hydravion, side-car et les cinématiques sont quelque peu bâclées, l'ensemble est d'un niveau correct. Retenons également le design issu du film engoncé dans un réalisme et un aspect cartoon très particulier et assez déroutant.
- Jouabilité11/20
Bien que le titre propose plusieurs phases différentes, la jouabilité reste toujours très accessible. On regrettera cependant que certains aspects du gameplay (d'infiltration notamment) soient si factices et que la construction du jeu reprenne constamment les mêmes éléments d'un niveau à l'autre en nous balançant des niveaux trop longs, peu intéressants et qu'on boucle d'une traite.
- Durée de vie11/20
Alors que les jeunes joueurs pourront trébucher sur certaines phases, les plus confirmés ne feront qu'une bouchée de l'aventure principale qui se bouclera en une après-midi. Reste une poignée de niveaux en mode deux joueurs, quelques défis peu amusants et divers bonus à débloquer.
- Bande son14/20
Le doublage français est d'un bon niveau et renvoie avec délice à ceux de la série animée d'époque. Les musiques, issues ou inspirées du travail du grand John Williams, insufflent une dimension épique à l'aventure.
- Scénario13/20
Mélangeant des éléments du Secret de la Licorne et du Crabe aux Pinces d'Or, le scénario du jeu pourra faire tiquer les puristes. Néanmoins, le tout permet de s'attarder sur la rencontre entre le capitaine Haddock et Tintin tout en leur faisant vivre une aventure aux quatre coins du monde.
Si en soi, Tintin : Le Secret de la Licorne n'est pas un si mauvais jeu, on se demande constamment à qui il se destine. En effet, d'un côté, on le trouvera sans intérêt passé un certain âge tant le tout est redondant et de l'autre, certains passages pourront poser problème à nos chères têtes blondes. De plus, avec certains aspects du gameplay à l'état embryonnaire et une construction reposant sur des mécanismes tournant constamment en boucle, Tintin aura bien du mal à trouver son public malgré quelques bonnes idées et une ambiance bon enfant.