Inutile de rappeler le principe du free fight ; depuis quelques années, tout le monde connaît ce genre de combats violents encadrés par des règles, certes bien précises, mais néanmoins très permissives. Peu importe les techniques utilisées et les écoles d'arts martiaux dont se réclament les divers combattants, ce qui compte ici, c'est envoyer son adversaire au tapis. Coups de poing, coups de pied, prises de judo ou soumissions, tous les moyens sont bons pour sortir vainqueur de duels aussi virils qu'impitoyables. A la mode depuis le succès de la série UFC Undisputed, le free fight revient aujourd'hui sur Playstation 3 et Xbox 360 grâce aux efforts du studio Kung Fu Factory. Malheureusement, on ne peut pas dire que Supremacy MMA soit à la hauteur de ses prédécesseurs.

Tout d'abord, alors que le roster du dernier UFC compte pas moins de 106 combattants et que celui de EA Sports MMA en comprend environ 80, on découvre non sans surprise que Supremacy MMA propose à peine une douzaine de personnages jouables ! Et comme si ça ne suffisait pas, la majorité d'entre eux sont des combattants peu connus dont on peine parfois à retrouver la trace sur Internet... Heureusement, les chauvins que nous sommes pourront retrouver avec plaisir le Français Jérome Le Banner aussi fameux pour ses exploits sur le ring que pour ses apparitions au cinéma (Scorpion, Astérix aux Jeux Olympiques...). De plus, Supremacy MMA peut se targuer d'être la première simulation de free fight à mettre en scène des filles : Michele "Diablita" Gutierrez et la belle mais peu commode Felice Herrig. Enfin, chacun d'entre eux possède son propre scénario et sa progression personnelle figurée par des montées de niveaux. Reste que 12 personnages (+ 2 à télécharger) dans un jeu de combat, quel qu'il soit, c'est définitivement trop peu.

Une fois que l'on a jeté notre dévolu sur le boxeur, le judoka ou n'importe quel autre des experts en arts martiaux qui nous tendent les bras, vient le moment de voir à quoi ressemble tout ce beau monde. Bien modélisés, couverts de sueur ou de sang au fur et à mesure du déroulement des affrontements, les divers combattants, hommes ou femmes, n'ont pas vraiment à rougir de la comparaison avec les deux autres grosses licences de MMA vidéoludique. Là où les choses se gâtent, c'est quand on les regarde bouger. En effet, leurs animations sont tellement inégales qu'on se demande si les développeurs ont bien eu le temps de travailler dessus correctement. Certes, on sent la violence des coups, certains combos déchirent et quelques prises sont vraiment spectaculaires mais l'ensemble manque terriblement d'homogénéité et de cohésion. Déjà frustrant et pénible à regarder, Supremacy MMA est encore pire à prendre en main.

Alors que nous nous attendions à une expérience arcade assez éloignée des simulations de free fight dont nous avions l'habitude jusqu'ici, le gameplay de Supremacy MMA s'avère en fait aussi lourd que rigide. Les coups s'enchaînent avec difficulté, on passe l'essentiel de notre temps à contrer ou à se faire contrer et le système de prises au corps-à-corps est ennuyeux. Les commandes (mal expliquées dans un tutoriel famélique) ne sont pas pratiques et l'intelligence artificielle est capable de réagir bien plus vite que nous. Ainsi, alors qu'il est assez difficile pour un joueur de contrer au bon moment, l'I.A., elle, se régale de briser la plupart de nos enchaînements une fois sur deux. De plus, elle remporte bien trop souvent les QTE de soumissions (game over immédiat) liées aux sticks analogiques. Résultat, en plus de hacher constamment le rythme des combats, elle découragera la plupart des débutants qui, déjà rebutés par la mauvaise prise en main des combattants, devront refaire 4 fois le même combat pour l'emporter.

C'est malgré tout dommage car au niveau du contenu, Supremacy MMA se défendait plutôt bien. Les scénarios des 12 combattants sont intéressants à suivre et on passe volontiers du temps à faire leveler ces derniers pour les rendre plus forts. On peut lancer des combats rapides aussi bien offline que connecté, on peut participer à des tournois, s'entraîner, etc. Hélas, trois fois hélas, avec ses 12 personnages qui se jouent tous de la même façon puisqu'il suffit d'abuser des contres encore et encore pour revendiquer la victoire, le soft fait décidément bien pâle figure face à ses illustres concurrents. On se rabattra donc de préférence sur ces derniers pour ressentir toute la puissance sauvage du free fight. Avec un peu de volonté, on peut également essayer de patienter jusqu'à la sortie de UFC Undisputed 2011, une valeur sûre.