Dans la série des jeux improbables et diablement difficiles, Life & Death obtient une bonne place au concours d'entrée en nous mettant dans la peau d'un chirurgien. Et avec les gants et le masque offerts dans la boîte de jeu, nous sommes fin prêts à entrer au bloc opératoire. Bienvenue dans « Life & Death ».
La vie ne va pas être simple. A la différence d'un Trauma Center qui développe un scénario ubuesque de façon bavarde pour créer des situations délirantes sans jamais vous lâcher la main et en vous rappelant les procédures médicales à chaque instant, Life & Death prend le parti opposé. Ici, seules quelques minutes nous sont proposées pour apprendre à soigner nos patients. Dans la salle de classe, les différentes pathologies sont expédiées en peu de lignes inscrites sur le tableau noir. Pas le temps de les apprendre que nous voilà déjà lâchés dans l'unique couloir de l'hôpital, ouvrant sur quelques chambres, où l'essentiel de l'activité se déroule. Rassurez-vous, chaque échec nous renvoie obligatoirement à la case « salle de classe » non sans avoir subi au préalable un sermon sur nos piètres performances par le directeur de l'hôpital
Au fil de la partie, vous croiserez quelques patients atteints d'arthrite, de calculs ou de simples infections, mais vous aurez vite fait de les repérer et de les expédier rapidement en espérant pouvoir emmener le prochain au bloc opératoire. Les patients défilent sans marquer de pause scénaristique, pas de balade dans l'hôpital pour créer des liens ou sortir avec une infirmière, pas de quêtes annexes ou de possibilités de devenir chef de clinique ou mannequin café. Les patients se succèdent sans cas particulier, sans autre raison que celle d'être atteint de l'une des cinq maladies que vous êtes capables de traiter. Le développeur a quand même pris le temps de leur trouver des noms, que vous découvrirez en lisant leurs dossiers Vous palperez les ventres, regarderez les radios et déciderez de placer sous antibiotiques ou d'opérer. Le plus drôle étant évidemment cette dernière solution.
Les opérations sont au nombre de deux et constituent clairement l'apogée du jeu puisque c'est là que les choses sérieuses commencent. Il se trouve que celles-ci sont très difficiles. Réussir à atteindre l'opération de l'aorte s'avère être un véritable calvaire et manifestement beaucoup de joueurs n'y seraient jamais parvenus (sondage d'entourage effectué sans blesser aucun institut légal). Cependant, celle qui vous tiendra en échec un long moment est… l'appendicite, l'opération de débutant par excellence ! Il faudra s'armer de patience et penser à anesthésier, stériliser, poser les champs, se rappeler dans quel sens se coupent les différentes couches de tissus et autres muscles, écarter les chairs, cautériser, suturer, récupérer l'appendice et bien sûr terminer sans envoyer votre patient ad patres. La salle d'opération se présente simplement en deux parties, la partie « patient » et la partie « outils ». A gauche de l'écran vous trouverez le charriot où vous choisirez les ustensiles (scalpels, forceps, etc.) et où vous pourrez suivre la santé du patient grâce au monitor qui agrémentera de son bip le rythme de l'opération, et à droite, vous découperez, suturerez à l'aide de votre souris.
Le jeu se veut plutôt « réaliste » graphiquement et se propose d'être propre sur lui sans en proposer trop ou trop peu. Le peu de couleurs affichées ne gêne absolument pas la lisibilité et c'est un plaisir encore actuel que de retenter pour la énième fois cette extraction d'appendice. A moins d'être vraiment allergique au rétro, l'aspect technique ne sera pas un obstacle à sa découverte. Les sons sont sommaires et les différents cris de patients et autres bips électroniques, sans vous taper sur les nerfs, ne vous laisseront pas un souvenir impérissable. Au final, Life & Death fait partie de ces jeux qui marquent de façon indélébile l'esprit des joueurs. Repris des années plus tard, le concept avait aussi été décliné dans Life & Death 2 en 1990 qui vous plaçait dans la blouse d'un neurochirurgien. C'est probablement parce qu'il s'agit d'un OVNI dans le monde du jeu vidéo qu'il est aisé de remettre la disquette dans le lecteur (pourvu qu'il soit encore vivant) pour relancer quelques opérations.
- Graphismes11/20
Propre, clair, l'affichage est bien pensé. La zone d'opération est lisible et pratique. Pas grand-chose à noter sur le sujet.
- Jouabilité15/20
Le gameplay est simple et efficace, en dépit d'une difficulté assez prononcée une fois dans le bloc opératoire.
- Durée de vie18/20
Si vous êtes un chirurgien né, peut-être qu'une demi-heure vous suffira à faire le tour du soft avec succès. Autrement : accrochez-vous car même avec la procédure imprimée sous le nez, ça peut s'avérer très difficile.
- Bande son8/20
Bip bip bip… ouch, aïe, ouille.
- Scénario/
A tester ! La génération de l'Amiga et consorts nous livre ici un petit bijou qui n’a pas eu la descendance qu’il méritait. Sans doute un argument de plus qui estompera les traces de son grand âge.