Étant donné que Milestone est le seul studio du moment à vouloir/pouvoir se concentrer exclusivement sur le WRC, l'attente du public est considérable bien que le précédent volet ait largement déçu. Le studio italien n'avait donc pas intérêt à se planter ! Après plusieurs heures de jeu passées à dompter les différentes catégories de WRC 2 et à développer notre écurie du mode Carrière, notre sentiment est assez mitigé. De toute évidence, cette suite ne fera pas date dans l'histoire du WRC virtuel. Encore trop bridés par leurs propres idées de gameplay recyclées quel que soit le profil du jeu de courses qu'ils développent, les petits gars de Milestone ne se donnent pas les moyens de faire évoluer leur bébé. Pourtant, ils sont restés attentifs aux critiques et ont corrigé, parfois un peu trop partiellement, pas mal d'incohérences. Ainsi, WRC 2 est légèrement supérieur à son aîné en termes de gameplay et de sensations et propose un mode Carrière plus riche et attractif. En parallèle, la réalisation n'a pas progressé voire même régressé, la faute à une gestion douteuse de la palette de couleurs et à l'abus de certains filtres graphiques inadaptés.

Entêté par sa volonté de mixer arcade et simulation, Milestone n'a pas revu la mentalité de sa désormais série. Bien qu'il soit possible de paramétrer la conduite via deux ou trois aides et options de difficulté, WRC 2 n'atteint jamais le réalisme qu'un amoureux des chemins de terre espère. Ainsi, de full arcade, nous pouvons passer à 50% arcade - 50% simulation mais pas davantage. Les puristes grinceront des dents, les autres seront au contraire ravis de trouver un titre à la fois crédible et accessible. Symbole de cette volonté permanente d'être jouable par n'importe qui, WRC 2 accueille une fonction "rewind", un virus qui contamine à peu près tous les jeux de courses modernes, mêmes les plus pointus. Celle-ci permet de revenir jusqu'à cinq secondes en arrière pour renégocier un passage manqué. Evidemment, les allergiques au principe pourront s'en passer en désactivant le cheat. Il leur faudra alors accepter d'abandonner carrément si un accident endommage trop leur bolide, notamment lorsque toute la partie radiateur est violemment touchée. Notez d'ailleurs que très peu de jeux respectent ce principe d'abandon sur casse mécanique, ce qui honore WRC et introduit un doute permanent sur votre capacité à remporter une course tant que la ligne d'arrivée n'est pas franchie.

Objectivement, les sensations de pilotage sont meilleures dans WRC 2. Si les voitures sont toujours un peu rigides et bornées à tourner autour d'un axe, leur physique est plus crédible et c'est toute la conduite en glisse qui progresse. L'utilisation de la vue cockpit (un peu bâclée d'ailleurs), atténue un chouia cette rigidité et, tout en étant parfaitement jouable, améliore considérablement l'immersion. Malheureusement, en vue extérieure, le joueur a constamment l'impression que sa monture ne touche pas le sol et qu'elle ne subit pas les effets supposés d'une route tantôt boueuse, tantôt sinueuse, tantôt accidentée. Ce point précis est un véritable problème qui d'une part, amoindrit l'importance de la surface et d'autre part tend à banaliser les épreuves, devenant un simple enchaînement de virages d'un point A à un point B. A ce sujet, le copilote alterne le bon et moins bon dans ses indications. Très clair dans ses annonces, omettant rarement les pièges qui peuvent pourrir la trajectoire, il multiplie les retards au moment d'annoncer des épingles. Il lui arrive aussi de perdre la voix momentanément, sans raison apparente. Un bug assez gênant. Le monsieur est même parvenu à confondre la droite et la gauche lors d'une spéciale au Mexique. Bref, tout en étant audible et très fort sur l'articulation, son timing demeure très, très perfectible.

Le mode Carrière est de son côté une réussite, sans pour autant atteindre l'excellence de celui du mythique V-Rally 3. Très évolutif mais peut-être un peu trop facile, celui-ci est fait pour vous occuper de très nombreuses heures, de la catégorie R2 (C2, Fiesta, Swift...) au WRC (classique, Groupe B ou Safari) en passant par les S2000 et d'autres encore. L'intérêt de ce mode se situe principalement dans la création et le développement de votre propre écurie qui arborera le nom et les couleurs de votre choix. Ensuite, au fil des victoires, non seulement vous pourrez attirer des sponsors pour garnir votre compte en banque, mais votre mission sera de recruter du personnel, de le former et de l'utiliser afin de développer la voiture point par point (freins, moteur, boîte, suspensions et aérodynamisme). Au fur et à mesure de la renommée de votre team, de nouvelles possibilités s'ouvriront à vous et des mécanos et ingénieurs de meilleurs niveaux pourront être embauchés afin d'améliorer vos caisses plus rapidement. Votre directeur d'écurie et son personnel, recrutés par vos soins, auront de leur côté pour mission d'aller décrocher des contrats. Là aussi, selon leur niveau, les négociations iront plus ou moins vite. En parallèle, on retrouve tout ce qui est voitures, peintures et couleurs à débloquer et que ce soit dit, atteindre les 100% d'achèvement nécessite des dizaines d'heures de jeu !