Moins d'un an après la sortie d'Atelier Rorona, la fameuse série des Atelier, articulée autour de l'alchimie et de la récolte de matériaux en tous genres, s'enrichit aujourd'hui d'un nouvel opus baptisé Atelier Rorona. Faites chauffer vos alambics, la petite apprentie dont nous allons suivre les aventures compte bien faire parler d'elle !
Pour ceux qui se seraient exilés au Pôle Nord ces quatorze dernières années et tous les allergiques aux jeux de rôle typiquement japonais, la série Atelier nous invite depuis 1997 à créer toutes sortes de potions, de parchemins et autres pièces d'équipement à l'aide d'un système d'alchimie aussi réjouissant qu'addictif. Dans la peau de différents héros hauts en couleur, le joueur doit parcourir le monde à la recherche des matériaux les plus rares que nécessite son art. Cette année, c'est aux côtés de la jeune Totori que nous aurons le loisir d'explorer divers environnements hostiles en vue de ramener les éléments dont nous avons besoin pour travailler. Jeune apprentie formée par Rorona, l'héroïne du précédent épisode, Totori est encore loin de maîtriser la science délicate de l'alchimie mais il ne tient qu'à nous d'y remédier.
Si on peut reconnaître une vraie qualité à Atelier Totori, c'est bien de mettre en scène avec talent les différents protagonistes de l'aventure. Mis à part Gino, l'ami d'enfance un peu fade de Totori, la galerie de personnages que l'on nous propose ici est truculente. De Mel, la guerrière excentrique attirée par les filles à Peter, le cocher hilare, en passant par Mimi la pimbêche de service, on a de quoi se régaler d'autant que les dialogues sont souvent savoureux. Extrêmement nombreux, envahissants diront certains, ces derniers ne seront malheureusement accessibles qu'au petit nombre de joueurs à l'aise avec la langue de Shakespeare. En effet, les développeurs n'ont pas pu cette année localiser le jeu en français, ce qui, à l'évidence constituera une déception de taille pour tous les fans qui ne comprennent pas l'anglais. Rien ne les empêchera bien entendu d'apprécier les jolies cinématiques qui illustrent régulièrement le scénario mais pour un soft s'appuyant autant sur les dialogues entre ses personnages, on a du mal à digérer la pilule.
Côté gameplay, les habitués de la série ne risquent pas d'être dépaysés. Tout comme dans Atelier Rorona, il s'agit principalement d'accepter des missions à la taverne du village, d'explorer de nouvelles régions, et de réaliser des centaines de recettes avec les éléments qu'on y aura glanés. Naturellement, tout cela serait parfaitement ennuyeux si notre jeune héroïne titulaire d'un permis d'aventurière, ne rencontrait pas quelques périls en chemin. Or des périls, il y en a ! Que ce soit sur la carte générale de façon aléatoire ou dans les décors lorsque l'on approche un monstre, de nombreux combats au tour par tour émaillent l'expérience. Très classiques dans le fond comme sur la forme, ceux-ci peinent à susciter beaucoup d'excitation même s'ils s'avèrent suffisamment dynamiques pour ne pas carrément nous ennuyer. Les animations sont rapides, les techniques spéciales n'abusent pas des effets spéciaux et il suffit d'appuyer sur un bouton pour donner l'ordre aux partenaires de Totori de prendre un coup à sa place. Reste que question originalité on a déjà vu mieux. Même remarque pour le level design d'ailleurs, qui est d'une pauvreté affligeante. Les environnements sont désespérément fades, vides, et leur modélisation ne casse pas trois pattes à un canard. Quand on sait qu'on doit les parcourir des dizaines de fois pour ramasser des matières premières ou améliorer notre rang d'aventurier, il y a de quoi être déçu.
Heureusement, Atelier Totori compense ces lacunes par des mécanismes de jeu plutôt bien pensés au premier rang desquels on trouve bien entendu le célèbre système d'alchimie cher à la série. Basé sur une foule d'ingrédients bardés de statistique, celui-ci nous permet de fabriquer des centaines d'objets qui nous serviront à remplir des missions, améliorer notre équipement ou tout simplement gagner de l'argent. Tout comme la plupart des actions entreprises dans le soft (se balader sur la carte, fouiller une zone, etc.), créer des objets prend plusieurs jours, ce qui nous oblige à gérer notre planning avec attention pour être mieux payé par nos commanditaires ou obtenir divers succès. Assez contraignant dans un premier temps, le calendrier introduit pourtant à terme une dimension tactique non négligeable dans l'expérience de jeu globale. Expérience qui profite enfin de nombreuses surprises et d'autres rebondissements qui la rendent très vivante. Que ce soit à la suite d'un combat acharné ou d'une formule alchimique assez délicate, il n'est pas rare en effet qu'un personnage vienne nous confier ses impressions ou qu'un script se déclenche de manière aléatoire. Ainsi, Atelier Totori, sans révolutionner en rien la formule qui a fait le succès de la série, se présente-t-il comme un épisode honnête.. A condition de lire couramment l'anglais bien entendu.
- Graphismes13/20
Les personnages, la plupart des cut-scènes et les artworks de style manga sont vraiment agréables à regarder. Les décors d'intérieur sont également assez réussis contrairement aux environnements sauvages en 3D qui se révèlent étonnamment vides et mal modélisés.
- Jouabilité13/20
Très accessibles, les mécanismes de jeu se révèlent hélas trop simples et répétitifs pour retenir l'attention des vrais fans de RPG japonais. La collecte de matériaux est soporifique, les missions se ressemblent toutes... Heureusement, le système d'alchimie est intéressant, la gestion du temps est bien pensée, et les combats restent dynamiques à défaut d'être originaux.
- Durée de vie15/20
Outre les centaines de recettes à trouver puis à utiliser, il y a divers succès à remporter, des liens d'amitié à renforcer ou un rang d'aventurier à faire progresser. De nombreux interludes se déclenchent à tout moment de la progression et plusieurs fins sont disponibles.
- Bande son14/20
Si les thèmes musicaux s'avèrent une fois de plus plutôt sympathiques, c'est surtout le travail sur les doublages (anglais ou japonais) qui force ici le respect. Très convaincants, ces derniers rendent les personnages attachants et renforcent l'immersion du joueur dans leur petit monde.
- Scénario14/20
Bien que le scénario n'ait rien d'exceptionnel, la mise en scène des personnages est réussie et les dialogues sont souvent drôles. Un bémol cependant : une bonne connaissance de l'anglais est absolument nécessaire pour en profiter.
Très classique dans ses mécanismes de jeu, Atelier Totori s'appuie surtout sur sa galerie de personnages et sur la fraîcheur de son univers pour séduire les amateurs de RPG japonais. Est-ce que cela suffira une nouvelle fois à retenir l'attention des fans de la série ? Pas si sûr, d'autant que cette année, le soft n'a pas été traduit en français...