Les jeux sur Facebook, vous y avez déjà joué, ou vous en avez déjà eu vent, ne serait-ce que par l'intrusion des notifications de Farmville ou Mafia Wars dans votre fil d'actualités. Prenants, ces jeux consistent à effectuer quelques actions basiques requérant un clic de souris et vous poussent à vous connecter de manière régulière pour optimiser l'utilisation de vos ressources. Depuis l'avènement de ce site de réseau social, des développeurs de jeux comme Zynga ont su créer des applications à la fois addictives et profitables grâce à l'introduction de micro-transactions visant à accélérer la progression du joueur. C'est donc tout naturellement que les éditeurs de jeux vidéo plébiscitant habituellement les consoles et les ordinateurs s'y intéressent. Aujourd'hui nous allons nous concentrer sur 2K et la version Facebook du fameux jeu de Sid Meier Civilization.

Après les nombreuses itérations PC et les jeux de plateaux (le dernier étant une pure merveille), c'est donc sur Facebook que Civilization déboule aujourd'hui. Si cette plate-forme ne convient pas à tous les types de jeux, il faut admettre que le jeu de stratégie s'y prête particulièrement. Comme à l'accoutumée, on commence par construire quelques maisons, puis une ferme et une scierie afin de pouvoir attribuer une tâche à chaque villageois. La récolte de ressources sert à rendre sa cité prospère et la zone que l'on choisit pour accueillir tel ou tel bâtiment influence son niveau de rentabilité. Il est par exemple préférable de positionner les villageois le plus près possible d'un plan d'eau ou d'une forêt. Plus joyeux, ils produiront plus. Chaque type de ressource a son utilité et lorsque l'on atteint un certain niveau, un bonus est débloqué. La nourriture permet d'accroître sa population, la production sert à construire et se bâtir une armée, la science à découvrir de nouvelles technologies et la culture à débloquer les grandes personnes nécessaires à l'acquisition des merveilles. Jusqu'ici, rien de bien nouveau sous le soleil me direz-vous, mais c'est là que l'intérêt de la plate-forme Facebook pointe le bout de son nez...

Les ressources que l'on collecte ne nous sont délivrées qu'au compte-gouttes. En sus, toutes les heures, il nous est possible de récolter l'intégralité de sa capacité de production. Inutile de dire que ça ne fait pas lourd et qu'il faut s'orienter vers d'autres moyens pour accélérer son développement. C'est exactement la fonction première de trois minis jeux. Il y a un labyrinthe qui vous octroiera un bonus de science si vous parvenez en son centre, un jeu de puzzle sur fond d'œuvres d'arts pour glaner des points de culture et un jeu de caravane façon Pipe Dream pour récupérer un peu d'argent. Cette couche de gameplay supplémentaire apporte un zeste de variété bienvenu, mais ce n'est pas tout. Chacun de ces passe-temps est lui aussi limité d'une façon ou d'une autre. Une période de rechargement de dix minutes est nécessaire pour la caravane, quant aux deux autres, ils sont intimement liés à la production de votre cité pour bénéficier de points d'action. Du coup, les traders en herbe pourront laisser libre cours à leur génie capitaliste dans le marché du jeu, achetant et vendant au meilleur prix matières premières, unités militaires et autres ressources secondaires à but spéculatif.

Une fois cette partie du jeu découverte, on appréhende le concept social avec les alliances entre joueurs pour se fédérer en civilisation. Le but est de travailler ensemble sur des recherches scientifiques, de bénéficier des merveilles construites en commun et bien évidemment de faire la guerre aux autres groupes de joueurs. S'il est possible de rejoindre n'importe quelle alliance (tant que cette dernière ne dispose pas du nombre maximum de joueurs), on ne peut pas faire ce que l'on veut pour autant. Une véritable hiérarchie au mérite y règne, et les postes des six ministères s'y échangent au rythme des actions les plus notables des membres. Si vous avez placé une de vos grandes personnes afin de construire une merveille et que cette dernière se réalise, vous avez des chances de devenir ministre de la culture. Cette position vous donne le droit de placer autant de grandes personnes que vous voulez alors qu'auparavant vous étiez limité à une. Chaque ministère apporte un bonus du même type et requiert certaines conditions pour l'obtention de ce poste hautement convoité.

Les unités miliaires sont représentées par des cartes. Chaque unité possède une force d'attaque et une valeur défensive. Lors de l'annonce d'une bataille, les membres de chaque civilisation disposent de neuf heures pour placer leurs troupes sur le champ de bataille. Une guerre se joue au tour par tour, alternant phases d'attaque et de défense. Lorsque la bataille débute et tout au long de celle-ci, chaque joueur peut modifier l'attitude de ses unités. Normal, fortifié ou héroïque sont les options disponibles. Pour optimiser ses actions et minimiser ses pertes, il faut constamment veiller à ce que ses troupes soient héroïques pour les phases d'attaque et fortifiées pour les tours de défense. Seul le ministre de la défense est habilité à modifier l'attitude des troupes des autres joueurs. Il est donc important de veiller à ce que cette responsabilité ne soit pas prise à la légère par ledit ministre. La gestion de ces échauffourées est bien pensée, mais le laps de temps accordé à chaque partie pour réorganiser ses unités est bien trop long. Il en résulte des batailles qui s'éternisent et qui paraissent plus longues si ces dernières interviennent tard le soir. Car le cœur du concept social, dans un MMO comme dans Facebook, revient à l'équation suivante : plus de temps passé à jouer, plus de chances de gagner. Logique, mais diablement chronophage, surtout si l'on aime gagner...

Une partie se termine après que les joueurs sont passés au travers des 21 époques du jeu, de l'ancien temps jusqu'à l'ère galactique. Chaque période octroie un bonus ou un malus dont il est conseillé de tirer parti. Lors de la dépression, vos marchants produisent 50% moins d'or par exemple. Le vainqueur est celui qui aura accumulé le plus de points de renommée au cours du jeu. C'est-à-dire celui ou celle qui aura fait le plus progresser sa civilisation par ses hauts faits. Une partie de civilisation dure plusieurs jours, voire plusieurs semaines selon le nombre de joueurs vraiment actifs dans chaque alliance. Pour les plus accros, il est même possible de jouer plusieurs parties en même temps ! On regrettera cependant que d'une session à l'autre, aucun témoignage de nos brillantes actions ne subsiste à part notre salle du trône, que l'on agrémente au fur et à mesure des cristaux remportés avec du mobilier façon maison de poupée. Peut-être que cela viendra avec une mise à jour, qui sait... En tout cas, le moins que l'on puisse dire c'est que les développeurs de Firaxis Games ont fait du bon boulot. Civ World est une mouture bien rodée, particulièrement addictive et qui tire parfaitement avantage de son support. Cerise sur le gâteau, l'équilibre du jeu ne se trouve pas affecté outre mesure par les micro-transactions inhérentes au modèle économique du free-to-play. Amateurs de jeux de stratégie et de collaboration entre amis dans la poursuite d'un but commun : foncez sur Facebook !