Non. Voilà une réponse simple, rapide et efficace. Rassurez-vous toutefois, nous allons développer un peu les raisons qui nous ont poussés à ce constat dans le test qui suit, mais si nous nous permettons d'être si catégoriques, c'est parce que Luvinia Online réussit l'exploit de se noyer dans tous les poncifs du genre, de bout en bout et sans aucune intention d'en sortir. En fait, c'est simple, tous les mauvais clichés qui vous viennent à l'esprit quand on parle de free-to-play sont présents dans le titre d'Outspark. Mais rentrons plutôt dans les détails.

Commençons de suite par l'absence totale de scénario. Oh allez, il y a bien un maigre background qui nous conte l'histoire d'une Grande Guerre qui a autrefois décimé les terres de Luvinia, mais vous n'en aurez rien à faire dès les premières secondes de jeu. Tout ce qu'il y a à retenir, c'est que les humains se sont fait plein d'ennemis et l'objectif est de casser du streumon pour s'en sortir. Mais avant tout, il va falloir se créer un personnage, ce qui ne devrait pas vous prendre plus de cinq secondes. En effet, quelques paires d'yeux, trois couleurs de cheveux et quatre coupes différentes sont visiblement censées être suffisantes pour créer un personnage à son image, chose possible qu'en cas de mariages consanguins sur une bonne quinzaine de générations. Miracle tout de même, vous avez le choix du sexe, ce qui double vos chances de ne pas trouver un de vos clones dès le premier écran de jeu. Pour le reste, vous pouvez opter pour l'une des six factions divisées en deux nations, un système que l'on n'a pas vraiment besoin d'expliquer.

Maintenant que vous êtes paré à démarrer la partie, encore confiant sur la suite des événements, vous vous retrouvez donc devant un premier NPC qui vous explique brièvement à quoi vous allez devoir vous en tenir pendant les prochaines heures de votre misérable vie. Oui, si le monster bashing et les quêtes redondantes sont vos plus grande crainte, bienvenue en Enfer ! Et si de nombreux free to play parviennent à s'en sortir grâce à un univers original, un gameplay accrocheur ou des idées nouvelles, Luvinia se présente comme l'étape zéro du genre. Aller au point A, parler à un NPC, aller au point B, tuer des monstres/cueillir des fleurs/parler à un autre NPC, puis recommencer. Impossible de faire plus redondant et ennuyeux. Pas une seule quête ne parvient à sortir du lot pour vous donner l'impression de vivre une histoire ou de braver les dangers. Bien au contraire, c'est le calme le plus plat qui vous enveloppe dans les bras de Morphée.

Il faut dire que le terme « strict minimum » prend un tout autre sens quand on commence à s'intéresser de près au gameplay. Tout d'abord, après vos dix premiers niveaux de découverte et de vagabondage, voilà que vous avez le choix entre un nombre ahurissant de... trois classes différentes. Certes, chacune se subdivise par la suite en deux nouvelles classes et d'autres sont apparemment prévues pour de prochaines updates, mais il y a de quoi être interloqué. Il en va de même lors des phases de combats, guère plus évoluées que le plus banal des hack'nslash. Pour vous donner une idée, il nous a suffi de cliquer sur un monstre et d'appuyer sur une, voire deux touches de raccourcis jusqu'à ce que la bête ciblée meure. Non seulement c'est déjà inquiétant en temps normal, mais quand on joue un mage, sans doute l'une des classes censées demander le plus de gestion, on pleure à chaudes larmes. Il faut dire que Luvinia Online fait partie de ces joyeux lurons qui submergent le joueur de cadeaux en tout genre à tel point qu'on se retrouve avec des centaines et des centaines de potions sans avoir rien demandé. Cool, voilà pile ce qu'il faut pour détruire toute notion de challenge pendant les 30 premières heures de jeu, si ce n'est plus. Sympa non ?

Puisque le jeu vidéo est rempli de téméraires que rien n'effraie, continuons sur notre lancée pour voir ce qui nous attend sur le long terme. Sans surprise, vous avez l'occasion de prendre un job supplémentaire comme alchimiste ou herboriste par exemple. Le principe ne casse pas trois pattes à un canard puisqu'il suffit d'un clic droit sur une fleur au milieu de nulle part, ou encore de réunir des items pour les crafter ensemble. Cela dit, c'est le cas de la plupart des free-to-play, donc on ne peut pas vraiment blâmer Luvinia pour ça. On note aussi un système de guilde appelé Famille ou encore un PVP par nation à partir du niveau 40, très peu joué pour le moment vu le faible nombre de joueurs high-level. Quelques événements spéciaux interviennent de temps en temps pour essayer de nous sortir du train-train quotidien, en vain. Le pire, c'est qu'on n'a pratiquement pas d'impact sur l'évolution de notre personnage, ce qui ne nous permet même pas de nous démarquer du voisin que ce soit par les compétences ou par les stats, réparties automatiquement. Comme quoi, clone un jour...

Le dernier cliché du mauvais free-to-play que nous n'avons pas encore exploré est l'omniprésence de l'item shop. Comme vous vous en doutez, Luvinia a encore une fois décidé de se vautrer joyeusement dans ce poncif avec le système d'upgrades d'items, qui devient subitement beaucoup plus simple si on met des vrais sous en jeu. Ce qui peut nous prendre quatre heures de farming se règle en un petit coup de carte bancaire. C'est non seulement un très net avantage pour ceux qui payent, mais cela bride aussi sévèrement ceux qui osent prendre le terme free-to-play au pied de la lettre. Enfin, pour conclure rapidement, parlons brièvement de la réalisation aux relents de gros foutage de gueule. Non seulement le titre accuse cinq bonnes années de retard sur les autres free-to-play, mais il ne fait preuve d'aucune originalité. Mieux encore, pour être sûr que vous ne vous rendiez pas trop compte du vide qui vous entoure, la caméra ne peut pas être placée au niveau du sol, ce qui vous interdit de voir autre chose que ce qu'il y a autour de vos pieds sur les vingt prochains mètres. Bref, pas la peine d'aller plus loin, Luvinia Online souffre de tous les maux existants dans les MMORPG gratuits, histoire de donner des munitions aux détracteurs d'un genre qui recèle pourtant de petites perles sympathiques.