1992. Eh oui, c'était il y a presque vingt ans que la Super Nintendo faisait son apparition en France ! Dans son line-up de sorties, parmi seulement quelques jeux, on y retrouvait Super R-Type, shoot'em up de l'espace développé par le studio Irem. Successeur de R-type I et II, commercialisé en bornes d'arcade et sur micro-ordinateurs, Super R-Type avait la dure tâche de faire office de tremplin pour la nouvelle console de Nintendo. Alors, jump de l'espace ou flop intergalactique ?
Fils spirituel de Gradius, ambassadeur du genre, R-Type comble à sa sortie les amateurs nippons de shoot'em up sur bornes arcades fin des années 80. Adapté ensuite sur de nombreux supports, de la Commodore 64 à l'Arari ST en passant par l'Amstrad, les prémices de la série remportent un succès tant auprès des joueurs que de la critique. Il était donc logique que Super R-Type reprenne les mêmes ingrédients que ses aînés afin d'offrir aux Européens une expérience similaire.
Comme il est de coutume dans le jeu de shoot à l'époque, le scénario tient en une phrase. Bydo, un empire extraterrestre machiavélique veut étendre son territoire spatial et nous seul, à bord du vaisseau R9, pouvons l'en empêcher et restaurer la paix dans l'univers. Comment ? En tirant sur tout ce qui bouge pour parvenir aux boss de fin des sept stages que comporte le jeu. Vous l'aurez compris, l'intérêt ne vient pas de l'originalité scénaristique mais davantage de son gameplay : inspiré, nerveux et addictif.
Afin de parvenir à terrasser les hordes d'ennemis, des power-up sont disséminés au sein des niveaux. L'objectif est d'en ramasser plusieurs à la suite sans mourir afin d'obtenir une puissance destructrice de plus en plus importante. Disposant au départ de lasers peu puissants, notre R9 peut alors étoffer son arsenal de doubles lasers circulaires, de canons à bombes, de boules de feu en arc de cercle, de missiles à tête chercheuse, de plusieurs lasers qui se reflètent partout sur le décor ou encore… de toutes ces armes en même temps ! Multiplier les power-up devient rapidement une priorité afin de survivre dans cet enfer spatial. En plus de ces améliorations, il est possible de déclencher une décharge surpuissante en maintenant la touche de tir enfoncée pour la relâcher lorsque la jauge d'énergie est remplie à son maximum. Ajoutons à cela les bonus de vitesse qui augmentent la rapidité avec laquelle le R9 se déplace, pratique pour éviter plus facilement les troupes extraterrestres, et le module supplémentaire qui s'avère sans doute l'upgrade le plus précieux. Attaché au R9, il lui offre une protection latérale grâce à son indestructibilité tandis que détaché, il confère une deuxième source de shoots de l'endroit où il se trouve. Il est également possible de le fixer à l'arrière pour détruire les ennemis dans son dos pendant que le vaisseau tire droit devant. Ces différentes possibilités offrent un côté stratégique bienvenu pour mieux anéantir les adversaires qui déferlent dans tous les sens. Pour terminer, deux petits modules additionnels gravitant en haut et en bas du R9 peuvent le protéger et envoyer des missiles à tête chercheuse sur les opposants les plus éloignés. Attention toutefois, la destruction du vaisseau qui survient au moindre contact avec les ennemis ou le décor vous fera, en plus de recommencer le niveau depuis son début, perdre tous ces power-up durement acquis. Vous trouvez cela dur ? Eh bien, ce n'est qu'un euphémisme.
En effet, la difficulté herculéenne omniprésente dès le troisième stage confère au jeu un défi presque rebutant. Aucun point de sauvegarde ne se trouve au sein des niveaux. Si bien qu'une fois parvenu au boss avec grande difficulté, si celui-ci réduit le R9 en poussière, ce qui arrive huit fois sur dix tant ils sont coriaces, retour direct à la case départ au début du niveau. Et ce, nu comme un verre de l'espace, car tous les upgrades auront disparu ! Autant dire que malgré les « Continue ? » infinis, il n'est pas rare d'éteindre sa console par rage… Grande erreur car aucune sauvegarde n'est possible et toute la progression est effacée une fois la console éteinte ! Dépression vidéoludique garantie ! Parvenir à la fin de Super R-Type n'est possible que grâce à la persévérance, la témérité, voire la folie ! Trois niveaux de difficulté sont proposés. Le mode facile est à proscrire pour un challenge digne de ce nom, tandis que le mode normal propose déjà un défi olympien pour les joueurs les plus doués. Pour les plus intrépides, le mode hard aura raison de toute vie sociale pour en voir la fin et offre une fois terminé (par un 1% de la population) un mode pro qui en termes de difficulté revient à jouer à Guitar Hero avec les pieds ou à Super Mario Bros les yeux bandés.
Graphiquement, le jeu à sa sortie en impose. Bien que colorés, les niveaux possèdent un charme glauque, apparenté à Alien. Notons que quatre stages proviennent directement de R-Type II et que les trois autres sont propres à cette suite. Le level design, déjà sans fausse note dans les précédents volets, présente à nouveau des niveaux, certes sobres, mais d'excellente facture. Il est regrettable toutefois que le jeu souffre d'importants ralentissements, la Super Nintendo ayant bien du mal à afficher un trop grand nombre d'éléments en même temps. Plutôt ennuyeux pour un jeu qui joue sur la surenchère d'ennemis et sur un arsenal pétaradant. L'ironie est que ce défaut, omniprésent il faut le reconnaître, devient une aide pour certains boss, en amoindrissant leur vitesse et la rapidité de défilement horizontal de l'écran. Ces boss n'en restent pas moins résistants, impressionnants et diversifiés et le thème musical qui accompagne leur confrontation est tout simplement culte. Par contre, si la musique impressionne, certains bruitages agressent quelque peu les tympans, comme par exemple les cascades d'eau qui résonnent comme des mini-explosions en chaîne ou une foreuse un peu folle…
Malgré ces quelques défauts, Super R-Type remplit encore à l'heure actuelle son office de shoot'em up spatial de grande qualité. Apportant sa pierre à l'édifice du genre sans être toutefois novateur, baignant dans une ambiance cosmique devenue culte, le titre du studio Irem propose au joueur chevronné un des défis les plus palpitants et ardus de l'histoire du jeu vidéo.
- Graphismes15/20
Pour l'un des premiers jeux de la Super Nintendo, Super R-Type est plaisant à regarder. L'arsenal diversifié offre de belles escarmouches galactiques et les explosions, bien que simples ont un rendu sympathique. L'univers glauque est cohérent d'un bout à l'autre de l'aventure et nous offre des boss de fin de niveaux mémorables. Le gros défaut du soft reste ses ralentissements omniprésents qui entachent l'animation générale du soft.
- Jouabilité17/20
Gros point fort du titre, la prise en main du vaisseau est immédiate. Le R9 répond au doigt et à l'œil, il esquive facilement, tire sans temps mort et les multiples power-up se déclenchent frénétiquement. Le module supplémentaire détachable offre un petit côté stratégique plaisant et la possibilité de déclencher une décharge surpuissante confère au tout une dynamique parfaite. Sans les ralentissements inhérents au soft, sa jouabilité friserait la quasi-perfection.
- Durée de vie14/20
Malgré la présence de seulement sept niveaux, la grande difficulté du titre peut proposer de nombreuses heures de challenge pour en voir le bout. Le défi olympien qui consiste à terminer le soft dans ses modes les plus durs peut prendre une vie… Toutefois, en mode facile ou normal, un joueur expérimenté peut parcourir le jeu en une petite demi-heure.
- Bande son18/20
Certains thèmes, et particulièrement celui des boss, sont tout simplement mémorables. La musique s'adapte parfaitement à l'ambiance et confère à l'univers une grande cohésion. Néanmoins, quelques bruitages peinent à convaincre sans souiller outre mesure une bande-son d'exception.
- Scénario/
Super R-Type ne parviendra sans doute pas à accueillir les faveurs de certains joueurs qui s'en détourneront rapidement à cause de sa (trop ?) grande difficulté et de ses ralentissements incessants. Toutefois, certains lui voueront un culte sans précédent, tant son challenge, son univers fascinant et sa musique exceptionnelle lui attribuent des airs de jeu culte dès sa sortie. A (re)découvrir d'urgence pour les joueurs avides de défi herculéen tant cette joute galactique peut scotcher devant la console de nombreuses heures, jours, mois ou années… Car bien que sorti sur Super Nintendo, Super R-Type, c'est plus fort que toi !