Adapté sur de nombreux supports, la série des Bubble Bobble a conquis dès ses débuts le cœur de nombreux joueurs… et joueuses ! En effet Taito, la boîte à l'origine de la saga, a l'idée en 1986 d'offrir aux garçons un titre fun, corsé mais très Kawaii, et donc susceptible de plaire à leurs chères et tendres pour des parties multijoueurs en amoureux sur borne d'arcade. De là, nait Bubble Bobble, l'ainé d'une franchise qui s'étoffera grâce à maintes suites dont certaines sortiront sous d'autres noms ; Rainbow Islands, Parasol Stars et autre Bubble Symphony. Sorti plus tard sur la NES de Nintendo en 1988, voyons comment le titre et ses deux petits dragons ont attendri le cœur des demoiselles (mais aussi de leur golden boy!)
Deux jeunes garçons, Bub et Bob sont transformés en dragon (tout Kawaii…) après l'enlèvement de leur promise par l'infâme et terrible Baron Von Blubba. Accompagnant leur transformation, un pourvoir leur est offert. Celui de cracher des bulles… d'eau ! De grands pouvoirs amenant de grandes responsabilités, les voilà bien décidés à parcourir les 100 niveaux qui les séparent de leur belle afin d'en découdre avec le véritable méchant de l'histoire, le diabolique Drunk.
Chaque niveau se présente en un seul écran/tableau composé de diverses plates-formes. Seul ou à deux joueurs, il faut les gravir afin de rejoindre les ennemis pour les capturer dans des bulles et les faire éclater. Le but est de vider l'écran de toutes ses bêbêtes pour accéder au level suivant. Si de prime abord cela paraît mignon et simple, de nombreux éléments viennent corser la progression de nos dragons. A commencer par un décompte temporel invisible à l'écran. Après environ une trentaine de secondes, une sirène retentit et les ennemis redoublent de vitesse et d'agressivité. A peine plus tard le thème musical s'accélère soulignant, à l'image du thème de Jaws pour l'apparition du requin, l'arrivé du Baron Von Blubba. Indestructible, ce dernier nous pourchasse sans relâche, la ténacité galopante au fur et à mesure que le temps s'écoule. Le moindre contact avec lui, comme avec tous les ennemis, est synonyme de trépas. On comprend rapidement que dans chaque niveau la priorité absolue est de se débarrasser au plus vite des adversaires pour éviter cette interminable traque de Von Blubba parmi des adversaires survoltés. Plus on avance dans le jeu, plus le bestiaire se diversifie et corse notre progression. Après les simples petits jouets mécaniques plus bêtes que méchants, on croise des sorciers qui lancent des rochers, des vaisseaux typés Space Invaders qui tirent leurs missiles vers le bas de l'écran, des bestioles folles sur ressort ou encore des espèces de baleines volantes survitaminées. Plus on progresse, plus ces ennemis se mélangent, augmentant la difficulté qui va crescendo.
Pour faciliter le labeur de Bub et Bob, de très nombreux bonus jalonnent les stages. Des bulles spéciales qui jettent du feu, de l'eau ou des éclairs, apparaissent généralement lorsqu'un niveau ne peut être terminé sans leur aide. Les croix magiques quant à elles, selon leur couleur, noient tous les ennemis, octroient des boules de feu qui tuent les adversaires sans avoir besoin de les « embuller » ou font jaillir d'énormes éclairs qui pleuvent en rafale pour tout exterminer. D'autres items permettent de renforcer ou d'aider encore les dragons ; les chaussures augmentent leur rapidité ; les bonbons accroissent soit la portée, la vitesse ou la cadence des bulles projetées ; des bulles H2O une fois éclatées partent en cascade emportant les ennemis sur leur chemin ; les potions ou autres bouquins magiques explosent tout ; les parapluies font survoler jusqu'à sept levels, etc. Il existe bien d'autres items et en plus du fun qu'ils procurent, ils confèrent une grande diversité au gameplay qui accompagne les tableaux savamment architecturés.
En effet, le level design, plein de charme et de clins d'œil à la série ou aux autres productions de Taito, est en général d'une efficacité sidérante. Une des particularités est la présence courante d'un ou deux trous situés en bas de l'écran. Lorsque nous tombons dans ceux-ci, nous réapparaissons dans leur homologue du haut, faisant ainsi du niveau une boucle. Cette idée d'apparence toute bête apporte un côté stratégique. Nous pouvons ainsi fuir les méchants, en rejoindre d'autres haut perchés ou encore emprunter (après analyse du niveau) l'itinéraire le plus court pour tuer rapidement tous les adversaires, sachant que Von Bubbla n'est jamais très loin… Cette caractéristique de gameplay devient indissociable de certains passages où notre dragon doit anéantir ses ennemis qui traversent en chute libre inéluctable l'écran de haut en bas. Afin d'accéder aux recoins les plus éloignés, il est également possible de rebondir sur nos propres bulles en maintenant appuyée la touche saut. Ces dernières explosant après un court laps de temps, autant dire que la rapidité d'exécution est indispensable.
Bien qu'il offre donc des tableaux savoureux, le level design renferme toutefois par moment quelques inepties. Certains niveaux peuvent devenir pénibles lorsque les ennemis vont se cloitrer dans une parcelle de décor où l'on peine à accéder au vu des plates-formes bizarrement agencées. D'autres portions de décor, par exemple, bien que visibles à l'écran ne peuvent être empruntées car notre dinosaure en sautant dessus passe au travers. Idée plus que certainement assumée par les développeurs pour corser certains passages mais elle n'en reste pas moins frustrante.
Concernant l'affichage, celui de la version Nes est parfois capricieux et provoque de temps à autre des clignotements intempestifs ou fait disparaître soudainement des ennemis qui ne manquent pas, invisibles qu'ils sont, de tuer notre dragon sans que nous ne puissions rien y faire. Toutefois, ces légers bémols ne nuisent que peu à cette fidèle adaptation de Bubble Bobble qui s'offre le luxe sur Nes d'allonger un peu la durée de vie, déjà plus que correcte, en proposant quelques niveaux supplémentaires après les 100 disponibles dans la version arcade. Gageons, vu sa réédition sur console virtuelle de la Wii, que les plus jeunes d'entre nous s'y amuseront encore aujourd'hui aux côtés de leur petite copine, car ce Bubble Bobble n'a que plus de saveur en multijoueurs (et en charmante compagnie) et que les nostalgiques n'auront aucun mal à s'y replonger, la musique des niveaux tout aussi mythique qu'entêtante en guise de madeleine de Proust.
- Graphismes15/20
Sobres, colorés et mignons, les niveaux couleur bonbon sont plaisants à parcourir. La Nes n'est certes pas poussée dans ses derniers retranchements mais, hormis quelques défauts d'affichage, cette adaptation sur console reste fidèle à la version arcade.
- Jouabilité18/20
Les innombrables items et possibilités de gameplay confèrent à l'ensemble une jouabilité jouissive sans cesse renouvelée. Le level design, malin et efficace mis à part pour quelques rares tableaux alambiqués, offre une architecture différente d'un niveau à l'autre et oblige le joueur à ruser pour atteindre tous les endroits accessibles du décor. Les levels s'enchainent sans temps mort et seul, le fun est garanti tandis qu'à deux joueurs, les joutes n'en sont que plus passionnantes.
- Durée de vie17/20
Les niveaux, dont certains assez complexes, proposent une honorable durée de vie. Un système de password unique par niveau, disponible lors d'un game over, permet de reprendre l'aventure au dernier tableau parcouru. Une fois le jeu terminé, le joueur peut ainsi reprendre sa partie au level de son choix. La quête de Highs scores et les parties à deux joueurs simultanément gonflent le potentiel de rejouabilité. Un titre que l'on ressort souvent avec plaisir surtout qu'il fourmille de secrets qui ne demandent qu'à être découverts.
- Bande son14/20
Hormis les quelques petits jingles et le thème du boss de fin, une seule musique qui tourne en boucle accompagne l'intégralité des niveaux. Bien que mignonne et porteuse d'un stress jubilatoire lorsqu'elle s'accélère, certains la jugeront entêtante et migraineuse tandis que d'autres seront bercés par cette mélodie du bonheur emplie de souvenirs nostalgiques de l'ère 8bits. Les bruitages, plus nombreux, sont tous dans le ton et s'accordent parfaitement aux joutes kawaii des petits dragons.
- Scénario14/20
Niais comme il se doit, le scénario qui pourrait être écrit par un enfant de six ans, a le mérite de proposer un univers cohérent et indissociable de la série.
Bubble Bobble premier du nom pose admirablement les bases d'une franchise qui aurait pu devenir culte si certaines de ses suites ne s'étaient pas égarées. Son gameplay jouissif et sans cesse renouvelé, son univers rose bonbon au level design efficace parvient grâce à cette version Nes à attirer, en plus des garçons, le public féminin qui préfère jouer tranquillement à la maison plutôt que dans les salles enfumées. Bubble Bobble est et restera dans les mémoires comme l'un des meilleurs jeux d'arcade jouables à deux simultanément.