Après nous avoir servi un stand-alone de grande classe avec Assault Squad en février dernier, voilà que les petits gars de Best Way remettent déjà le couvert ! Cette fois cependant, les bougres ont décidé d'abandonner la Seconde Guerre mondiale pour s'attaquer au Vietnam. En outre, l'optique multijoueur est ici un peu délaissée au profit de deux campagnes distinctes à la difficulté boostée. Or si le gameplay de Men of War fait toujours des merveilles, la qualité globale de cette nouvelle production n'est peut-être pas aussi élevée que ce que nous espérions...
C'est une tradition désormais, avant de débuter le test d'un nouveau Men of War, il est nécessaire de prendre quelques secondes pour expliquer aux nouveaux venus ce à quoi il faut s'attendre de la part d'une production Best Way. En effet, comme ses aînés, le soft prône une approche tactique de la stratégie en temps réel. Ici, il n'y a pas de base à construire ni de ressources à récolter, juste des hommes à gérer. Et il faut avouer que c'est déjà bien suffisant, car il y a fort à faire pour maintenir ces derniers en vie. D'où cet avertissement préalable : réfractaires à la micro-gestion et aux niveaux hardcores, abstenez-vous purement et simplement de poser vos yeux sur le jeu. Pour apprécier Men of War, il faut aimer s'occuper finement de chaque unité et accepter de se faire écharper à la moindre erreur. Certes, certaines actions peuvent bien être réalisées de façon automatique (les soins par exemple), mais globalement c'est à vous, joueur, de prendre vos petits soldats par la main pour les mener à la victoire face à une IA "terminatoresque".
Une fois dans la bataille, la première chose à faire est d'apprendre à se déplacer correctement, c'est-à-dire en planqué. Men of War dispose en effet d'un système de couverture très complet, puisque chaque obstacle ou presque peut servir de rempart, qu'il s'agisse d'un simple tronc d'arbre ou d'une carcasse de voiture. Attention toutefois, l'environnement est entièrement destructible. Le jeu consiste donc à se mouvoir d'un abri de fortune à l'autre pour parvenir à contourner l'adversaire. Comme souvent dans le genre, les soldats ont le choix entre trois postures : debout, agenouillé ou couché. Ces choix sont accessibles via une interface complète et plutôt bien fichue, à l'exception de quelques options bizarrement reléguées dans des sous-menus. Notez aussi que la fonction de contrôle direct est de nouveau disponible et vous autorisera à diriger en personne les mouvements et tirs d'une unité, ce qui est parfois très utile.
Un autre point important du gameplay de Men of War est la gestion des munitions. Chaque balle est comptabilisée, il faut donc veiller à se réapprovisionner de temps en temps. Pour cela, il n'y a pas de secret, la meilleure solution est encore de piller les cadavres. L'interface fait là quelques emprunts au hack'n slash, avec des touches permettant d'afficher en surbrillance les corps et les objets tombés au sol, et un inventaire découpé en cases pour ranger les armes. Best Way fait tout de même quelques concessions au réalisme dans ce domaine, puisqu'il est tout à fait possible qu'un troufion se trimballe un fusil, deux mitrailleuses et dix grenades sans broncher. Surtout, les munitions sont compatibles d'une armée à l'autre : si vous manquez de balles pour vos mitraillettes soviétiques, celles des américains feront parfaitement l'affaire. Un choix compréhensible mais qui fera grincer quelques dents chez les "simulationnistes" les plus pointilleux... Bref, l'essentiel, c'est que vous ayez compris le principe, alors abordons maintenant ce que propose vraiment Vietnam.
Même si Best way a donc finalement délaissé la Seconde Guerre mondiale, cela ne veut pas dire que ce nouveau titre n'entend pas coller au plus près de la réalité historique. En effet, offensive du Têt, piste Hô Chi Minh, delta du Mékong et bases arrière Viêt-Cong du Laos et du Cambodge seront les terrains de jeu proposés pour les deux campagnes solos distinctes du soft, pour un total assez limité de 10 missions. D'un côté, la campagne américaine met en scène quatre soldats d'élite qui, en fonction des missions, seront soit livrés à eux-mêmes, soit accompagnés de combattants sud-vietnamiens et troupes yankees. De l'autre, la campagne nord-vietnamienne introduit deux consultants soviétiques accompagnés de deux soldats nord-vietnamiens qui chercheront par tous les moyens à regagner leur camp en traversant les lignes ennemies. Il est d'ailleurs à noter que sur ce point, les concepteurs collent parfaitement à la véracité historique, car si l'Union Soviétique n'a officiellement pas participé au conflit, elle a bel et bien dépêché des consultants auprès des troupes nord-vietnamiennes.
Dans les deux cas, la jungle constitue l'élément qui différencie le plus ce nouveau volet de ses aînés. Effectivement, c'est en général la façon dont vous aborderez cette dernière qui déterminera l'issue des missions. Elle sert à se dissimuler des hélicoptères en patrouille, à approcher discrètement les adversaires ou les bunkers, à s'introduire dans un camp pour effectuer des missions de sabotage ou voler du matériel. Seulement attention, cette jungle réserve bien des dangers, comme ce fut le cas dans la réalité. On sera en effet confronté aux snipers qui hissés sur des arbres éliminent tout ce qui passe, aux tunnels qui dissimulent des combattants adverses, aux pièges de bambous mortels confectionnés par les Viêt-congs. Vous l'aurez donc compris, le titre draine un caractère infiltration assez prononcé, même si cet aspect n'est pas forcément présent dans la totalité des missions. Chars et pièces d'artillerie seront aussi de la partie pour des épreuves consistant à défendre une position. Les hélicoptères, quant à eux, seront présents mais en soutien seulement, on ne les pilotera pas.
Evidemment, côté arsenal et matériel militaire, rien n'est plus comme avant et les concepteurs s'en sont donné à cœur joie : fusils d'assaut M14 et M16, pistolet mitrailleur M3A1, mitrailleuse M-60, Kalachnikov, AK-47, lance-roquettes RPG-2, arme antichar M-72 LAW, mine M-18 Claymore, lance-grenades et grenades en tout genre, chars d'assaut, véhicules de transport etc. Là aussi, Best Way est fidèle à sa réputation. Mais au-delà de ce travail d'orfèvre, Men of War : Vietnam souffre tout de même d'un sérieux problème : à ne nous donner le commandement que d'une petite escouade dans l'essentiel des missions, on a plus l'impression de jouer à une version hardcore de Commando qu'à un STR. La plupart du temps, vous ne commanderez en effet qu'une petite troupe de 4 ou 12 hommes, face à des tripotées d'adversaires qui vous repèrent de très loin, tirent tous comme des snipers, entendent les coups de feu expédiés avec des silencieux et vous explosent parfois en à peine trois secondes... Du coup, la progression en devient excessivement hachée, reposant davantage sur une succession d'échecs et de rechargements de sauvegardes que sur de la stratégie à proprement parler. Au fond, le gameplay de Men of War, même si centré sur la gestion précise de chaque troufion, ne convient pas à ces opérations d'infiltration.
Le problème vient également de l'IA, mal adaptée à ce type de parties. On se retrouve parfois avec des ennemis qui après une fusillade bien violente et un repli de votre part, abandonnent la chasse et en reviennent à leurs rondes de base, comme si de rien était. On a donc souvent l'impression d'être battu par le nombre et la puissance démesurée de l'ennemi, mais pas parce qu'on aura particulièrement mal joué. En outre, nos propres troufions ne réagiront pas toujours très bien, changeant parfois d'arme sans qu'on leur ait rien demandé, optant pour des positions qu'on n'a pas demandées ou se montrant incapables de se rendre compte qu'un troufion adverse leur tire dans les fesses alors qu'il se trouve à découvert, 5 mètres derrière eux...
On appréciera toutefois de savoir que toutes les missions des deux campagnes peuvent être jouées en coopération avec 3 autres joueurs. Une option qui permettra de contrebalancer dans une certaine mesure l'extrême difficulté du jeu. D'ailleurs, certaines missions ne peuvent être correctement terminées qu'en coop. Hélas, le online n'est pas très stable, provoquant des déconnexions régulières et des soucis de lag. Peut-être y a-t'il également des soucis de compatibilité entre les joueurs ayant acheté la version de base de Vietnam et ceux qui ont en plus téléchargé le pack de contenu supplémentaire proposé par Best way. En somme, le titre paraît bien moins fini que ses prédécesseurs, au point de donner parfois l'impression d'en être resté au stade d'une version alpha. Frustrant, pas très bien équilibré, souffrant de nombreux problèmes techniques et offrant un contenu peut-être moins aguicheur que les précédents opus (pas d'Escarmouche par exemple). On ressort donc un petit peu déçu de l'expérience, malgré le vent de fraîcheur apporté par ce nouveau contexte. Peut-être que Best Way aurait dû prendre un peu plus de temps avant de sortir son nouveau bébé car le soft manque le coche en raison d'un gros manque de finition. Dommage.
- Graphismes15/20
Au-delà de ses soucis techniques et de ses immondes cinématiques, ce nouveau Men of War parvient à donner une véritable consistance à la jungle vietnamienne. On apprécie de pouvoir évoluer dans une végétation étouffante tout en profitant des superbes animations et effets déjà avancés en grande partie dans Assault Squad. Le résultat est donc plutôt convaincant mais reste toutefois assez gourmand.
- Jouabilité12/20
Dans ce nouveau Men of War, on se contente de contrôler de minuscules poignées de combattants confrontés à des hordes interminables de troufions. De STR pur et dur, le jeu ne donne plus finalement que dans l'infiltration hardcore et troque sa dimension tactique contre le concept déplacé du "try and die". Ajoutons à cela une IA qui n'est pas foncièrement adaptée à ce type de gameplay et on ne peut finalement que ressentir une grosse déception en ressortant de l'aventure.
- Durée de vie14/20
Vietnam se décompose en deux campagnes de 5 missions chacune, des missions qui vous résisteront pas mal de temps et qui pourront de surcroît être traversées à 4 en coopération. Mais on fond, le jeu se révèle tellement frustrant qu'on a souvent l'impression de passer plus de temps à tenter des trucs au pif et à recharger des sauvegardes qu'à combattre. Dans ces conditions, même si le soft dispose d'une bonne durée de vie, on risque de se lasser avant d'en voir le bout. Sachez en outre que le soft ne propose pas de mode Escarmouche.
- Bande son14/20
Encore une fois, les musiques guerrières s'avèrent somme toute assez génériques, mais les bruitages et les voix (en anglais uniquement) sont de très bonne facture. Mention particulière pour le son des obus qui déchirent l'air avant d'aller éparpiller les troupes lors d'explosions fort satisfaisantes.
- Scénario13/20
Les différentes missions proposées sont bien fichues et reposent sur une base historique solide. Au-delà du "scénario" de chaque mission, on appréciera surtout la cohérence du travail de Best Way ainsi que l'ambiance qui se dégage de l'ensemble.
Habitués à de bons gros STR de qualité, nous ne pouvons qu'être un peu déçus par l'approche adoptée par Best Way sur ce nouvel opus. En effet, en proposant au joueur de ne commander qu'une poignée de troufions dans chaque mission et le confrontant à des centaines d'ennemis, le studio a transformer son titre en un jeu d'infiltration hardcore qui oublie sa dimension stratégique au profit de la bonne vieille technique du chargement de sauvegardes. Frustrant, bancal, buggé, peu équilibré, le soft ne peut vraiment s'apprécier qu'en coopération, mais encore faudrait-il que le mode fonctionne correctement ! En somme, Men of War : Vietnam manque clairement de finition ce qui l'empêche d'égaler ses prédécesseurs. On espère que Best Way rectifiera le tir pour son prochain volet !