Ces derniers temps, les hack'n slash ont tendance à se bousculer sur le Xbox Live Arcade, pour le plus grand plaisir des amateurs du genre. Mais contrairement à Torchlight, qui allait chasser sur les terres de Diablo, Crimson Alliance est un Gauntlet-like pur jus, dont les mécanismes évoquent résolument ceux de la fameuse série d'Atari, reprise par Midway à la fin des années 90. La formule fonctionne-t-elle toujours aussi bien ?
Sorti du sympathique Age of Booty, on connaissait surtout Certain Affinity, un studio fondé par des ex-Bungie, pour ses packs de maps dédiés aux séries Halo et Call of Duty. La société texane a pourtant décidé de se lancer dans un projet très différent : un hack'n slash permettant de coopérer en local ou sur le Live avec trois autres joueurs. Mais plutôt que de prendre des risques inutiles, elle a préféré s'appuyer sur une formule qui a fait ses preuves : celle de Gauntlet, reproduite à la virgule près. Si vous avez surtout l'habitude de pratiquer des hack'n slash modernes du style Diablo, soyez averti que le gameplay de Crimson Alliance, très arcade (et d'ailleurs doté d'une dimension scoring), réduit l'aspect jeu de rôle à sa plus simple expression. Vous n'y trouvez notamment pas la moindre quête, sans compter que l'évolution de votre personnage, particulièrement basique, se résume pour l'essentiel à endosser les équipements trouvés dans les coffres ou acquis chez les marchands avec l'or glané dans les niveaux. Mais les mécaniques de jeu, entièrement tournées vers le nettoyage de salles infestées de monstres, dégagent un fun immédiat, d'autant que l'action frénétique est ponctuée par la découverte de zones secrètes et par la résolution de petits puzzles, ouvrant droit à des récompenses.
Comme dans tout Gauntlet-like, l'histoire est un peu en retrait, même si les concepteurs de Certain Affinity ont souhaité conserver une vague trame scénaristique. Narrée par le biais d'images fixes quelque peu répétitives et d'une traduction française manquant sacrément de sérieux, elle nous conte l'association de trois aventuriers partis défier la menace qui pèse sur le monde. Vous ferez donc la connaissance de Direwolf le magicien, de Gnox le mercenaire et de Moonshade l'assassin, chacun doté de capacités spécifiques. Proposé à la base en téléchargement gratuit, Crimson Alliance vous permet d'essayer librement les trois archétypes disponibles sur les premiers niveaux du jeu. Si l'expérience vous a paru concluante, vous avez alors la possibilité d'acquérir indépendamment chaque classe pour 800 MS points, ou de les débloquer toutes à la fois pour 1200 MS points. Ce système pourra paraître un peu vicieux aux joueurs économes qui n'opteront que pour l'achat d'un personnage en particulier, avant de le regretter et de se voir alors contraints de payer le reste du jeu à prix fort, ne serait-ce que pour permettre à leurs amis de profiter d'une autre classe que la leur dans une session coopérative en local. A contrario, les joueurs qui ne se seraient de toute façon pas servis des autres types de personnages seront ravis de ne pouvoir payer leur jeu que 800 MS points. C'est le paradoxe des jeux en kit, sachant que le modèle économique de Crimson Alliance inclut également l'achat possible d'or virtuel contre des MS points, ce qu'il aurait pu nous épargner.
Chaque classe propose un gameplay spécifique, basé sur plusieurs aptitudes accessibles dès le début du jeu. Ainsi, le mercenaire peut porter deux types d'attaques ou donner un coup de bouclier, le magicien peut envoyer un éclair de feu, geler ou étourdir ses adversaires, et l'assassin peut porter un coup classique ou paralysant, ou encore lancer des poignards. La puissance de ces capacités peut être améliorée via les équipements trouvés tout au long de la progression : à vous de sélectionner ceux qui vous permettront de vous spécialiser ou au contraire de vous assurer la polyvalence souhaitée. Chaque personnage possède également un coup spécial - le guerrier tournoie sur lui-même, le mage invoque la foudre et l'assassin ralentit le temps - déclenchable une fois que la jauge dédiée est pleine ; il peut être amélioré avec les ancres trouvées dans les niveaux, de même que l'énergie vitale qui croît à mesure que vous récupérez des réceptacles de cœurs. Enfin, quelques consommables peuvent être utilisés pendant les combats, dont un gigot permettant de leurrer les monstres ! Très classique, l'ensemble fonctionne toutefois remarquablement bien, à quelques maladresses près. L'affectation des sorts du mage aux boutons colorés du pad 360 (jaune pour la glace, bleu pour le feu et rouge pour l'électricité) n'est pas très judicieuse. De même, si le jeu en coopération s'appuie sur une bonne complémentarité entre les différentes classes, l'équilibrage en termes de puissance est à revoir : il est tout de même étrange de voir un mage foudre mieux tenir au corps-à-corps qu'un mercenaire.
Au rayon des errements, on pointera également la difficulté assez mal dosée, qui pousse le joueur à la monter d'un cran afin de conserver un minimum de challenge lorsque son personnage devient surpuissant. La progression est constituée d'une douzaine de niveaux proposant chacun de 15 à 30 minutes de jeu et secondée par quelques défis qui prennent la forme d'une arène consistant à résister à plusieurs vagues d'adversaires. Si on y ajoute les haltes chez les marchands, on obtient une durée de vie d'environ 4 à 5 heures, ce qui est loin d'être exceptionnel, d'autant que la redondance propre au genre est ici décuplée par un bestiaire trop répétitif (les boss, notamment). Le potentiel de rejouabilité de Crimson Alliance reste toutefois intéressant car les niveaux, particulièrement bien conçus, regorgent de zones cachées et de bonus à débloquer, sachant toutefois que certaines portes secrètes ne peuvent être ouvertes que par un personnage donné et que la plupart des puzzles ne peuvent être résolus qu'à deux en coopération, deux restrictions un tantinet frustrantes. Mais la replay value du jeu tient aussi à son aspect scoring prépondérant, qui permet de partager ses réussites sur le Live. Sur le plan de la réalisation, le jeu de Certain Affinity se révèle plus inégal : si le rendu visuel est plutôt satisfaisant, il vous faudra composer avec une bande-son aussi pauvre que décalée. Mais aucun des défauts relevés tout au long de cet article ne devrait vous gêner outre mesure : si vous êtes un amateur de hack'n slash old-school, vous auriez tort de bouder votre plaisir.
- Graphismes15/20
Les environnements sont détaillés, truffés d'interactions et plutôt jolis pour peu que la caméra ne se rapproche pas trop de l'action. On notera toutefois quelques ralentissements occasionnels. La variété des décors est appréciable même si le passage dans l'environnement désertique est trop long.
- Jouabilité15/20
Très inspiré de Gauntlet, le gameplay a déjà eu l'occasion de faire ses preuves. On apprécie la complémentarité entre les classes, mais on regrette leur équilibrage perfectible. La jouabilité est correcte en dépit de quelques maladresses, mais la difficulté n'est pas suffisamment progressive.
- Durée de vie14/20
Crimson Alliance offrira 4 à 5 heures de jeu à quiconque relèvera tous les défis et explorera les zones à fond. Ce n'est pas exceptionnel mais c'est déjà deux fois plus qu'un Warhammer 40 K : Kill Team, sans compter que la possibilité de jeu en ligne et l'aspect scoring jouent en sa faveur.
- Bande son10/20
Si les bruitages sont de bonne facture, l'aspect musical est une vraie déception. Les rares thèmes qui se font entendre, parfois en décalage (volontaire ?) avec l'ambiance du jeu ne durent pas plus de quelques secondes. Le musicien de Certain Affinity (s'il existe) serait-il resté en vacances ?
- Scénario/
Contée par le biais de quelques images fixes très répétitives et traduite avec une certaine liberté, l'histoire a le mérite d'exister mais nous n'irons pas jusqu'à la sanctionner par une note.
Crimson Alliance est un Gauntlet-like de bonne facture, dont le gameplay devrait plaire à tous les amateurs de hack'n slash à l'ancienne. Peu intéressant en solo, le titre vaut surtout pour son mode coopératif en local ou en ligne qui permet de profiter de la synergie entre les classes de personnages disponibles. Il serait donc dommage de s'arrêter à son modèle économique discutable ou à ses quelques défauts, et de ne pas profiter de sa formule certes classique, mais toujours aussi efficace.