Affûtez votre baïonnette et faites le plein de votre tronçonneuse, vous aurez des tranches de Locustes et de la bouillie de Lambents au dîner ce soir ! Les Gears reprennent du service et ils ont besoin de vous pour tenter une dernière fois de sauver l'humanité. Vous avez une impression de déjà-vu et vous avez peur qu'on vous serve une soupe qui a un goût de réchauffé ? Détrompez-vous, ce troisième opus risque bien de vous surprendre et il surpasse même ses aînés sur un bon nombre de points.
Est-il encore nécessaire de présenter la série des Gears of War ? La licence est devenue un grand classique du TPS et a même inspiré bon nombre d'autres productions, à tel point que l'on peut se demander aujourd'hui si elle n'a pas donné naissance à un sous-genre particulier. Le premier épisode est sorti près d'un an après le lancement de la Xbox 360 et il s'est rapidement imposé comme le titre de référence qui montrait ce que la console avait véritablement dans le ventre. En débarquant il y a deux ans, le second opus a encore repoussé les limites et nous a prouvé que l'on pouvait accoucher d'une aventure encore plus intense et plus impressionnante. Cette suite se montrait aussi plus sombre que son aîné et une nouvelle menace venait s'ajouter aux attaques des Locustes : les terribles Lambents, des sortes de mutants jaunâtres qui explosent en rendant l'âme. Le seul moyen trouvé par les Gears pour limiter cette double invasion passait par le sacrifice de la ville de Jacinto qui était pourtant le dernier bastion de l'humanité. Les survivants n'avaient alors plus qu'à prendre la mer pour chercher refuge sur des îles...
Ce troisième épisode nous transpose deux ans après la catastrophe de Jacinto. La CGU est plus ou moins dissoute de facto depuis la disparition du président Prescott. Les îles sur lesquelles les Gears avaient trouvé refuge ont à leur tour été victimes de l'invasion Lambent. Voilà donc nos héros forcés de remonter sur leurs bateaux pour tenter de se faire une petite place sur le continent. Le scénario débute avec le retour surprise de Prescott, et ce dernier n'est pas arrivé les mains vides puisqu'il apporte un enregistrement prouvant que le père de Marcus est bel et bien vivant. Evidemment, c'est aussi le moment choisi par les Lambents pour lancer une attaque d'envergure sur le navire... Ces monstres éclosent directement arme à la main sur d'énormes tiges qui surgissent du sol. On a donc droit à un démarrage sur les chapeaux de roue qui nous en dit long sur le rythme de ce nouvel opus. Les anciens de l'escouade Delta répondent présents au rendez-vous : ils vont naturellement partir à la recherche du père de Marcus et encore une fois essayer de sauver le monde au passage.
Ce pitch vous semble convenu et vous fait sourire ? Vous auriez tort de vous moquer, le second épisode nous livrait déjà un scénario qui tenait la route et ce troisième opus enfonce le clou en nous proposant son lot de révélations. La campagne comporte juste assez de zones d'ombre sur les aventures de certains membres de l'équipe pour laisser de la place à quelques chapitres supplémentaires en DLC... Cette campagne est peut-être un peu moins spectaculaire que celle du volet précédent, mais elle est certainement plus intense. On a tout de même droit à un épisode riche, une forme d'apothéose qui clôture parfaitement l'intrigue amorcée avec le premier volet de la série. Attention, ce troisième opus n'appelle clairement pas de suite, mais ça ne signifie pas pour autant la fin de la licence. Il y a clairement encore de quoi nous concocter une préquelle en nous plongeant par exemple dans les Guerres Pendulaires ou pendant les événements de l'Emergence Day... Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs et prenons pour l'instant le temps de profiter de la campagne de ce Gears of War 3. Cette dernière s'avère d'ailleurs un poil plus longue que les précédentes et vous occupera une dizaine d'heures durant pour vous trimballer dans des environnements particulièrement variés.
La grosse nouveauté de cette campagne est naturellement d'être jouable en coopération à quatre en ligne. Du coup, même quand vous vous lancez en solo, vous avez toujours droit à l'appui de trois coéquipiers. Les équipes d'Epic Games en ont naturellement profité pour rehausser le niveau des affrontements. En clair, attendez-vous à en prendre plein la figure ! On remarque au passage que les IA alliées font bien leur part du boulot, mais, si vous êtes du genre autoritaire, vous pouvez tout simplement marquer les cibles prioritaires pour qu'elles vous en débarrassent. Ces petits collègues s'avèrent aussi bien utiles car vous pouvez piquer les armes qu'ils portent. Ils se transforment ainsi en véritables petites armureries ambulantes. D'un point de vue purement technique, on reste forcément bouche bée devant les environnements traversés qui sont à la fois plus colorés, plus vivants et plus variés que ceux des précédents opus. C'est une vraie réussite au niveau des graphismes même si les visages manquent toujours d'expressivité. Seule petite ombre au tableau, nous avons pu constater quelques ralentissements lors de la campagne mais ces derniers ont disparu lorsque nous avons installé le jeu sur le disque dur et que nous sommes revenus dans ces chapitres... On peut donc difficilement tenir rigueur au titre de ce léger détail.
En termes de gameplay pur et simple on retrouve bien entendu les fondamentaux de la série. Pas de surprise, c'est toujours aussi bourrin et il faut toujours prendre garde de rester à couvert quand les balles fusent de tous côtés. On a droit logiquement à une jolie surenchère : les exécutions sont plus gore et les nouveaux ennemis sont souvent plus robustes. Si les Tickers sauvages se contenteront de vous foutre en rogne en avalant les munitions qui traînent sur le champ de bataille, vous aurez un peu plus de mal à venir à bout d'un Kantus cuirassé... Le camp Lambent vous réserve aussi quelques surprises avec des créatures hideuses pourvues de tentacules crachant des flammes. Vous aurez beau faire exploser la bestiole, cet étrange appendice continuera d'essayer de vous cramer les fesses. Un drôle de petit mécha fait aussi son apparition, le fameux Silverback, sa sulfateuse et son lance-grenades vous donneront l'occasion de faire rapidement le ménage dans les rangs Locustes. Les équipements habituels ont eu droit à un petit lifting assez appréciable. Chaque arme dispose ainsi désormais d'une jauge de rechargement éclair qui lui est propre, lui conférant au passage une personnalité particulière. Le fusil d'assaut Kaomax a aussi subi quelques modifications : il dispose d'un plus petit chargeur mais il a gagné un peu en puissance d'arrêt et en précision, et il est surtout désormais possible de passer en iron sight pour ajuster ses tirs. Pour faire simple, l'arme trouve enfin un intérêt.
On retrouve aussi bien entendu quelques nouvelles armes assez marrantes, la plus emblématique étant certainement le Rétro-Lanzer. Il s'agit de l'ancêtre de l'équipement de base de tout bon Gears : prenez un Lanzer classique, diminuez sa capacité et sa précision mais augmentez sa puissance, et remplacez surtout la tronçonneuse par une baïonnette. L'arme est moins efficace au corps-à-corps mais elle permet de foncer dans le tas pour embrocher ses ennemis. Au rayon des nouveautés on trouve aussi le fusil à canon scié qui explose tout ce qui se trouve à courte portée, le Digger qui envoie des grenades souterraines qui font ensuite surface derrière les obstacles (idéal pour déloger un adversaire à couvert) ou encore les grenades incendiaires qui répandent un feu destructeur sur toute une zone. Le One-Shot mérite aussi le détour : il s'agit d'un énorme fusil de snipe qui met quelques secondes à ajuster un ennemi mais qui le tue généralement d'une seule balle. Reste encore le canon Vulcain, une pétoire si disproportionnée qu'il faut deux Gears pour la manier, un qui ajuste tout ce qui bouge et l'autre qui actionne le chargeur un peu comme un orgue de barbarie. On a gardé le plus impressionnant pour la fin, vous pourrez aussi piquer les fendoirs qu'utilisent certains Boomers : c'est une énorme épée qui n'est pas évidente à manier mais qui est dévastatrice au corps-à-corps. En toute honnêteté, cette arme n'est pas très pratique mais il est incroyablement jouissif de la brandir sur le champ de bataille.
Ce troisième opus est bourré de petites améliorations qui vous faciliteront la vie. Le multijoueur propose par exemple toujours une progression par niveaux mais il est désormais possible de gagner aussi ces précieux points d'expérience pendant la campagne. Il suffit aussi désormais d'actionner une touche pour voir non seulement la position des coéquipiers, mais aussi pour avoir un aperçu de la direction du prochain objectif. On retrouve d'ailleurs cette fonctionnalité en multijoueur pour voir l'emplacement des armes et des alliés à travers les murs. Mais l'ajout qui devrait réellement réjouir les fans est sans aucun doute le mode Arcade. Il s'agit tout simplement de faire la campagne en coopératif ou en solo et de décompter des points en fonction de vos performances. Plus vous tuez d'ennemis, plus votre multiplicateur de points augmente, et ce dernier descend rapidement lorsque vous êtes à terre. Il est aussi possible d'ajouter des options marrantes pour pimenter les parties ou pour vous faciliter la tâche en utilisant des « mutators ». Il s'agit de modes que vous pouvez choisir d'activer ou non une fois que vous les avez débloqués : ils feront par exemple en sorte que vos ennemis guérissent, que le corps-à-corps tue instantanément, que le sang soit remplacé par de jolies fleurs... Des bonus ou des malus d'expérience sont liés à ces mutators quand ils modifient la difficulté. Au final, on se retrouve avec un mode Arcade vraiment fun qui apporte une belle rejouabilité à la campagne en permettant aux plus acharnés de se tirer la bourre sur le Net.
Les nouveautés concernent bien entendu aussi les modes dédiés au multijoueur. On retrouve ainsi le mode Horde mais ce dernier a subi un total ravalement de façade. Il ne s'agit plus d'attendre bêtement les vagues d'ennemis, il faut désormais organiser sa défense. Les frags vous permettront d'amasser un trésor de guerre dans lequel vous piocherez pour installer par exemple des barbelés ou des tourelles automatiques, pour ensuite réparer tout ce matériel ou pour l'améliorer. Le mode prend ainsi un véritable aspect tactique ! On voit aussi apparaître un mode Bestial qui est le pendant de ce mode Horde : il s'agit toujours de faire équipe avec quatre autres joueurs mais on incarne ici des Locustes et on doit venir à bout de tous les humains avant le temps limite. L'argent récolté permet cette fois-ci d'incarner des monstres de plus en plus puissants : vous vous voyez davantage en petit Ticker ou en gros Boomer ? Ces deux modes très complémentaires ne manqueront pas de séduire les joueurs avides de coopération, mais le multijoueur est aussi synonyme de compétition.
On retrouve pour l'occasion des parties réunissant jusqu'à dix joueurs autour d'une dizaine de maps très sympathiques. Encore une fois, ces environnements semblent vraiment vivants et dynamiques : vous risquez par exemple de recevoir un panneau des scores sur le coin de la figure ou d'être pris dans une tempête des sables en pleine partie. La plupart des modes sont de grands classiques (Zone de Guerre, Exécution, Roi de la Colline et Ailier) mais le mode Match à mort en équipe a subi un petit lifting. Chaque équipe dispose désormais de 15 tickets de respawn, une fois ce stock écoulé, c'est la mort subite et vos coéquipiers tombés ne peuvent plus revenir au front. Ce système permet d'éviter les attentes interminables aux morts précoces et rendent les parties encore plus dynamiques. Les modes Fugitif et Leader ont été réunis pour donner naissance à un Capture du Leader vraiment excitant. Il s'agit ni plus ni moins d'un Capture The Flag avec un joueur à la place du drapeau. Ce dernier est transporté comme un vulgaire sac de patates lorsqu'il est mis à terre. Il n'en mène pas large lorsqu'il est ainsi captif et il doit se contenter de se débattre de temps en temps en espérant que son équipe vienne le libérer. Bref, que rajouter de plus ? Que ce multijoueur profite aussi de serveurs dédiés pour assurer une meilleure connexion au plus grand nombre ? N'en jetez plus, ce Gears of War 3 s'annonce encore comme une véritable tuerie en ligne. Vous l'aurez compris, il n'en fallait pas plus pour nous séduire et pour nous convaincre que ce troisième opus est largement à la hauteur de ses aînés.
- Graphismes18/20
On reconnaît que les visages ne sont pas très expressifs, mais c'est bien là le seul reproche que l'on peut trouver à faire sur la réalisation de cet épisode. En effet, attendez-vous à une véritable claque graphique avec des décors riches, variés et encore plus détaillés que lors du précédent opus. On remarque que la série prend des couleurs au fil des épisodes sans pour autant perdre sa forte identité visuelle. Bref, attendez-vous à en prendre plein la rétine !
- Jouabilité19/20
Les habitués retrouveront bien entendu les ingrédients qui avaient fait la particularité des précédents opus mais quelques améliorations bien senties en ont profité pour faire leur arrivée. Le Koamax trouve ainsi enfin une vraie utilité et de nouvelles armes sympathiques sont apparues. Notez aussi que les bots et les ennemis bénéficient tous d'une IA digne de ce nom qui ne vous décevra pas. La campagne est certainement un peu moins spectaculaire que celle de l'épisode précédent mais en contrepartie elle gagne en intensité.
- Durée de vie17/20
Comptez une bonne dizaine d'heures pour la campagne, c'est un poil plus long que les épisodes antérieurs mais cela ne doit pas vous empêcher de débuter directement en Vétéran si vous êtes un habitué de la série. Vous pouvez aussi compter sur une vraie rejouabilité par le biais du mode Arcade qui permet d'apporter un peu de fun à la campagne. Les modes purement multijoueurs constituent un véritable régal et risquent bien de vous tenir occupé un bon petit bout de temps.
- Bande son17/20
La bande-son est toujours aussi intense avec des voix françaises gutturales à souhait... même si ces dernières ont du mal à faire oublier une synchronisation labiale souvent inexistante. Les thèmes musicaux sont bien sentis : ils parviennent aussi bien à soutenir l'action qu'à faire passer une petite dose d'émotion lorsque le scénario s'y prête.
- Scénario15/20
Ne riez pas, le scénario de ce troisième épisode constitue véritablement une bonne surprise : il faut attendre cet opus pour découvrir enfin contre qui on se bat réellement depuis tout ce temps et comment cette guerre a débuté...
En toute honnêteté, on pensait que ce troisième opus aurait tout de même un petit arrière-goût de réchauffé mais il faut reconnaître qu'il n'en est rien et qu'il s'impose même comme le meilleur opus de la série. Non seulement la campagne tient toutes ses promesses, mais ce Gears of War 3 propose aussi des modes multijoueurs intenses et bien conçus qui promettent de vous scotcher au Live des heures durant. Au final, il s'agit donc là d'une formidable conclusion qui devrait combler sans problèmes tous les fans de la licence.