Quand on tient une héroïne aussi accrocheuse que notre chère Rayne, difficile de ne pas la faire revenir sur le devant de la scène de temps en temps. Majesco s'y colle à nouveau, en transformant cette fois-ci notre vampire-humaine sexy en reine du jeu de baston 2D.
Mais pour mieux aborder ce troisième opus un peu particulier, un petit retour dans le passé s'impose évidemment de lui-même. La série des BloodRayne nous vient tout droit des années 2000, et aura permis aux joueurs de l'époque de s'acoquiner avec la mignonne rouquine, mi-humaine, mi-suceuse de sang à ses heures perdues. Et c'est dans du beat'em all en trois dimensions que la demoiselle s'amusait à trucider des monstres hétéroclites, mais également, soyons fous, quelques nazis, et ce de manière assez enthousiaste. Autant le dire clairement : ces deux épisodes assez lambda valaient surtout par leur ambiance gore et par cette fameuse héroïne affectionnant les combinaisons en cuir, les couteaux et les bisous dans le cou. Changement de programme pour ce nouvel épisode, cette fois-ci développé par Wayforward, déjà à l'origine de titres comme Contra 4 sur DS ou A Boy and his Blob sur Wii. Et maintenant, qu'on se le dise, place à la baston en 2D et à un gameplay que l'on appellera old-school !
Certaines choses n'ont pourtant pas changé : la rouquine n'aime toujours pas les monstres, et encore moins les vampires qui l'empêchent d'atteindre le château de son père. C'est bien pour ça qu'elle traversera les quinze chapitres que compte le jeu en usant de ses capacités pour massacrer du vilain à tout va. Aucune cinématique ne viendra d'ailleurs ralentir votre progression, le scénario, très simpliste, se dévoilant uniquement via quelques bulles de bande-dessinée faisant parler les protagonistes. De toute façon ce seront surtout les lames de Rayne qui auront la parole, dans ce titre à l'action carrément frénétique et dynamique. Dès les premières minutes, notre héroïne dispose de tous les coups possibles et imaginables, même s'il vous faudra quelques temps de pratique avant de maîtriser les subtilités du gameplay, qui se révèle pourtant relativement classique. Rayne a également la possibilité d'utiliser un fusil aux précieuses munitions, et même, plus tard, un canon solaire, arme qui parlera aux habitués de la série. Petite particularité : en tant que vampire, Rayne pourra récupérer de la vie en étourdissant un ennemi à l'aide d'un coup bien senti, avant de le mordre pour le vider de son sang. Si elle se contente d'une toute petite morsure avant de relâcher sa proie, elle peut ensuite choisir de la faire exploser, de manière à nettoyer un peu la zone de jeu. Mais dans ce cas, pas de regain d'énergie... et quand les coups pleuvent, la mort est toujours très proche.
A ce sujet, si les premiers niveaux se font relativement abordables, la difficulté s'accroît ensuite très significativement, ce qui demandera de la maîtrise... et surtout beaucoup d'essais et d'erreurs ! Cette progression par l'échec se révèle parfois vraiment frustrante, et on pestera régulièrement contre des checkpoints trop rares, et surtout étrangement placés. Ceux-ci permettent heureusement de récupérer toute notre vie. Si le joueur craignant ce challenge relevé pensait trouver un peu de répit au cours des phases de plates-formes que compte le jeu, force est de constater qu'il se met le doigt dans l'oeil, le pauvre. Celles-ci se font particulièrement complexes, mais cette difficulté semble un peu artificielle, puisqu'elle repose uniquement sur les déplacements assez horripilants de Rayne. Pour sauter plus haut, celle-ci n'a qu'une solution : effectuer une glissade sur un côté, avant de changer rapidement de direction en sautant. Et hop, un joli salto arrière ! Oui, sauf que ce mouvement n'a rien de pratique, et que la rouquine tend à glisser pour un oui ou pour un non, se vautrant ensuite lamentablement dans une série de piques acérées. Alors oui, bien entendu, ce système se maîtrise plus ou moins par la suite, le joueur s'y habitue, et pourra même finir par « masteriser ». Il n'empêche qu'il aurait quand même été préférable de proposer des déplacements moins frustrant, quitte à relever la difficulté des séquences en elles-même. Et quand la plate-forme se mêle ensuite au combat, le joueur n'a pas fini de se mordre l'intérieur des joues pour ne pas hurler sa frustration. Dans tous les cas, on conseillera d'ailleurs d'utiliser la croix directionnelle pour mieux contrôler les coups et déplacements du personnage.
Les combats se font quelque peu redondants, sans doute la faute à nos adversaires un peu trop clonés. Heureusement, des boss assez impressionnants et vraiment durs à battre ponctuent le tout et d'autres séquences de jeu viennent briser la monotonie qui aurait pu s'installer. A partir du chapitre 6, on pourra par exemple contrôler un corbeau blanc, qui aura lui aussi la chance de trucider du méchant. A l'écran, tout ce gore et cette violence transparaissent grâce à un style graphique très particulier, aux teintes sombres allant souvent du rouge au noir... le gothique règne en maître, et certains décors, plus clairs, ne déméritent pas. Quelques séquences réussies laissent apparaître notre personnage et ses ennemis en ombres chinoises : on ne criera pas au génie, mais c'est tout de même très classe ! Par contre, on déplorera l'absence d'un mode coopération, qui aurait permis au titre de bénéficier d'une seconde vie méritée. Jouable uniquement en solo, le titre pourra être retraversé par les joueurs les plus doués, qui tenteront d'augmenter leur rang pour chaque chapitre. Les moins aguerris se contenteront sans doute de leur rang F : « Bouffe à Asticots », pourtant acquis à la sueur de leur front. Dans tous les cas, ce Betrayal se présente comme un défouloir efficace, qui plaira à la niche d'amateurs éclairés auquel il se destine, en en laissant quelques autres sur le côté.
- Graphismes14/20
BloodRayne : Betrayal se présente comme un joli foutoir, au style gothique plutôt réjouissant. Le nouveau design de Rayne, version manga, ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais ses animations sont réussies et convaincantes.
- Jouabilité13/20
Tour à tour frustrant et réjouissant, le gameplay de cet épisode 2D aura au moins la particularité de diviser les foules. On pourra parfois pester contre le manque de réactivité du personnage lors des phases de combat, mais c'est surtout la plate-forme qui pose problème, le système de sauts et de glissades, imprécis, ne facilitant pas les choses lors de ces séquences pourtant millimétrées.
- Durée de vie14/20
Le titre est vendu environ 13 euros, mais ses 15 chapitres vous occuperont quand même de six à huit heures. Dommage qu'un mode multi en coopération soit absent.
- Bande son15/20
Les musiques parfois douces, mais le plus souvent entraînantes, deviennent de parfaits accompagnements à ces combats frénétiques. Bref, entre metal et musique classique, il y en a pour tous les goûts.
- Scénario8/20
On aurait quand même préféré avoir une véritable histoire travaillée à se mettre sous la dent. En l'état, le scénario insipide est donc uniquement prétexte à introduire ce méli-mélo de baston et de plate-forme.
Bloodrayne : Betrayal ose miser sur un gameplay old-school pour satisfaire les passionnés de baston en 2D qui, malgré quelques déplacements et mouvements très perfectibles, devraient largement y trouver leur compte. Les autres pourront également s'y essayer mais la frustration l'emportera alors sans doute un peu trop souvent sur le plaisir de jeu.