Après s'être essayé au développement de jeux de plates-formes avec un certain succès, Capcom décide de faire table rase et de s'attaquer aux jeux de combat jusque-là dominés par les beat'em all et les simulations sportives. Le studio prend le pari de marier ces deux genres pour en créer un nouveau basé sur des combats de rue. Mélange improbable ou idée de génie ? La réponse dans ce test.
Alors que les simulations sportives se cantonnent à une seule discipline et que les beat'em all urbains se contentent de combats simplistes, Capcom décide de tirer parti des meilleurs aspects des deux genres pour en créer un nouveau. Dans Street Fighter, les combats n'ont plus lieu sur un ring mais dans la rue où chaque protagoniste maîtrise soit un art martial soit un type de boxe. Pour autant, le choix du combattant n'est pas possible, le joueur incarne obligatoirement un karatéka répondant au nom de Ryu. Quant au second intervenant, il endossera le kimono de Ken, un autre karatéka.
Le soft s'articule autour d'un tournoi mondial d'arts martiaux qui sera l'occasion pour Ryu de voyager à travers cinq pays différents. Au début, vous avez le choix entre quatre destinations : Japon, Royaume-Uni, USA, Chine. Ce n'est qu'en battant les adversaires de chaque pays que vous pourrez accéder à la cinquième et dernière étape où réside le boss de fin. Afin de remporter le tournoi dans un pays, vous devez vaincre successivement deux ennemis. Au total, Ryu doit donc terrasser une dizaine de protagonistes avant d'être déclaré grand vainqueur du tournoi.
Les concurrents disposent chacun de leur propre histoire, et d'un style de combat en rapport avec leur pays d'origine. Vous pourrez alors affronter un ninja, un boxeur, un punk, un maître kung-fu, un truand armé de barres de fer, etc. Dans ces joutes de rue, la seule règle en vigueur est la victoire, ne vous étonnez donc pas d'assister à des rencontres déséquilibrées. Pour autant, Ryu n'est pas démuni face à ses rivaux car il dispose de trois attaques spéciales particulièrement dévastatrices telles une boule d'énergie, un uppercut ou une salve de coups de pieds sautés qui retirent la moitié des points de vie de son adversaire. Mais avant de pouvoir utiliser ces techniques, vous devrez au préalable trouver le combo permettant de les déclencher. Pas la peine de chercher quelques informations à ce propos dans la notice, Capcom vous oblige à vous creuser les méninges.
Autre innovation sur le plan du gameplay, il est possible d'influer sur la puissance des coups donnés en appuyant plus ou moins longtemps sur le bouton d'action. A cela vient s'ajouter l'association des coups de poing/pied à la flèche directionnelle. Tout cela contribue à offrir des combats particulièrement riches, bien que l'on regrette que les personnages soient assez rigides dans leurs mouvements. Enfin le soft intègre un nouveau concept au sein du genre, le niveau bonus. Celui-ci consiste à casser un maximum de briques en un coup de poing, afin de glaner quelques points qui viendront alors s'ajouter à votre score total.
Sur le plan de la réalisation, cette version Amiga est l'un des meilleurs portages issus de la borne d'arcade éponyme. Cependant, même si les décors offrent des environnements assez détaillés ils manquent cruellement de vie. On regrettera également que les bruitages associés aux attaques aient disparu ainsi que les musiques de la version originale qui laissent place à des thèmes génériques sans saveur. Les combattants bien que faits de grands sprites pâtissent aussi de cette limitation technique, et se voient affublés d'une allure assez minimaliste. Malgré tout, grâce à ses nombreuses innovations en termes de gameplay, Street Fighter dispose de suffisamment d'atouts pour faire émerger ce nouveau type de jeu de combat. Il ne reste plus à Capcom qu'à corriger les défauts de ce premier opus (possibilité de choisir son combattant, animation plus fluide, décors plus vivants) afin de permettre à la licence de s'imposer comme l'un des piliers du genre.
- Graphismes11/20
Ce portage sur Amiga souffre de la limitation technique de la machine ce qui a contraint les développeurs à rogner sur de nombreux détails comme la finesse des costumes des combattants, les paysages moins travaillés et l'animation particulièrement rigide. Cependant, l'ensemble reste correct, et le soft propose des combattants et des paysages très variés.
- Jouabilité14/20
La rigidité des personnages pèse un peu sur leur prise en main mais s'efface rapidement grâce à la richesse du gameplay. Offrant une pléiade de coups différents dont certains spéciaux, le soft se distingue sans mal de la concurrence qui fait pâle figure à côté. Principal regret, l'impossibilité d'incarner le personnage de son choix, limitant le style de combat au karaté. A contrario, la possibilité de choisir sa prochaine destination permet de vivre le tournoi de façon personnalisée. Enfin, la maîtrise des attaques spéciales demandera un certain temps mais au vu de leur puissance cela est tout à fait justifié.
- Durée de vie10/20
Avec pas moins de 10 adversaires tous différents, Ryu a de quoi faire avant d'obtenir le titre de champion du monde. Dommage que les combats soient très rapides et permettent au joueur expérimenté de terminer le soft en une dizaine de minutes. On pourra cependant y revenir via le mode deux joueurs fait s'affronter Ryu et Ken même si cela s'avère assez limité.
- Bande son9/20
Les joueurs s'étant essayés à la borne d'arcade se demanderont où est passé l'excellente bande-son fait de thèmes entraînants et de bruitages très réussis associés aux attaques. La version Amiga se contente de musiques génériques sans saveur et les bruitages ont tout simplement disparu.
- Scénario/
Bien que le genre ne soit pas habitué à une quelconque trame, on peut saluer l'effort de Capcom d'avoir associé un background à chaque personnage.
Disposant d'un gameplay plus riche que les simulations sportives concurrentes, le tout dans un contexte plus urbain, Capcom peut se vanter d'avoir réussi à combiner le meilleur de deux mondes pour créer Street Fighter. Mais il reste encore beaucoup de travail avant d'obtenir un jeu digne des ambitions du studio. L'histoire prouvera que Capcom saura tirer les leçons de cette première expérience qui aura posé les bases d'un genre nouveau.