La plupart des jeux, même les plus violents, cherchent à vous fournir une excuse ou un semblant d'explication pour justifier les massacres que vous commettez. Bodycount n'est pas aussi hypocrite ! Il ne prend pas la peine de s'encombrer d'un scénario digne de ce nom et se contente de vous plonger la tête la première dans l'enfer de la guerre... Il ne faut malheureusement pas croire que cela suffise à en faire un bon jeu.
Les créateurs de Bodycount n'en sont pas vraiment à leur coup d'essai en matière de FPS explosif. On leur doit en effet déjà un certain Black, un titre sorti en 2006 sur PS2 et Xbox et qui ne faisait pas dans la dentelle. Le jeu ne permettait par exemple pas d'ouvrir les portes autrement qu'en les détruisant... Il ne s'agissait certainement pas du titre du siècle mais il proposait un bon défouloir aux joueurs en mal d'adrénaline. On s'attendait logiquement à retrouver plus ou moins le même cocktail détonnant avec Bodycount. Le pitch de ce dernier est en soi prometteur : vous incarnez l'agent d'une organisation secrète qui défend la paix à travers le monde en détruisant tout sur son passage. En somme, il s'agit de faire la guerre à la guerre en tuant tous les participants, un point de départ tellement absurde qu'il pourrait être mis à profit pour nous faire rire. Malheureusement, Bodycount se prend bien trop au sérieux pour s'avérer drôle...
La campagne solo commence par vous débarquer en Afrique de l'Ouest, au beau milieu d'une guerre civile. Vous ne savez pas trop pourquoi les deux camps s'entretuent et vous ne prenez pas le temps de leur demander gentiment, vos missions consistant toujours à massacrer les belligérants des deux bords. Vous ne tarderez pas à découvrir qu'une étrange société secrète se trouve derrière ce conflit : la Target semble manipuler en sous-main les deux camps opposés et met en œuvre pour cela une technologie très avancée. Pas la peine de vous creuser la tête, vous ne connaîtrez pas les motivations de la Target, même après avoir débusqué l'organisation en Asie et avoir eu droit à quelques twists sans aucune saveur. Il faut dire que ces étranges ennemis font tout pour rester discrets, il suffit qu'un seul combattant isolé infiltre un de leur QG pour qu'ils fassent purement et simplement sauter toute leur installation. Bref, ne comptez pas sur le background de Bodycount pour vous émoustiller, ni sur sa réalisation graphique d'ailleurs. Les décors ont beau être partiellement destructibles, ils demeurent uniformément laids et peu inspirés. On note au passage que les développeurs ne se sont pas privés de vous faire visiter plusieurs fois la plupart des environnements... alors même que le solo se boucle en moins de cinq heures. Bref, pas la peine de vous faire un dessin, l'ensemble manque terriblement de fraîcheur, et les choses ne s'arrangent pas lorsque l'on s'intéresse au gameplay.
La première chose qui saute aux yeux lorsque l'on débarque sur le champ de bataille est l'incroyable pauvreté de l'IA des ennemis. Ces derniers ont à peu près autant de réflexes qu'une colonie de moules marinières sous Lexomil : même si vous passez sous leur nez, ils mettront un temps incroyablement long à vous ajuster puis finalement à se décider de tirer. Les différents combattants que vous croisez prennent aussi un malin plaisir à tirer dans les murs, il se déplacent bêtement à la queue leu leu et ils se cachent en vous tournant tout simplement le dos lorsqu'ils doivent recharger leur arme... Ne comptez pas sur votre arsenal pour rendre les choses un peu plus sexy : le panel d'armes à votre disposition est incroyablement réduit et tout ce qu'il y a de plus classique. La seule originalité tient au système de couverture semi-automatique qui s'enclenche lorsque vous maintenez la visée. L'idée aurait pu être bonne mais ne fait finalement qu'entraver les déplacements de votre personnage qu'on aurait aimé un peu plus agile. Il reste alors la possibilité d'utiliser des bonus en remplissant une « jauge d'infos ». Non, il ne s'agit pas de s'adresser à une charmante hôtesse pour qu'elle vous indique la route à suivre, mais plutôt de récupérer des petites balises bleues autour des cadavres de vos ennemis. Ces informations vous permettront d'activer pour un court instant un boost d'adrénaline, de rendre vos munitions explosives, de demander une frappe aérienne ou de tuer instantanément les agents de la Target du secteur.
Vous aurez bien entendu droit à davantage de récompenses de ce genre si jamais vous faites preuve d'un peu d'imagination en tuant vos ennemis et surtout si vous êtes capable d'enchaîner les frags un peu spectaculaires. Ne vous attendez pas à des mises à mort totalement délirantes à la Bulletstorm, ici il s'agit tout simplement de tirer dans le dos d'un ennemi, de le faire exploser avec une grenade, de réaliser un headshot... Vous aurez droit à une note à la fin de chaque niveau mais la pauvreté du titre ne vous poussera pas vraiment à scorer. Vous espérez encore que le mode multijoueur pourra sauver la baraque ? Malheureusement ce dernier souffre des mêmes soucis que le solo et s'avère même vite incroyablement brouillon. Les modes proposés vont du simple free for all au team deathmatch le plus classique, pas de quoi sauter sur sa chaise comme un cabri. Finalement on aura bien du mal à sortir ce pauvre Bodycount de la débâcle, le seul point positif tient au fait qu'il vous permettra d'économiser un peu en attendant les FPS prometteurs qui débarqueront en fin d'année.
- Graphismes10/20
Techniquement datés et artistiquement peu inspirés, les graphismes de ce Bodycount ne risquent pas vraiment de vous laisser bouche bée.
- Jouabilité7/20
La prise en main est assez lourde mais c'est surtout le niveau de l'IA ennemie qui choque : vos adversaires sont tout simplement aussi futés qu'un troupeau de lemmings alcoolisés.
- Durée de vie7/20
Le solo vous tiendra occupé un peu moins de cinq heures et se permet de vous faire visiter plusieurs fois les mêmes environnements. Ne comptez pas sur le multijoueur pour relancer la machine, ce dernier s'avère tout aussi brouillon que la campagne.
- Bande son10/20
Une musique électro pseudo-futuriste tentera vainement d'amener un peu de rythme lors des combats censés être palpitants sans pour autant parvenir à vous sortir de votre léthargie.
- Scénario5/20
Le scénario de Bodycount mérite certainement la palme du pitch le plus ridicule de l'année. Rien que le point de départ semble issu d'une mauvaise blague : on tue des belligérants pour éviter qu'ils se fassent la guerre... On se croirait dans un épisode de South Park en compagnie de l'oncle Jimbo qui chasse des bêtes sauvages pour les protéger. Les choses ne s'arrangent pas avec l'intervention de la Target, une organisation venue de nulle part, et avec les différentes révélations tordues qui sont censées vous tenir en haleine jusqu'à la fin.
Il faut être franc, on ne s'attendait pas à ce que Bodycount soit le jeu du siècle, mais on espérait tout de même avoir droit à un beau défouloir. Finalement on se retrouve avec un nanar absolu qui parvient à être ennuyeux et répétitif malgré une campagne solo incroyablement courte. Bref, pas la peine de vous faire un dessin, Bodycount est un FPS à oublier très rapidement.