Allez, autant l'avouer tout de suite, nous ne nous faisions guère d'illusions en partant à la découverte du mode multi du nouveau FPS d'Activision. En bons petits soldats formatés par les derniers épisodes, nous n'attendions finalement de lui que de nouvelles cartes, de nouvelles armes et éventuellement quelques nouveaux atouts pour nos fiers combattants virtuels. Ni plus, ni moins. Or si de ce côté-là, nous n'avons effectivement pas été surpris, réduire le boulot des petits gars d'Infinity Ward et de Sledgehammer à une simple mise à jour de contenu serait en fait bien loin de la réalité. Non, les deux studios (qui se partagent le développement, comme vous le savez sans doute) se sont évertués à remanier en profondeur une bonne partie de ce que nous considérions comme acquis et immuable dans la série. Sachez donc, jeunes troufions pleins de fougue, que Modern Warfare 3 mettra avant tout l'accent sur l'équilibre entre les différents belligérants et que ça, mine de rien, eh bien ça fait quand même du bien.

En effet, il faut reconnaître que les différents atouts, armes et autres bonus accordés en cas de "série de tués" dans les derniers volets de Call of Duty ont tout de même eu pour incidence de creuser un fossé quasiment infranchissable entre le joueur occasionnel, désireux de s'éclater le temps de quelques parties, et le bourrinausorus fragatinus surarmus qui passe l'essentiel de son temps libre à loger des bastos virtuelles dans l'anatomie de son prochain. S'il n'a évidemment pas été question d'imposer une égalité parfaite entre le roxxor et l'handicapé des doigts, les développeurs sont toutefois parvenus à encourager et récompenser plus équitablement chaque joueur en fonction de son style de jeu.

Concrètement, et au-delà du simple rééquilibrage de la puissance des armes, cela passe surtout par une refonte complète du sacro-saint système des killstreaks. Pour ceux qui l'ignorent, ce terme barbare évoque en fait la possibilité d'obtenir des bonus spéciaux dès lors qu'on enchaîne les frags sans se faire dessouder. Drones de reconnaissance capables de signaler la position de tous les ennemis, frappes aériennes, caisses de munitions, hélicoptères de combat, voilà autant de joujoux que seuls les gros tueurs pouvaient jusque-là utiliser à tout bout de champ, au risque d'écoeurer le néophyte. Sauf que dans Modern Warfare 3, trucider l'ennemi ne sera pas l'unique moyen d'accéder à ces fameux bonus. Aider un collègue à dégommer un adversaire et participer activement à la réalisation des objectifs imposés par le mode de jeu du moment seront ainsi récompensés, pour le plus grand bonheur des petits et des grands.

Mais ce n'est pas tout ! Un autre critère vient sérieusement chambouler nos habitudes. En effet, dorénavant, les bonus auxquels nous aurons accès dépendront entièrement du "strike package" que vous aurez choisi d'associer à votre troufion en début de partie (ou entre chaque décès). Il existe 3 de ces sets : Assaut, Soutien et Spécialiste. Ainsi, si vous êtes un bourrin qui ne vous réjouissez qu'en plongeant vos mains dans les entrailles encore fumantes de l'adversaire, vous opterez certainement pour le set d'Assaut qui récompensera vos faits d'armes avec des bonus susceptibles de vous aider à causer encore plus de dégâts dans les rangs adverses : hélicos de combat, raids aériens, etc. Si vous êtes plus finaud et aimez vous rendre utile, le set de Soutien vous permettra de débloquer radars, tourelles défensives (antipersonnel ou anti-hélico) et autres caisses de munitions. Enfin, les solitaires se devront d'opter pour le set de Spécialiste qui donnera lui un accès progressif à tous les atouts du jeu, de sorte que votre soldat devienne un tueur absolu capable de courir vite, de recharger comme un ouf, de viser mieux, etc. Mais dans ce dernier cas, vous direz obligatoirement adieu aux habituels lâchers de chiens d'attaque ou autres raids aériens. En somme, Modern Warfare 3 vise à récompenser plus équitablement les joueurs tout en les invitant à choisir puis à affiner leur style de jeu. Franchement, ce n'était pas du luxe.

Ajoutons à tout cela un système d'amélioration des armes un peu plus logique où là encore, on devra choisir de privilégier un aspect précis (précision, cadence ou encore portée). On obtient sans doute le multi le plus cohérent de la série depuis le premier Modern Warfare. Nous ne disons pas cela dans le vent, puisque nous avons pu le constater par nous-mêmes en guerroyant joyeusement sur une grosse partie des 16 cartes qui seront disponibles sur la galette. A ce titre, on appréciera l'excellence du level design et la grande variété des cartes qui nous entraîneront dans toutes les grandes villes du monde : de New York à Paris en passant par Londres ou même par certaines cartes classiques déjà connues des fans. Dommage que le moteur de CoD qui a tout de même le mérite d'offrir une fluidité et une nervosité sans faille, soit resté identique et continue d'afficher des textures un peu dégueu, des effets bien cheap et de l'aliasing à tire-larigot. En outre, les plus chauvins des lecteurs seront déçus de découvrir que les rues parisiennes sont fictives et qu'il ne sera donc pas possible d'aller violenter du bidasse dans leur lieu de prédilection. On ne peut pas tout avoir.

Pour terminer ce petit tour d'horizon de Modern Warfare 3, évoquons enfin un tout nouveau mode bien fendard. Répondant au doux nom de "Kill Confirmed", le bousin prend la forme d'un match à mort classique en équipes, à ceci près que pour valider un frag, il faudra systématiquement aller dépouiller votre victime de son "dogtag", la fameuse plaque d'identification que tout bon troufion se doit de porter s'il espère être reconnu en cas de vaporisation. Sachant que l'ennemi pourra récupérer les plaques de ses potes tombés au combat pour éviter à ceux d'en face de marquer des points, vous pouvez imaginer que les corps-à-corps et autres bassesses seront légion. Effectivement, après seulement quelques minutes de jeu, votre humble serviteur s'amusait déjà à se planquer à proximité d'un cadavre encore chaud pour dégommer tous ceux qui tentaient de récupérer la plaque du malotru. Dégueulasse certes, mais ô combien satisfaisant.