Quelques ovnis apparaissent parfois dans la catégorie « Petits jeux » de la plate-forme de téléchargement Steam, nous mettant alors la puce à l'oreille. C'est Trauma qui fait aujourd'hui les frais de notre curiosité, et passe donc par notre case test.
Ce Trauma semble bien ambitieux, en se présentant comme une expérience à part entière, notamment basée sur la photographie et le design. Mais son background demeure tout aussi alléchant, puisqu'on nous propose rien de moins qu'une plongée au sein des rêves et fantasmes d'une jeune femme d'abord dans le coma, puis en convalescence. Celle-ci vous guidera dans les méandres de son subconscient, au cours de quatre segments de jeux distincts. Sa voix calme, voire éthérée sera d'ailleurs la seule manifestation de sa présence lors des phases de jeu, puisque Trauma se joue à la première personne. Et c'est uniquement à l'aide de votre souris que vous naviguerez au sein de décors intégralement composés d'une série de photographies fixes, mais se suivant de manière à reconstituer un effet 3D très original. Concrètement, pour naviguer d'un point à un autre, il faudra passer votre souris sur l'écran, ce qui affichera alors une vue floue des endroits auxquels vous pourrez accéder à partir de cet endroit. Cliquer sur ces impressions troubles vous mènera directement vers une nouvelle photographie, représentant une autre petite partie du monde qui vous entoure. Ce travail graphique est particulièrement réussi, puisqu'il retranscrit à merveille cette impression voulue d'univers irréel, reconstruit par la mémoire trouble et les fantasmes d'une jeune femme traumatisée par son accident de voiture.
Si le joueur peut choisir de naviguer de manière classique dans les décors, il pourra également opter pour l'utilisation d'une autre particularité de Trauma. Celle-ci permet de dessiner des symboles à l'aide de la souris, symboles apparaissant alors sous la forme de lignées dorées, suivant ce que vous aurez décidé de reproduire. Pour les connaisseurs, ce système est par exemple très proche de l'utilisation de la magie dans le RPG Arx Fatalis, même s'il reste bien plus limité. On vous l'expliquera rapidement au début du jeu : dessiner un trait vertical permet de revenir en arrière,un trait sur le côté (droit ou gauche) vous déplace latéralement, et avec une forme arrondie, vous procéderez à un magnifique demi-tour. Au cours de l'aventure, vous apprendrez également quatre autres signes, à utiliser à certains moments bien précis. Vous pourrez donc couper des buissons à l'aide de l'un d'entre eux, ou encore soulever certains objets, lorsque le jeu l'aura décidé. En effet, n'allez pas imaginer que Trauma vous laisse une totale liberté dans vos actions : le plus souvent, vous devrez simplement trouver où utiliser la rune nouvellement acquise, ce qui se devine très facilement, les quatre séquences étant courtes et les environnements peu étendus. Heureusement, le soft repose principalement sur son ambiance envoûtante, servie par une musique et des effets sonores réussis.
Krystian Majewski, unique développeur et éditeur de ce jeu indépendant, l'a bien compris. Son titre manquant un peu de contenu, il était de bon ton de rajouter quelques petits détails à même de passionner le joueur un peu plus longtemps. Chaque section sera donc prétexte à la recherche de neuf diapositives, jamais évidentes à retrouver. Elles donnent lieu à des interventions de notre héroïne, se remémorant quelques bribes de son passé. Le joueur pourra également trouver trois fins alternatives, s'ajoutant à la fin principale. Elles non plus ne sont pas si évidentes que ça à débusquer, même si l'habitude finira quand même par vous y aider. Lorsque vous aurez mis le doigt sur ces trois fins, vous débloquerez alors un système d'aide permettant de vous aiguiller sur l'emplacement des fameuses neuf diapositives disséminées au cœur de chaque séquence. A ce sujet, ces photographies donnent également quelques indices sur les niveaux précédemment traversés, et sur les fameuses fins alternatives, comme quoi, tout se recoupe... Malgré ces ajouts, Trauma ne vous occupera qu'environ trois heures, durée de vie légère pour ce tarif de cinq euros sur Steam. Sur le site officiel du jeu, vous pourrez d'ailleurs ajouter quelques euros, selon votre volonté, aux cinq euros de base, afin d'encourager et montrer votre soutien au développeur. Celui-ci vient en tout cas de créer un titre enchanteur, se présentant comme une expérience interactive plutôt qu'un jeu à part entière.
- Graphismes15/20
On peut supposer que l'univers graphique de Trauma ne plaira pas à tout le monde, mais cette utilisation de photographies pour créer un univers entier reste bluffante, notamment grâce à cette navigation originale à base d'effets de flou et de scintillement.
- Jouabilité13/20
Les actions sur l'environnement sont un peu limitées, le gameplay se limitant à l'utilisation de sept signes, dont certains à actionner sporadiquement et à des endroits très précis. La recherche des diapositives et des fins alternatives pimente heureusement le jeu.
- Durée de vie11/20
5 euros pour 3 heures de jeu... finalement, ce constat ne choque pas, quand on le rapporte aux autres tarifs en vigueur en ce moment dans le monde du jeu vidéo. L'expérience semble tout de même un peu légère, sans doute à cause du manque d'interactions et autres actions à effectuer, malgré les buts secondaires bienvenus.
- Bande son15/20
La bande-son participe grandement à l'ambiance instaurée dans Trauma. Les effets sonores, subtils mais efficaces, ponctuent agréablement vos actions. Les voix anglaises sont également dans le ton.
- Scénario14/20
En lieu et place d'un scénario à part entière, Trauma propose surtout de vivre une expérience reposant sur les peurs, les souvenirs et les fantasmes d'une jeune femme un peu perdue, semblant errer sans but dans son inconscient. Le joueur devra donc faire le choix de l'y accompagner pour vraiment en profiter.
Si Trauma manque un peu de consistance, la recette proposée reste néanmoins particulièrement attachante, grâce au design original de ce petit ovni, son ambiance sonore travaillée et son background particulier. Et puisque la fin semble assez peu définitive, il est bien possible que cet univers nous soit resservi une nouvelle fois. On en reprendra avec plaisir.