Entré au panthéon du jeu vidéo depuis fort longtemps pour des œuvres magistrales telles que Wolfenstein 3D, Doom ou Quake, id Software s'apprête à revenir aux affaires en fin d'année avec RAGE. Calée au 7 octobre, l'arrivée de ce nouveau FPS sorti des entrailles du studio texan et édité par Besthesda approche à grands pas. Pour se faire une idée plus précise de ce à quoi le public aura concrètement droit dans quelques mois, l'occasion nous a été donnée récemment de vivre librement les deux premières heures de la campagne solo du jeu. Le tout, sur une version PC quasi terminée.
Le premier contact avec Rage s'effectue à travers une magnifique cinématique présentant avec élégance les enjeux de l'histoire. Pour rappel, cette dernière prend place en 2035, soit quelques années après que la Terre ait été percutée par Apophis, un immense astéroïde. Si les conséquences de cette catastrophe ont été terribles, toute forme de vie ayant presque disparu, les instances internationales ont tout de même réussi à anticiper le drame en mettant sur pied un plan baptisé « Arche ». Celui-ci prévoyait l'enfouissement dans les entrailles de la Terre durant un laps de temps déterminé, de capsules au sein desquelles furent enfermés des êtres humains cryogénisés avec tout le nécessaire à leur survie. Grâce à une technologie de pointe, cette hibernation ne s'est pas avérée mortelle pour les plus résistants d'entre eux. Le joueur fait partie de ces rescapés. A son réveil, il se retrouve isolé au cœur d'une planète dévastée et peuplée de créatures pour le moins hostiles.
Dès les premiers pas dans l'aventure, on comprend rapidement que l'ambiance de Rage a été l'objet de toutes les attentions. Une fois sorti de la capsule, le premier coup d'œil donne le ton. Alors qu'un soleil ardent continue de brûler votre rétine, devenue ultra sensible aux variations de luminosité, les immenses canyons s'étendant à perte de vue asphyxient vos derniers espoirs de mener à nouveau une vie normale sur Terre. Quelques secondes à peine après vos premiers pas désenchantés sur cette planète ravagée, l'horreur prend forme. Deux quadrupèdes humanoïdes particulièrement agiles vous assaillent avec d'énormes boomerangs tranchants. Si vous survivez à l'affrontement, c'est uniquement grâce à Dan Hagar, un homme de passage dans les parages qui abat vos ennemis de deux balles tirées avec précision. Le voilà donc votre premier contact « ami » dans ce monde sauvage. Une petite balade en buggy plus tard au cœur des paysages arides de Rage et vous voilà dans la première zone habitée du jeu. Il s'agit d'un petit village composé de maisons de fortune au sein duquel la famille Hagar essaye tant bien que mal de survivre. Car la menace rôde et se fait même omniprésente dès lors que l'on quitte ces endroits aménagés. Des bandits, des créatures mutantes et d'autres personnages encore plus étranges n'attendent que vous pour se défouler. Après avoir engagé quelques discussions avec la population locale qui se chiffre à moins de dix personnes, votre aventure peut enfin commencer.
Rage est structuré de manière classique. Vous évoluez en permanence dans un monde ouvert, gage d'une certaine liberté, tout en étant guidé par les personnalités, ô combien charismatiques, que vous rencontrez. Celles-ci vous confient diverses missions à accomplir pour progresser. Un journal faisant le point sur les quêtes en cours est d'ailleurs consultable à tout moment. A l'image d'un jeu de rôle classique, c'est en retournant voir votre employeur du moment que vous obtiendrez des récompenses (argent, armes...). On se trouve donc en présence d'un schéma habituel qui oblige à des allers-retours fréquents entre sa base et celle des ennemis. Ceux-ci restent toutefois courts et finalement peu gênants. Dès le départ, le jeu vous permet en plus d'utiliser un ATV (on bascule alors dans une vue à la troisième personne), une sorte de quad bien utile pour circuler sur les routes accidentées qu'il vous faut emprunter lors de chaque déplacement. Outil indispensable pour ne pas passer des heures à errer bêtement, une mini map affiche le chemin à suivre pour atteindre la destination voulue. C'est bien sûr à vous qu'il appartiendra de déterminer quelle quête vous souhaitez accomplir et par extension, à quel endroit vous devez vous rendre. Pour se faire une idée des premières missions confiées par la famille Hagar, sachez que l'on vous demandera d'aller tuer des bandits semant le trouble dans la région, de récupérer des médicaments dans un campement voisin ou encore de collecter des pièces pour réparer un buggy. Mais l'objectif clairement énoncé par id Software était de proposer une action intense et variée. Aussi, après avoir atteint la première vraie ville du jeu, on se retrouve assez rapidement avec une liste des tâches à effectuer très chargée. Outre le fait de répondre aux requêtes formulées par les personnages principaux et de pouvoir se balader librement dans les décors, on pourra aussi participer à tout un tas de mini-jeux au concept parfois étrange, répondre à des offres d'emploi qui constituent des quêtes annexes (la première d'entre elles consiste à retrouver deux personnes disparues) ou encore se lancer dans des courses de buggy endiablées.
C'est là l'une des grosses singularités du FPS d'id Software. Plus qu'un simple moyen de transport entre deux points éloignés, ces véhicules font réellement partie intégrante de l'expérience. Il sera d'ailleurs possible de les tuner en modifiant leur couleur, en leur greffant différentes armes (lance- roquettes, mitrailleuse...) ou en achetant des pièces améliorant les suspensions, le moteur ou l'efficacité du boost. Preuve de l'importance que les développeurs accordent à ces phases motorisées, le seul mode multijoueur compétitif sera consacré à des courses de ce type. Côté contrôle, on se contentera de diriger notre bolide grâce aux flèches du clavier, un peu comme dans Trakcmania. Si les premières courses paraissaient relativement faciles à remporter, on se doute que l'affaire devrait progressivement se corser. La map sur laquelle nous avons pu exercer nos talents de pilote s'est avérée pour sa part très classique avec quelques tremplins venant égayer un circuit fait de large ligne droite entre les parois d'un canyon et de virages plus resserrés permettant de faire la différence avec les adversaires.
Si ces séquences à bord de véhicule s'annoncent sympathiques, elles ne constitueront probablement pas non plus le point le plus marquant de l'aventure. Clairement, là où on attend Rage, c'est sur ses phases en vue subjective. Et là, pour le moment, le titre tient toutes ses promesses. Lors des premiers échanges de coups de feu, le côté brutal, sans emphase, des affrontements nous a rappelé d'excellents souvenirs. Le titre propose en effet un gameplay unique dont seul id Software semble avoir la recette. De loin, Rage aura peut-être l'apparence d'un FPS lambda mais manette en main, le feeling est incomparable. A chaque pression de la détente, c'est à un savoir-faire vieux de presque vingt ans que l'on est confronté. Et ça se sent. Plus concrètement, vous pourrez évidemment emporter avec vous un arsenal conséquent. A commencer par les armes principales telles qu'une mitraillette, un shotgun ou un fusil de sniper. Pour chacune d'entre elles, plusieurs améliorations seront déblocables au fur et à mesure de la campagne solo. Prenons l'exemple du flingue de base. En plus des balles classiques, il pourra tirer par la suite des munitions deux puis trois fois plus grosses occasionnant des dommages plus importants. Quatre slots réservés à des objets utilisables rapidement sont également présents. Il pourra par exemple s'agir de bandages (pour les soins), de grenades explosives ou de boomerangs dotés de lames particulièrement aiguisées. De quoi se faire plaisir en décapitant un à un les ennemis qui n'ont vraiment pas tous la même propension à réagir intelligemment. Certains foncent tout droit sans se poser de question. D'autres se planquent tout en tentant de vous débusquer à l'aide de grenades. Les blessures localisées occasionnent pour leur part quelques situations surprenantes. Après s'être effondrés, certains opposants continuent par exemple à vous livrer bataille au sol. Un geste de désespoir qui peut parfois coûter cher. Annoncée comme très travaillée, l'intelligence artificielle des ennemis ne nous a pas franchement semblé révolutionnaire. Peut-être était-ce dû à la difficulté, calibrée en normal lors de notre session ? Autre point intéressant du gameplay, il vous sera possible de confectionner vous-même des objets à partir d'éléments de différentes natures disséminés un peu partout dans les environnements. En récupérant des flacons d'un produit antiseptique et des chiffons, nous avons par exemple pu confectionner des bandages. Par la suite, nous avons également construit un appareil permettant d'ouvrir des portes en apparence verrouillées.
On l'a évoqué à travers le système de progression (discussion avec un PNJ – quête – retour vers le PNJ), Rage possède un petit côté jeu de rôle. Cet aspect est renforcé par la présence d'un système de loot donnant accès à de la monnaie, des munitions et des objets. Ces derniers, s'ils sont inutiles, peuvent être revendus à un marchand dans l'une des zones habitées du jeu. Le cash récupéré permet notamment d'acheter des armes plus efficaces mais également de remplir ses chargeurs. Et c'est important car il faudra utiliser à bon escient chaque balle, les munitions étant globalement limitées. Il nous est arrivé plusieurs fois de devoir finir les ennemis à mains nues. Autant vous dire que tout cela peut très mal se terminer. Il existe cependant un moyen de ne pas mourir lorsque vous périssez pour la première fois sous les coups ennemis. Une sorte de défibrillateur permet de vous ramener à la vie via un mini-jeu réclamant un timing diabolique. De votre efficacité dans l'exercice dépend l'état de santé du héros à son réveil. L'utilisation de cette technique est toutefois limitée. Impossible de s'en servir deux fois de suite dans un court laps de temps. La mort reste du coup la conséquence de toute imprudence. Dernier détail concernant le système de santé. C'est un choix de game design répandu depuis quelques années dans le monde des FPS mais il vaut mieux le préciser : le jeu ne propose pas de barre de vie. Cette dernière se recharge toute seule lorsque l'on se planque.
Dès le début de l'aventure, Rage affirme d’emblée ses ambitions. L'ambiance post-apocalyptique, bien que peu originale, vous étreint de ses bras poussiéreux pour ne plus jamais vous relâcher. Bien aidée par une bande-son magnifique et une patte graphique séduisante, l'immersion dans ce monde sauvage mais cohérent est immédiate. Entre les phases de shoot pures, les passages en véhicule, les minis-jeux, l'exploration des villes et de leurs environs, on ne voit pas le temps passer. De fait, on tient sans doute là l'un des très bons titres de cette fin d'année.