On le sait désormais, avec l'avènement des consoles HD, les éditeurs ont instauré avec ingéniosité, culot et persévérance, la joyeuse mode des contenus payants. Des DLC qui sont d'ailleurs promptement achetés par des hordes de joueurs qui pour la plupart, n'ont jamais connu autre chose. Et de toutes ces séries qui aiment à se goinfrer de piécettes, celle des Call of Duty est probablement la plus goulue. Du coup, après une petite période d'exclusivité sur 360, voici que débarque un troisième pack de cartes pour Black Ops proposé au tarif rondelet de 15 €.
Vous commencez à connaître la formule : ce nouveau pack, répondant au doux nom d'Annihilation, contient donc quatre maps multijoueurs (Hangar 18, Drive-In, Silo et Hazard ) et un cinquième environnement dédié au fameux mode Zombies (Shangri La). De fait, les lignes qui suivent n'ont donc qu'un seul et unique but, celui de répondre à cette question hautement existentielle : ces gentilles maps valent-elles vraiment qu'on débourse une somme que beaucoup qualifieront (non sans raison) de proprement scandaleuse ? Alors certes, on imagine d'ores et déjà des tripotées de joueurs qui ont fait de la haine de Call of Duty leur manière de vivre enlever leur cerveau et se jeter sur la brèche en hurlant à l'assassin, au viol, au feu, tout en imitant avec plus ou moins de réussite le délicieux chant du pigeon... Mais un peu de tenue que diable ! Car avant de faire pipi dans la soupe par principe et de cracher sur quelque chose que rien ne vous force à acheter, tentons d'abord de voir ce que ces maps valent vraiment.
Alors allons-y gaiement : ces 5 cartes, il faut l'avouer, sont d'excellente qualité, toutes se distinguant clairement par leur ambiance et leur structure au point de donner chaque fois lieu à un gameplay différent. Oui, autant balancer direct hein, car quoi que nous disions, nous passerons de toute façon pour de sales vendus. Car on peut dire ce que l'on veut de Treyarch, mais le fait est que les bougres ont souvent été capables de concevoir des cartes multi équilibrées, faciles à appréhender sans être basiques, et dotées de surcroît d'une véritable identité. Prenons tout d'abord Hazard, avec sa petite piscine, ses créneaux moyenâgeux et son verdoyant parcours de golf. Outre le fait que cette généreuse verdure tranche clairement avec les tons grisâtres de la plupart des autres cartes du jeu, sa structure étirée est en fait très analogue à Cliffside, que ceux qui ont joué à Call of Duty : World at War connaissent sans doute déjà. Ici, il faut donc surtout se concentrer sur les tirs à longue distance. Les snipers se régaleront tandis que les autres devront ruser, utiliser des fumigènes ou rester planqués pour s'en sortir. Une fois encore, il reste possible de contourner sans trop de souci le no man's land central, ce qui rend les affrontements certes localisés sur les ailes, mais néanmoins passionnants.
On poursuit avec Silo et son décor tout de suite plus classique. Il s'agit en effet d'une base de missiles nucléaires russe qui multiplie les recoins, les entrepôts et les caisses diverses. Il est assez difficile d'y dénicher de bons points de vue, et quand vous y arriverez, ce sera généralement pour vous faire dégommer dans les deux secondes suivantes. Du coup, apprendre à évoluer sur cette map prend du temps mais se révèle finalement assez gratifiant. Mais on déconseillera vivement aux débutants de s'y aventurer tout de suite. Hangar 18 adopte un peu la même optique. Inspirée, en un certain sens, de la mission solo lors de laquelle on embarque dans un Blackbird (l'avion espion), la carte présente en outre quelques labos rigolos qu'on imaginerait trouver en pleine Zone 51. Salle d'autopsie recouverte de sang, expériences étranges, les salles sont assez nombreuses et comportent également des recoins que seuls les experts pourront exploiter au mieux.
La dernière map destinée au multi classique se nomme Drive-In et vaut clairement le détour. Pour prendre deux références, disons qu'elle se présente comme un mélange entre Nuketown et Stadium (cette dernière fait partie pack First Strike). D'assez petite taille, elle représente en fait un Diner américain en pleine déliquescence et met l'accent sur les fusillades à courte portée. Là encore, on se retrouve avec une chouette ambiance de fin du monde, renforcée par une luminosité particulière, comme si les combats avaient lieu pendant un coucher de soleil. On peinera parfois à repérer l'ennemi et il faudra donc se montrer particulièrement vigilant, surtout si vous comptez traverser la zone centrale, dégagée, et donc mortelle à plus d'un titre. Mais ce qui vous intéresse, on le sait, c'est surtout la map Shangri La, dédiée exclusivement au célèbre mode Zombie.
Pour la petite histoire et pour vous permettre de briller en société, sachez que Shangri La fait référence à un lieu fictif, imaginé par James Hilton dans son roman Horizon Perdu. Cela dit, la version "Call of Dutyesque" n'a pas grand chose à voir avec la lamaserie située au fin fond du Tibet imaginée par l'auteur. Non, dans le cas qui nous intéresse, la carte prend en fait la forme d'un temple bourré de pièges tel que nous l'imaginons en matant les films d'Indiana Jones. Outre les piques qui sortent du sol quand on marche sur certaines dalles, les petits passages secrets, le pont suspendu et le tunnel de terre dans lequel les zombies surgissent du plafond, la map vous confrontera à des petits singes zombifiés qui se feront une joie de vous chiper les bonus sous le nez ou même des morts-vivants capables de vous attaquer avec des jets de flammes ! Vous en serez en outre pour une bonne tripotée d'Easter Eggs, histoire de compléter le tout.
Bref, pris en tant que tel, ce nouveau map pack de Black Ops est d'excellente qualité, alignant une fois encore une poignée de cartes très réussies du point de vue du gameplay tout autant que du design (tout en considérant que techniquement parlant, le multi de Black Ops reste tout de même très laid). Oui, sauf que 15 €, cela fait très cher pour quelques cartes, aussi réussies soient-elles. Mais à cela, les vieux de la vieille nous remettrons peut-être les idées en place en citant les soi-disant add-on de Quake 2 ou de Duke Nukem payés au prix fort (250 F à l'époque) et qui n'offraient finalement que 7 ou 8 niveaux solos... Bref, si Activision ne fait clairement pas dans la philanthropie, on voit mal comment critiquer la méthode. En effet, les fans qui ne jurent que par Black Ops ne regretteront certainement pas leur achat, tandis que rien n'empêchera les autres de crier au vol, tout en banquant quand même...
- Graphismes12/20
D'un point de vue artistique, pas de doute, les cartes du pack Annihilation sont vraiment réussies quoi qu'un peu en deçà des précédentes (surtout dans le cas de Silo). Chaque map possède néanmoins une identité propre, une vraie cohérence, tout en garantissant un gameplay varié et toujours aussi efficace. A ce titre, Shangri La et Drive-In sont d'ailleurs totalement indispensables pour le fan. Du côté de la technique en revanche, le moteur de CoD commence sérieusement à faire mal aux yeux.
- Jouabilité15/20
Toujours bien pensées, toujours variées, ces nouvelles cartes sont peut-être un petit peu moins accessibles et légèrement moins inspirées que celles des deux précédents packs. Elles fourmillent néanmoins de petites subtilités que seuls les excellents joueurs seront à même de déceler puis d'exploiter. Restent deux valeurs sûres avec Drive-In et Shangri La, vraiment excellentes.
- Durée de vie14/20
Vous le savez, juger de la durée de vie d'un pack de cartes multijoueurs relève plus de la divination que de l'analyse objective. Reste que la qualité de ces cartes vous assurera de nombreuses heures/nuits de folie.
- Bande son13/20
Evidemment, la bande-son multi reste la même que dans le jeu de base. En d'autres termes, on se retrouve avec un flot quasi ininterrompu d'infos mécaniques qui devient rapidement lourdingue. Les bruitages restent quant à eux très efficaces.
- Scénario/
Fidèle à ses habitudes, Treyarch nous livre cinq cartes de qualité, designées avec amour, bourrées de détails et de petites subtilités. Cela dit, l'ensemble n'est peut-être pas aussi "ambitieux" que dans Escalation, surtout lorsqu'on pense à Silo, un petit peu en retrait des autres. Une fois encore, le souci vient du prix, toujours prohibitif. En résumé, si vous êtes un inconditionnel du multi de Call of Duty : Black Ops, vous ne regretterez sans doute pas d'avoir déboursé 15 € pour découvrir de nouveaux niveaux bien construits et dotés pour quatre d'entre eux d'une véritable identité. Les autres en revanche ne manqueront pas de crier une nouvelle fois au scandale, ce qui ne pourra en rien occulter cette vérité : tant qu'il y aura des gens pour payer, qu'ils soient pleinement satisfaits ou non, la politique d'Activision s'en trouvera justifiée.