Les shooters aériens ne sont plus franchement à la mode de nos jours tant sur PC que sur consoles. Pourtant, on en voit encore sortir assez régulièrement dans le commerce. Après des IL-2 Sturmovik très convaincants et un récent Heroes over Europe plutôt sympathique, voici donc Air Conflicts : Secret Wars, le dernier-né du genre.
Contrairement à la plupart des jeux de tir aériens se déroulant durant la Seconde Guerre mondiale, Air Conflicts : Secret Wars ne nous place pas dans la peau d'un militaire de carrière mais dans celle, autrement plus douce, d'une jeune femme passionnée de pilotage. Habituée à s'envoyer en l'air depuis son plus jeune âge, Dorothy Derbec alias Dee Dee, gagne sa vie comme contrebandière lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale. Sautant sur l'occasion pour se faire un peu d'argent en tant que mercenaire, Dee Dee va peu à peu être amenée à soutenir les mouvements de résistance et à lutter contre le nazisme. Elle retrouvera également des vétérans qui lui permettront de suivre la trace de son père disparu pendant la Guerre de 14. Et il y a de quoi faire puisque le joueur pourra suivre les aventures de cette courageuse héroïne à travers 49 missions réparties en 7 campagnes couvrant plusieurs théâtres d'opérations européens.
Tout commence à Tobrouk, le fameux port libyen qui a donné son nom à l'une des batailles les plus passionnantes de la Seconde Guerre mondiale. Installée dans le cockpit d'un antique Sopwith Camel, Dee Dee ne tarde pas à se rendre compte que les petits trafics dont elle tire ses revenus deviennent de plus en plus risqués. En effet, les nazis ont pris le contrôle de la région et le ciel grouille de patrouilleurs allemands. Dès les premières missions, on se trouve donc dans l'obligation de se faire aussi discret que possible. Concrètement, le joueur dispose d'une jauge de furtivité et d'une mini-map lui permettant de savoir s'il est en passe d'être repéré. Il doit voler bas et fuir comme la peste les appareils ennemis. Qu'ils viennent à entrer dans le champ de vision d'un Allemand et c'est l'accrochage assuré. Armé d'une mitrailleuse mais aussi de roquettes et de bombes, il pourra heureusement riposter à n'importe quel type d'attaques (air-air ou sol-air). Soucieux de toucher un public large, les développeurs n'ont pas hésité à nous gratifier non seulement de munitions infinies mais également d'une assistance à la visée, d'un pouvoir spécial pour ralentir le temps et d'un radar tout à fait moderne. L'intensité des combats et le rythme des parties y gagnent sans doute mais pour le challenge ou le réalisme, on repassera. Du reste, l'intelligence artificielle de nos adversaires est tellement misérable qu'en mode Normal, l'expérience tient parfois plus du tir au pigeon que de la chasse aérienne. Et comme si ça ne suffisait pas, la résistance aux dommages de nos avions est ahurissante.
Le pilotage à proprement parler est lui aussi d'une simplicité enfantine. Que ce soit en mode Arcade ou en mode Simulation, les 16 avions que l'on aura le loisir de piloter obéissent au doigt et à l'oeil. On vire avec aisance, l'assiette est facile à maintenir et les décrochages, si dramatiques dans la réalité, n'ont quasiment aucune incidence sur le gameplay. De fait, à moins de monter volontairement la difficulté ou d'être particulièrement maladroit, on aura du mal à se retrouver au tapis. Remarquez, on ne va pas s'en plaindre car les points de sauvegardes automatiques étant assez espacés, il peut s'avérer très pénible de devoir recommencer certaines missions à partir du début. Puisqu'on parle de missions, sachez que celles-ci se révèlent assez variées dans les premières heures (livraison de whiskey, interception d'espions, escorte...) avant de devenir franchement redondantes vers la fin du soft. C'est le lot de la plupart des shooters aériens mais vu l'originalité du scénario, on pouvait s'attendre à mieux.
Il faut dire que des déceptions, il y en a finalement pas mal dans ce titre qui aurait pu s'avérer meilleur avec un peu plus de finitions. Les collisions aériennes, par exemple ne sont pas prises en compte de sorte que l'on peut foncer droit sur l'ennemi et traverser ce dernier sans le moindre risque. Les véritables séquences de dogfights sont quasiment inexistantes. Il n'y a pas de météo. Le comportement des différents avions que l'on est amené à piloter est trop similaire. Les atterrissages ne demandent aucune technique. La réalisation est inégale. Bref, tout un tas de petits détails qui mis bout à bout finissent par nuire à la qualité globale de l'expérience et à reléguer Air Conflicts : Secret Wars au rang de jeu d'appoint. Correct pour passer quelques soirées dans le ciel embrasé d'une Europe à l'agonie, le soft décevra certainement les amateurs de simulations aériennes et les fans de Sturmovik et compagnie.
- Graphismes12/20
Les avions sont bien modélisés et la vue cockpit est immersive. Les combats accompagnés d'explosions et de panaches de fumée sont également assez spectaculaires. En revanche, les décors terrestres ne correspondent pas à ce que l'on est en droit d'attendre de nos jours, les cut-scenes sont trop cheap et l'absence de collisions en vol est extrêmement frustrante.
- Jouabilité12/20
A moins de mettre la difficulté au maximum ou de se passer de manette USB, même un débutant n'aura aucune difficulté à piloter les 16 avions que l'on débloque au fur et à mesure de la progression. Les aides au pilotage sont trop nombreuses, le parti pris arcade est trop poussé. En outre, l'intelligence artificielle des ennemis est tellement à la ramasse qu'on a du mal à ressentir le grand frisson de la chasse aérienne.
- Durée de vie14/20
Il faudra pas mal de temps pour faire le tour des 7 campagnes du mode solo, d'autant que l'on ne peut pas sauvegarder où on le souhaite. On peut rejouer chacune des 49 missions individuellement et défier jusqu'à 7 autres pilotes simultanément en réseau.
- Bande son13/20
Les différentes musiques sont assez réussies mais les bruitages manquent souvent de pêche ou de crédibilité. Les doublages en anglais sont corrects.
- Scénario14/20
L'histoire de la jeune contrebandière Dorothy Derbec a le mérite d'être originale à défaut d'être mieux développée. Les flash-back liés à la vie de son père constituent également une belle astuce scénaristique pour nous plonger dans la Première Guerre mondiale.
Totalement orienté action, Air Conflicts : Secret Wars ne brille ni par sa réalisation ni par l'originalité de son gameplay. Certains amateurs du genre seront peut-être séduits à l'idée d'incarner une jeune femme dans un univers de machos mais les véritables passionnés de pilotage peuvent passer leur chemin.