A l'heure où les grosses productions se contentent de nous ressortir bien sagement les mêmes mécaniques encore et encore, il n'y a plus que les créateurs indépendants pour prendre de vrais risques. Sorti en 2010 en téléchargement sur Xbox 360, et tout récemment sur PC, Breath of Death VII : The Beginning est un petit projet peu ambitieux mais un peu fou ; un savoureux RPG old-school parodique qui ne peut que nous étonner.
C'est l'Apocalypse ! Les hommes ont finalement déclenché l'Armageddon, la guerre a eu raison de leur existence, la vie telle que nous la connaissons a cessé. Enfin, pas tout à fait. Puisque après tout, s'il n'y a plus de vie sur la planète, c'est au tour des défunts de reconstruire la civilisation. Zombies, fantômes, squelettes et autres démons peuplent désormais la surface. Bref, les morts vivent en paix. Notre histoire commence avec DEM, le héros du jeu, chevalier squelette de son état, et muet par dessus le marché. Dans sa quête pour tenter de percer les secrets du passé (et d'exterminer les forces du mal au passage), il sera bien vite rejoint par SARA, érudite fantomatique enthousiaste, LITA, vampire adepte de la technologie, et ERIK, prince zombie à l'horrible accent français.
C'est peu commun comme scénario. Le jeu se présente comme un RPG très old-school mais il ne vous faudra pas longtemps pour comprendre que le titre ne se prend pas du tout au sérieux. Dans les dialogues, ou en plein combat, la moindre réplique est tournée à la comédie. De plus, le jeu regorge de références à d'anciens jeux et de clichés que les adeptes de JRPG relèveront forcément. L'humour excuse entièrement la quasi-absence de vrai scénario, sans surprise puisqu'on nous demande simplement d'éradiquer "le mal". Ah, et aussi de percer les "secrets du passé", rien de bien concret en somme.
Ca ne vous aura pas échappé : le jeu aurait pu sortir tel quel dans les années 80. Les sources d'inspiration sont aussi nombreuses qu'évidentes, on croirait vraiment jouer à un de ces vieux RPG 8 bits ou 16 bits à la Dragon Quest. On déplace nos petits sprites animés qui se suivent en vue de dessus, dans des environnements traditionnels (et tout en pixels) de villages, donjons, cavernes et autres. Et bien que le jeu ne soit pas spécialement beau à regarder et bien que la réalisation soit franchement modeste (les menus sont tous noirs, les sprites sont jolis dans l'ensemble mais certains sont assez moches) c'est quand même incroyable de constater qu'en 2010 les graphismes rétro font toujours leur petit effet. Le gameplay est aussi très classique : exploration de la map world, villages, donjons, combats, combats, et boss.
Les combats, parlons-en. Breath of Death VII a son propre système de combats, qui a certes subi les influences de divers autres RPG mais passons. Les combats se déroulent au tour par tour. Chaque tour on détermine les actions de nos quatre morts-vivants parmi : attaquer, utiliser une technique/magie contre des MP, boire une potion, se protéger. Puis les actions s'enchaînent, on perd des HP, on tue des monstres par dizaines, on amasse de l'expérience, la routine. Les phases de combat comportent toutefois quelques subtilités. Par exemple un système de combos : chaque coup incrémente un compteur, compteur qui détermine l'efficacité de certaines capacités spéciales ; ou encore un système de level-up : à chaque passage de niveau on devra choisir parmi deux options pour faire évoluer notre personnage, soit parmi deux capacités ou sorts, soit parmi deux bonus de statistiques. Dans l'ensemble les combats sont intéressants et même parfois très tactiques. Néanmoins, ils comportent quelques faiblesses. D'abord parce que le jeu est très facile : après chaque combat tous les HP de l'équipe sont régénérés, il est même possible de sauvegarder à volonté hors combat. En conséquence, on n'aura pas souvent besoin de tirer parti de toutes les subtilités du système, parfois on s'en sortira simplement en martelant la touche pour valider... En outre, l'action n'est pas toujours très lisible. Il n'y a aucune animation, les actions sont décrites à l'ancienne, avec des messages qui défilent à l'écran, avec ça c'est dur de suivre tout ce qui se passe.
Il est clair que l'ambition de Breath of Death VII n'est pas de nous offrir une longue et épique quête de 60 heures de jeu à la Final Fantasy. L'aventure se boucle en cinq ou six heures de jeu. On pourra certes regretter le manque de contenu annexe, la linéarité du titre (paradoxal pour un RPG), et son extrême facilité malgré quelques passages un peu trop rudes. Mais l'humour, l'ambiance décalée et le véritable fun qui en ressortent font de Breath of Death VII un titre tout simplement indispensable. Précisons pour terminer que le jeu est disponible à seulement 80 micropoints sur le XBLA, et à 1,74€ sur Steam en bundle avec sa suite, intitulée "Cthulhu saves the world !". A quoi bon tenter de vous convaincre pour un prix pareil ? Foncez dessus sans réfléchir.
- Graphismes10/20
A mi-chemin entre le 8 bits et le 16 bits, Breath of Death VII n'a pas honte d'afficher ses décors pixelisés, ses petits sprites animés, ses menus d'une sobriété parfaite. Plutôt qu'un style rétro, nous avons affaire à un style "fait maison" qui honore les créateurs de ce jeu. Le gros point noir : en combat, l'arrière-plan est... tout noir. Il est assez gênant de combattre devant un vide intersidéral à chaque fois, mais bon, c'est excusable.
- Jouabilité16/20
Le gameplay est très classique. On retrouve la traditionnelle structure map world/village/donjon commune à tous les RPG du temps jadis. Le système de combat est intéressant, dommage qu'il soit entravé par une relative facilité, due à des regains de HP généreux et à la sauvegarde à volonté. Malgré tout, le plaisir de monter de niveau pour anéantir des monstres de plus en plus puissants par centaines est toujours là, c'est le principal.
- Durée de vie13/20
Cinq heures de jeu, pour un RPG, ça force le respect. Oui, l'aventure est courte, le jeu est facile, les combats sont brefs la plupart du temps. On peut également regretter la linéarité très prononcée du titre, quelques donjons annexes tout au plus, le reste fait un peu couloir, en dépit des apparences. Les plus accros pourront tout de même recommencer le jeu en montant le niveau de difficulté, ou s'essayer au mode Score Attack, qui consiste à reprendre l'aventure sans combats aléatoires, seulement des combats déclenchés par le joueur, le but étant de tuer les boss avec le niveau le plus petit possible. Rappelons que le jeu ne coûte que 1€, à ce prix-là, cinq heures de jeu, ce n'est pas du vol.
- Bande son17/20
Les quelques musiques du jeu sont splendides. Après avoir écouté le thème des combats en boucle une bonne centaine de fois, impossible de s'en passer.
- Scénario17/20
Breath of Death VII nous invite à un trip parodique en compagnie d'une petite bande de morts-vivants afin d'éradiquer encore et une bonne fois pour toutes le mal de la surface de la planète. Si le scénario en soi est volontairement vide de toute profondeur, les innombrables gags, clins d’œil et clichés dont regorge l'histoire font qu'il est impossible de ne pas accrocher. Attention tout de même : le jeu n’est disponible qu’en anglais.
Malgré ses lacunes, comment ne pas crier au génie devant ce Breath of Death VII ? Peut-on réellement lui reprocher quoi que ce soit ? Sans doute pas. Car le titre de Zeboyd Games se veut être une parodie des RPG classiques plutôt qu'une vraie réminiscence du genre. L'histoire est des plus originales et l'humour fait mouche. De toutes façons, au vu de son prix minuscule d'à peine 1€, le soft a plus besoin d'un bon coup de pub que d'une bonne note.