Tel un dernier hommage à la 2D, la PlayStation accueille Arc the Lad en 1995. Présenté comme un jeu de rôle aux rouages tactiques, ce premier opus de la série possède une histoire joliment mise en scène mais malheureusement occultée par un gameplay plus que décevant.
Le jeu débute alors qu'une certaine Kukuru se dresse au pied d'une montagne. Son clan a pour mission de protéger la flamme en son sommet, mais la jeune fille décide de libérer son peuple de ses traditions ancestrales et entame son ascension afin d'éteindre la flamme sacrée. Malheureusement et à sa grande surprise, son acte irréfléchi éveille un démon enfermé depuis 3000 ans. Une tempête de neige s'abat alors violemment sur le village. Non loin de là, le jeune Arc décide de s'aventurer aux abords de la montagne afin de voir de quoi il en retourne exactement. Il pense que les derniers évènements sont en relation avec son père disparu 10 ans auparavant. Il espère trouver des réponses à ses questions sur place. Il rencontre ainsi Kukuru, revenue au pied de la montagne dans le but de réparer ses erreurs et raviver la flamme désormais éteinte.
En dépit de ce que l'on peut penser, cette amorce n'est qu'un prologue et ne reflète pas vraiment l'aventure qui vous attend. Votre réelle quête consiste plutôt à réaliser une prophétie en dénichant une Arche Divine qui chassera le mal. Pour ce faire, vous partirez sauver différents Gardiens élémentaux afin qu'ils vous apportent ensuite leur aide. Le tout se déroule sur fond de machination politique et autres joyeusetés opposants le bien au mal. En soit, une histoire suffisamment recherchée et qui bénéficie d'une mise en scène vraiment réussie. Tellement réussie qu'on en vient à se demander si l'on a affaire à un jeu vidéo ou plutôt à un film ? Car Arc the Lad est assez étrange dans le sens où il n'y a aucune phase d'exploration, toute interaction en ville se fait de manière scriptée de telle sorte qu'on a vraiment l'impression d'être simplement un spectateur . Au mieux, on martèle une touche pour poursuivre les dialogues. Alors, oui l'ambiance nippone dégagée par le jeu est vraiment prenante et totalement maîtrisée. Mais à côté, le manque d'interactivité se fait cruellement ressentir et on aurait au moins aimé pouvoir se balader dans de vraies villes pour y faire des achats. En résumé, mis à part la possibilité de choisir le lieu où vous voulez vous rendre via une carte, il n'y a aucune action possible en dehors des combats.
D'ailleurs, le jeu est censé être un tactical-RPG. Et en toute logique on s'attend à ce que l'accent soit mis sur les affrontements vu qu'on ne peut, à proprement parler, rien faire d'autre. Malheureusement, le bilan est assez consternant sur ce point-là. Tout comme pour l'avancée de l'histoire, vous choisissez votre zone de combat via une mappemonde. De là, le titre vous donne la possibilité d'une part de sauvegarder, et d'autre part de vous préparer. Une unique fenêtre s'ouvre pour vous équiper tout en ayant un aperçu des statistiques de chacun. Malheureusement, cette phase se résume ici à remplir quatre slots où siègent différents accessoires souvent sans intérêts. Quant aux statistiques, cela ressemble à un fouillis d'icônes dont on doit deviner tout seul le sens de chacun. Ce menu manque vraiment d'ergonomie et n'est de toute façon pas du tout pertinent. Une fois l'affrontement lancé, vous déplacez chacun des sept personnages de votre équipe comme des pions sur un échiquier. Lorsqu'ils se trouvent à portée d'un ennemi vous pouvez lancer une attaque simple, ou opter pour l'utilisation d'une capacité. Ces dernières sont de tout ordre, de l'attaque de zone au support, en passant par des invocations. Les capacités sont propres à chaque personnage, et se débloquent en fonction de votre niveau ou de l'avancée du scénario.
Le problème fondamental de ces combats tactiques, c'est qu'il est tout bonnement impossible d'envisager une quelconque stratégie. Les ennemis ont tendance à être en supériorité numérique, plus forts que vous et avec une portée d'attaque au-delà de la vôtre. Cruel dilemme, car les moins costauds de votre équipe doivent être placés en arrière. Or, de par la faible portée de leur sort ils ne peuvent plus agir sur les alliés ou les ennemis. Mais si vous les approchez trop près du danger, une seule attaque de zone suffit à décimer quelques-uns de vos personnages sans que vous ayez le temps de faire quoi que se soit pour eux. Et vu qu'ils n'engrangent pas d'expérience lorsqu'ils meurent, une partie de votre équipe sera ainsi en marge et finira par ne plus servir à quoi que se soit. Pire encore, on se rend compte en fin de jeu que Arc est tout à fait capable de se débarrasser tout seul de six ennemis tout en encaissant leurs dégâts en même temps. Cela montre bien qu'il y a un gros souci d'équilibrage entre les personnages. En outre, vous possédez un inventaire qui se remplit de différents objets récoltés en tuant vos ennemis. Mais autant dire que cela fait surtout office de gadget, sur les innombrables items présents vous n'en utiliserez vraiment que très peu.
Alors bien sûr, il existe quelques zones dans lesquelles vous pouvez gagner de l'expérience en dehors des combats principaux. Mais les affrontements étant relativement longs et ennuyeux, on préfère largement poursuivre l'aventure que de s'attarder sur un nouveau combat hasardeux. Surtout que ces affrontements sont parfois tout aussi difficiles que les autres, certains ennemis ayant tendance à se dédoubler à l'infini pour notre plus grand bonheur. La seule chose qui sauve Arc the Lad, c'est vraiment le soin apporté à la mise en scène et tout le côté technique. On voyage dans des lieux variés, possédant une forte identité et avec des graphismes en général très séduisants. Même vos héros sont attachants, et tous sans exception, de par leur façon d'être ou leur rôle dans l'équipe. Il est donc fort regrettable que tout ce qui englobe la technique et le scénario soit couplé à des phases de combats laborieuses ne nécessitant aucune tactique. Il en va de même pour l'exploration, totalement absente qui aurait pu impliquer davantage le joueur dans l'aventure.
- Graphismes16/20
Le joli rendu 2D est agrémenté de différents effets de profondeurs donnant une impression de 3D. Le plus bluffant réside dans la gestuelle des personnages, donnant la vision de se mouvoir sur 360 degrés. En outre, les décors de fond sont vraiment beaux mais partagés avec un premier plan parfois disgracieux. Rien non plus d'extrême, surtout avec la présence de quelques cinématiques en 3D à côté.
- Jouabilité12/20
Des combats tactiques mais dénués de stratégie. Voilà qui résume parfaitement le concept des affrontements dans Arc the Lad. Les maps souffrent par ailleurs d'un manque d'originalité qui renforce encore plus le côté brouillon des combats. C'est long, fastidieux et la majorité de vos personnages meurent en un coup. En dehors, l'exploration est inexistante, mis-à-part deux rares moments qui ne présentent de toute façon aucun intérêt.
- Durée de vie13/20
Il faut bien moins de 10h pour terminer le jeu. C'est relativement peu, sachant qu'on passe les ¾ du temps à suivre l'avancée de notre équipe sans faire quoi que se soit. Le reste, ce sont des combats au tour par tour qu'on a hâte de terminer et dans lesquels on ne prend aucun plaisir particulier.
- Bande son15/20
Une bande-son plutôt mitigée, où se côtoie du très bon comme des musiques assez banales. On apprécie d'ailleurs les sonorités très nippones qui apportent de la légèreté à l'ambiance et accentuent l'immersion. Tout comme d'ailleurs les voix des personnages durant les affrontements. Malheureusement, il n'y a pas assez de thèmes et tous se répètent trop dans l'ensemble.
- Scénario16/20
Le début est assez bizarre puisque l'on réveille un vieux démon, (que l'on croit être le grand méchant de l'histoire), pour le renfermer aussitôt. Il faut quelques instants de plus pour comprendre que la véritable quête est bien plus importante que cela, et qu'elle vous fera voyager aux quatre coins du royaume. A la fin du jeu, plusieurs questions restent néanmoins en suspend, car il faut absolument poursuivre sur Arc the Lad II afin de pleinement vivre cette histoire et en cerner le fond.
Arc the Lad, c'est un peu le jour et la nuit. D'un côté, on vous propose une histoire certes déjà vue mais toujours intéressante, avec des protagonistes attachants et une mise en scène captivante. De l'autre, on vous jette dans des combats avec trop peu de possibilité de gameplay, sans âme et qui finissent vite par ennuyer. Espérons sincèrement que Arc the Lad II, sa suite directe, rattrape le coche.