En 1984, soit un an après Dragon's Lair, les équipes de Don Bluth remettent le couvert avec un nouveau dessin animé interactif. Si Space Ace marque un tournant galactique dans l'univers choisi, le principe de jeu reste fondamentalement le même, à deux ou trois choses près. Bien des années après, nous retrouvons le titre sur iPhone grâce à l'éditeur Digital Leisure, toujours bien déterminé à transposer son catalogue sur tous les supports du marché.
Space Ace nous permet de faire la connaissance d'Ace, un héros bodybuildé en pyjama blanc prêt à tout pour sauver la planète Terre. Pour l'heure, son souci principal s'appelle Borf, un vilain issu des tréfonds de la galaxie et qui vise désormais la planète bleue. Son but : transformer les humains en bébés pour mieux les contrôler. Ace ne l'entend pas de cette oreille, mais se fait malheureusement toucher par le rayon rajeunissant et se retrouve à l'âge bête. Pour Ace, la lutte n'est toutefois pas terminée même si c'est désormais sous les traits d'un désormais adolescent prépubère, qu'il devra sauver l'univers !
Les joueurs qui ont pu s'essayer à Dragon's Lair ne seront pas vraiment dépaysés par Space Ace et son gameplay toujours aussi rigoureux. Le principe de base n'a pas changé et consiste encore une fois à regarder un dessin animé défiler presque tout seul. Toutes les secondes ou deux, un flash apparaît sur une zone de l'écran qui indique au joueur sur quel bouton appuyer. Si une porte s'allume, c'est qu'il s'agit de la direction à prendre. Si le flingue du héros s'allume, c'est qu'il faut tirer. Ici, les réflexes sont primordiaux, tout autant que la mémoire pour retenir l'ordre des touches revenant d'ailleurs à l'identique d'une partie à l'autre. Toute la difficulté consiste donc à réagir suffisamment vite pour ne pas rater le timing imposé par le jeu, de l'ordre de la demi-seconde pour chaque action. A la moindre erreur, c'est une vie qui s'envole. Il est heureusement possible de configurer les options pour s'accorder trois, cinq ou une infinité de vies avant de partir botter les fesses bleues de Borf. L'autre aide proposée par cette version mais uniquement en mode facile, consiste à afficher très légèrement à l'avance la prochaine action à réaliser. Comme toujours, les puristes se passeront de ces aides, tandis que les néophytes s'en serviront pour se familiariser avec le gameplay.
Contrairement à Dragon's Lair, Space Ace ne propose pas toujours qu'un seul et unique chemin à suivre. Assez régulièrement, l'aventure bifurque selon plusieurs embranchements entraînant différentes séquences à franchir. Généralement, il s'agit de choisir entre prendre le couloir de gauche ou de droite. L'histoire n'en est pas bousculée, mais cela permet de varier sensiblement les parties. Dans le même ordre d'idées, le jeu propose à plusieurs reprises d'utiliser un bouton d'énergie. Celui-ci ne peut être activé qu'à des moments bien précis et permet à Ace de retrouver sa taille adulte. Si le joueur presse le bouton, alors la séquence suivante se règle habituellement à coup de pistolet laser. En revanche, s'il décide de ne pas utiliser l'énergie, c'est généralement une séquence d'esquive qui l'attend. Là aussi, le choix de grandir ou de rester enfant participe à renouveler l'expérience de jeu d'une partie sur l'autre. En début d'aventure, le joueur est amené à choisir son niveau de difficulté, ce qui influera à la fois sur le délai accordé pour réaliser chaque action, mais aussi sur le cheminement global. En mode facile, la progression se retrouve amputée d'environ 50% de ses séquences. Il faudra donc persévérer jusqu'au mode difficile pour tout voir. A moins bien sûr de choisir l'option permettant de visionner la globalité de l'aventure d'une traite, comme un vrai dessin animé. Sachez cependant que sur iPhone, cette option ne s'active qu'après avoir terminé le jeu une première fois.
Toujours aussi délicat à aborder que celui de Dragon's Lair, le timing imposé par le jeu pour remplir chaque séquence semble encore plus serré. Peut-être est-ce dû à la cadence de l'action menée à un rythme plus soutenu ? Possible. Peut-être est-ce aussi le design peu inspiré de cet univers de science-fiction qui fait que l'action se distingue mal ? Possible aussi. Le fait est que Space Ace est un brin plus difficile à maîtriser. Un mot tout de même sur le design évoqué à l'instant. Moins chaleureux que Dragon's Lair, l'univers dépeint au fil de l'aventure peine à afficher une vraie personnalité. Les couleurs sont criardes, les environnements se ressemblent tous et les différents monstres manquent de caractère. On traverse donc le jeu sans connaître le petit plaisir de se demander ce que nous réserve l'étape suivante. Dommage. Dommage aussi que l'animation soit un chouia moins réussie que dans Dragon's Lair et qu'il faille en plus attendre une ou deux secondes de plus à chaque mort. Vous l'aurez compris, malgré ses quelques bonnes idées et ses tentatives d'ouverture du gameplay, Space Ace peine à réellement convaincre. A réserver aux fans absolus un brain collectionneur.
- Graphismes14/20
Si l'animation conserve le charme d'un dessin animé des années 80, le design général de Space Ace manque de caractère. On suit l'aventure sans réellement la suivre ni savoir ce qu'il se passe, la faute à des décors qui se ressemblent tous et à des personnages peu inspirés.
- Jouabilité8/20
Space Ace a la bonne idée de proposer des embranchements dans la progression pour varier les expériences de jeu. Cela dit, l'action est généralement trop rapide pour que l'on comprenne ce que le titre attend réellement de nous. A vrai dire, la surenchère d'effets spéciaux et d'explosions nuit gravement au gameplay.
- Durée de vie10/20
La longévité dépend directement du niveau de difficulté choisie. Ainsi, le mode difficile est près de deux fois plus long que le mode facile. Dans tous les cas, comptez de nombreuses heures d'entraînement à répéter encore et encore avec les mêmes séquences d'une aventure qui ne dure au final qu'une dizaine de minutes en ligne de droite.
- Bande son8/20
A l'image de l'action trop soutenue, la musique joue en permanence des thèmes que l'on a bien du mal à distinguer. Un peu de calme et de retenue n'aurait pas fait de mal à nos oreilles. Au contraire, cela aurait même pu donner un peu de relief à l'aventure. Les voix (en anglais) sont du même acabit. On les entend sans trop les comprendre.
- Scénario7/20
A vouloir trop miser sur les scènes d'action explosives, la progression se perd dans une succession de séquences insipides et à la limite de l'indigeste. Dommage, le pitch de départ était rigolo, avec son héros tête à claques et son grand méchant schtroumpf en guise de vilain.
Space Ace surfe sur les bases de Dragon's Lair mais ne parvient pas à atteindre le même degré de qualité. Ainsi, l'action trop rapide et le design sans génie peinent à impliquer le joueur. Dommage car à côté de cela, le titre apporte quelques nouveautés bienvenues, dont la possibilité de choisir sa route.