Lorsque l'on met pour la première fois les mains sur ce second opus des Lufia, on espère ne pas retrouver les lourdeurs de son prédécesseur ni sa difficulté abusive. Il ne faudra finalement pas longtemps pour se rendre compte que Taito a su parfaitement apprendre de ses erreurs et revoir sa copie en profondeur.
Tout d'abord, Lufia II n'est pas une suite de Lufia & the Fortress of Doom paru 2 ans auparavant, mais plutôt une préquelle à ce dernier. Vous vous êtes toujours demandé comment Maxim, Selan, Artea et Guy sont parvenus jusqu'aux mystérieux Sinistrals afin de les anéantir ? Eh bien vous avez dorénavant le privilège de connaître tout du voyage initiatique qui a amené nos quatre compagnons à se rencontrer, puis vaincre le mal en son antre. Ainsi, vous débutez le jeu dans la peau de Maxim qui n'est alors qu'un simple chasseur de monstres mais à la force et au courage sans égal. Revenant victorieux de sa dernière mission, une étrange femme apparaît alors et lui annonce qu'il est un héros de la légende. Son rôle est de combattre le mal en voyageant à travers le pays. De retour dans son village, et intrigué par les paroles de la femme, il entreprend alors de partir à la découverte du monde. Tia, une amie d'enfance de Maxim, décide de l'accompagner malgré les réticences de ce dernier.
Même si ce début ressemble à s'y méprendre à celui du premier opus, la comparaison avec son aîné s'arrête bel et bien là. Le premier Lufia peut à la limite être qualifié de brouillon lorsque l'on voit comment Taito a retravaillé ses bases en proposant à présent un nouvel opus plaisant à parcourir, dynamique et intelligemment inspiré de certains grands hits. Le scénario, par exemple, a vraiment pris de la consistance. Vous n'avez plus cette impression d'être baladé de ville en ville juste parce qu'il faut avancer. Les villes possèdent désormais un rôle un peu plus intéressant, voir prédominant parfois en ce qui concerne l'intrigue même du jeu. De plus, vous avez la possibilité d'y revenir quand bon vous semble, ce qui crée vraiment un monde homogène où la destinée de chaque royaume est intimement liée. Cependant, ne le cachons pas, l'avancée dans le jeu se fait toujours de manière très classique : vous arrivez sur une nouvelle île où vous obtenez une quête au château pour aller dans un donjon proche, qui une fois débarrassé du Boss vous permettra de prendre un téléporteur pour l'île suivante.
Le principe reste donc le même. Cependant, les donjons ont eux-aussi été totalement remaniés afin de casser cette impression de toujours faire les mêmes choses ennuyantes à l'intérieur. C'est là qu'intervient la première influence majeure du jeu, à savoir Zelda. En effet, oubliez les traversées hasardeuses où un combat aléatoire s'enclenche au moindre pas. Dorénavant, les ennemis sont visibles sur la carte, et se déplacent en fonction de vos propres mouvements. Les combats n'ont cependant pas changé, le moindre contact avec un ennemi et vous passez sur un écran au tour par tour. A ces changements s'ajoutent également bon nombre d'énigmes plus ou moins tordues. De la plus simple à la plus compliquée, il est fort à parier que vous passerez du temps à vous creuser les méninges pour certaines. Au niveau de la structure aussi, les donjons sont de véritables labyrinthes où se côtoient leviers à activer, gouffres et autres cul-de-sac. Le but principal étant de trouver la clé qui ouvre la porte du Boss, mais n'ayant pas de cartes, vous vous retrouverez souvent devant la fameuse porte sans pouvoir l'ouvrir. Il faut vraiment avoir le sens de l'orientation et garder en mémoire les pièces non visitées pour éviter de se perdre.
Ces changements de donjons impliquent également quelques nouveautés concernant le gameplay. On sent une nouvelle fois l'inspiration puisée chez Zelda puisque vous dénicherez différents objets comme les bombes ou l'arc nécessaires à votre avancée dans les donjons. L'utilisation est vraiment identique, vous verrez par exemple des murs fissurés à exploser, ou encore des interrupteurs à activer à distance. Ces différents objets sont répertoriés dans un menu circulaire accessible via une touche, il suffit ensuite de choisir l'item puis d'accepter. Une allusion au Ring System des Seiken Densetsu peut être perçue, mais on restera bien moins catégorique sur ce point-là. Notez que vous avez également accès à un pouvoir spécial via ce menu circulaire, donné en début de partie. C'est t un « Reset », qui permet de réinitialiser une pièce au cas où vous vous seriez trompé durant une énigme. Toujours selon l'influence de Zelda, vous pouvez dégainer votre épée afin de couper les herbes ou lianes présentes autour de vous et dissimulant parfois certains interrupteurs ou portes.
Les donjons sont donc beaucoup mieux pensés et avec un réel challenge à relever. Sur la mappemonde, les combats restent quant à eux totalement aléatoires et vous ne voyez donc pas les ennemis. Leur cadence a tout de même été revue à la baisse et ils ne sont plus aussi contraignants qu'auparavant puisque vous pouvez tous les fuir. Différentes nouveautés font néanmoins leurs apparitions durant les combats, outre de nouvelles animations de personnages. On pense notamment à la nouvelle jauge IP, qui se remplit en fonction des dégâts reçus. Une fois suffisamment pleine, elle offre la possibilité de lancer des skills offensifs ou défensifs. Ces attaques sont disponibles en fonction de votre équipement, et sont totalement indépendantes de vos MP et de vos propres sorts. Cela prend simplement la forme d'une nouvelle icône en combat, qui donne accès à votre équipement et aux différents skills qu'il contient.
D'ailleurs, en mentionnant les magies, sachez qu'elles sont basées sur le système des premiers Final Fantasy et s'achètent donc au même titre que vos armes et autres objets divers. Un choix plutôt intéressant sachant que la majorité des magies n'ont pas réellement d'utilité. Pour finir, la dernière nouveauté concerne les « Capsules Monstres ». En des termes plus simples, vous trouverez en différents lieux des familiers qui vous assisteront alors de manière autonome en combat. Une petite aide non négligeable, même s'ils ne jouent pas un rôle forcément primordial. Vous pouvez néanmoins les nourrir afin de les faire évoluer et les rendre plus puissants. Globalement donc, le gameplay a vraiment été amélioré afin de proposer une approche beaucoup plus souple et vivante. Combiné à une aventure bien plus maîtrisée, on peut aisément affirmer que ce Lufia II est une belle réussite comparé au premier volet.
- Graphismes15/20
On retrouve le côté mignon et enfantin typique des Lufia. Les graphismes ont tout de même été retravaillés pour un résultat très satisfaisant, mais néanmoins dépassé par-rapport à d'autres pointures du genre. L'interface de combat est un peu plus agréable à l'œil. On peut dorénavant voir les personnages s'animer à chaque attaque.
- Jouabilité16/20
Le gameplay a totalement été revu. La traversée des donjons prend désormais la forme d'un Action-RPG, avec possibilité de voir les ennemis ou d'interagir avec différents éléments de l'environnement. Les combats restent cependant toujours au tour par tour, avec l'apparition d'une nouvelle jauge permettant de lancer des skills uniques en fonction de l'équipement porté. Votre équipe peut aussi être épaulée d'un familier si vous les dénichez à divers endroits du monde. L'inventaire a été remodelé et ne souffre plus d'aucun souci d'ergonomie.
- Durée de vie15/20
La durée est équivalente au premier opus, soit vingt à trente heures de jeu. Vous prendrez bien plus de plaisir à voyager de manière générale que dans le premier Lufia, même si le principe récurrent du village suivi du donjon reste bel et bien présent et perceptible. Mais le jeu est bien plus vivant, et surtout dynamique vu que votre équipe changera souvent en fonction de l'avancée du scénario. Avec des buts concrets à atteindre, l'aventure ne lasse jamais et les donjons représentent un réel défi supplémentaire.
- Bande son16/20
Une très jolie bande-son, supérieure aux musiques du premier volet mais ne laissant toujours pas de souvenirs impérissables. Seul le thème de combat des Sinistrals est à même de provoquer un réel frisson.
- Scénario16/20
L'histoire est classique avec des bases récurrentes à la majorité des jeux de rôle. Lufia possède cependant un univers propre, et ce second opus parvient à apporter de la cohésion et de la légèreté à la série. Même si on sait comment tout ceci va se terminer à cause ou grâce au prologue du premier opus, on ne cesse cependant d'être surpris par divers rebondissements et on s'attache réellement aux différents personnages rencontrés. L'évolution de leur relation se suit assidûment, car parsemée de situations toutes aussi humoristiques qu'attendrissantes.
Lufia II : Rise of the Sinistrals est une belle surprise. Après un premier épisode répétitif et aux idées dépassées, cette suite relève admirablement le tout et propose un épisode très classique et prévisible, mais réellement plaisant à parcourir et bien plus intéressant en tout point. Loin d'égaler les références du genre, Lufia II possède tout de même des arguments de choix afin de passer un agréable moment. Si l'on ne veut pas gâcher le final du jeu, il est préférable de commencer la série par ce second épisode qui constitue une préquelle au premier Lufia.