Dragon's Lair, sorti en 1983 en laserdisc pour bornes d'arcade, est l'exemple parfait du jeu que tout le monde connaît mais que finalement bien peu ont essayé, surtout parmi la jeune génération de joueurs. A ce niveau, personne ne pourra jeter la pierre à l'éditeur Digital Leisure qui se démène depuis des années pour transposer Dragon's Lair et ses déclinaisons sur tous les supports possibles. De l'Amiga à la Wii, en passant par le Mega CD ou iPhone, Dragon's Lair est partout. Focus aujourd'hui sur la version Playstation 3 via le Playstation Store.
Dragon's Lair est surtout connu pour deux choses : sa réalisation cartoon et son principe de jeu très particulier, précurseur des QTE actuels. Et pour cause, Dragon's Lair est bien un dessin animé défilant à l'écran et incitant le joueur à agir avec précision pour que l'histoire puisse continuer jusqu'à atteindre son dénouement final. Dans la forme, on peut le considérer comme un film d'animation à regarder avec la contrainte d'appuyer sur la touche lecture toutes les deux secondes sous peine de voir le héros mourir dans d'atroces souffrances. Les seules différences sont qu'en lieu et place d'une unique touche lecture, on se retrouve avec quatre boutons de direction et une touche d'action, et que le film n'indique pas toujours laquelle presser, ni forcément à quel moment le faire. Nous y reviendrons.
Le film d'animation en question n'est pas n'importe quel dessin animé bas de gamme, mais un vrai cartoon supervisé par Don Bluth, un ancien animateur de Disney qui s'est depuis illustré avec les films Fievel, Poucelina, Anastasia, Titan AE et bien d'autres. L'histoire est assez pauvre, mais se prête parfaitement au sujet. D'un côté, nous avons le brave chevalier Dirk, de l'autre, la blonde princesse Daphné. Entre eux, un immense château rempli de pièges et de dangers en tout genre. C'est là où le joueur intervient. Dirk avance et agit tout seul, à condition d'imprimer la bonne direction au bon moment. Dans le cas contraire, le dessin animé s'arrête et bascule sur l'une des innombrables séquences de mort. Un faux mouvement, et Dirk se retrouve tour à tour brûlé, rongé par l'acide, étranglé, croqué par un monstre, aplati par un roc, tranché par une épée ou tout simplement écrabouillé au fond d'un ravin. Les morts sont aussi nombreuses que les dangers et à chaque embûche correspond sa petite animation funèbre.
Pour contrer la mort et donc poursuivre l'aventure, le joueur doit réagir extrêmement vite et appuyer sur la touche choisie à l'avance. Dans les faits, il n'y a rien de vraiment compliqué. Lorsque Dirk doit esquiver un piège, on imprime la direction correspondante tandis que lorsqu'il doit utiliser son épée, on appuie sur le bouton du glaive. En guise d'aide, certains éléments du décor, voire le glaive lui-même, se mettront même à clignoter en jaune pour nous indiquer furtivement ce que le jeu attend de nous. Ceci dit, le temps de réaction accordé est si court (parfois de l'ordre de la milliseconde) que l'on finit inexorablement par appuyer trop tôt ou trop tard. Dans les deux cas, le joueur perd une vie sans autre forme de procès et doit recommencer la séquence.
Contrairement à la version d'origine, il est possible sur Playstation 3 d'afficher une aide visuelle supplémentaire. Celle-ci prend la forme d'une croix directionnelle en bas à gauche de l'écran. Les directions où appuyer s'éclairent et il n'y a qu'à les suivre pour progresser dans le jeu, sachant que si le centre s'éclaire, c'est pour donner un coup de glaive. Dans ce cas-là, le joueur doit presser la touche X de sa manette. Même avec cette aide, le délai de réaction est tel que Dragon's Lair tient bien plus du jeu de réflexes que du jeu d'action. Heureusement, le tout est suffisamment précis pour ne pas prendre le joueur en défaut. Si la mort survient, on ne pourra blâmer que les mauvais réflexes du joueur et rien d'autre.
Comme la plupart des nouvelles versions de Dragon's Lair, cette version PS3 se montre généreuse en options. Il est ainsi possible de modifier le nombre de vies et choisir de partir avec seulement trois vies(comme sur les bornes d'arcade d'époque), cinq ou une infinité. On appréciera aussi de pouvoir regarder le dessin animé en entier et cela dès le départ sans forcément avoir à terminer l'aventure une première fois. Dans le même ordre d'idée, nous sommes aussi contents de voir que cette édition intègre aussi deux versions du jeu : l'originale et la version Maison comprenant plusieurs nouvelles séquences intégrées par-ci par-là et augmentant la durée de vie générale. Enfin, pour parfaire le trip nostalgie, une option permet de transformer l'écran en borne d'arcade, avec la pauvre résolution d'époque que cela implique.
Sachant tout cela, la question se pose maintenant. Faut-il investir dans Dragon's Lair sur PSN ? Bien sûr, la réponse dépend de vous et de votre envie de surfer sur la vague nostalgique. Mais s'il nous faut trancher, le prix trop élevé de cette version (10 euros au moment du test) nous empêche décemment de conseiller Dragon's Lair au premier joueur venu. Surtout que le même jeu, avec les mêmes options, est vendu 10 fois moins cher sur iPod et iPhone !
- Graphismes16/20
Difficile de noter les graphismes d'un vrai dessin animé. La qualité est forcément au rendez-vous et on reconnaît aisément le style de Don Bluth. Un vrai régal pour les amateurs d'animation ! L'option "bornes d'arcade" est parfaitement rendue et rappellera forcément beaucoup de souvenirs à tous ceux qui ont connu le titre en salle de jeux.
- Jouabilité8/20
L'implication du joueur se limite à appuyer sur les touches imposées par le jeu, à un instant précis, lui aussi défini. Il n'y a donc aucune liberté ici, ce qui pourra en frustrer plus d'un. Tout est basé sur les réflexes du joueur, sur son sens de l'observation pour repérer les indications lumineuses (lorsqu'elles sont là) et sur sa mémoire pour exécuter parfaitement les séquences après avoir échoué des milliards de fois.
- Durée de vie10/20
En ligne droite, et sans aucune erreur, le film dure 10 petites minutes (un peu plus pour la version Maison). Cela dit, vous mettrez probablement bien plus de temps à boucler l'aventure. Sans aucune aide, Dragon's Lair pourra même vous résister pendant plusieurs jours. Les plus impatients pourront toutefois activer des options pour se faciliter la vie comme les vies infinies ou les indications de touches sur lesquelles appuyer.
- Bande son12/20
Contrairement à la partie graphique qui possède une vraie identité, l'ambiance sonore, très cartoon, ne brille pas particulièrement. Elle se contente d'illustrer les actions par des bruitages très appuyés et quelques rares thèmes loin, très loin dans les haut-parleurs.
- Scénario/
Même s'il s'agit bien d'un dessin animé, on ne peut pas vraiment considérer que Dragon's Lair propose un scénario. L'histoire principale passe clairement au second plan face à l'accumulation de pièges à éviter dans le château. Des pièges qui n'ont d'ailleurs aucun lien les uns avec les autres et qui apparaissent aléatoirement dans le mode de jeu principal.
Même s'il s'agit d'une légende du jeu vidéo, et même si le titre n'a jamais été aussi beau qu'ici, le prix de Dragon's Lair sur le Playstation Store est rédhibitoire. Vendue bien trop cher (10 euros), cette version ne pourra finalement intéresser que les joueurs en totale connaissance de cause. Sachez donc qu'il s'agit d'un jeu difficile, extrêmement court, et qui ne se renouvelle jamais du début à la fin. Cette note sanction n'enlève en rien l'émotion que l'on éprouve pour Dragon's Lair et le charme particulier qu'il dégage. Si seulement il était proposé deux fois moins cher, la pilule passerait déjà mieux...