Si votre Nintendo DS prend la poussière au fond d'un tiroir, SolatoRobo risque bien de vous faire ressortir la machine à vitesse grand V. En effet, ce jeu d'action-aventure s'apprête à changer votre existence avec une histoire palpitante et un univers particulièrement complet. Prêt à découvrir les folles aventures de Red Savarin ?
Il est fort possible que le nom CyberConnect2 ne vous dise rien du tout. En fait, si vous n'êtes pas fan de la série dot.hack ou de celle des Naruto : Ultimate Ninja, vous avez peu de chances d'avoir entendu parler de cette boîte de développement. Pourtant, c'est à ces joyeux drilles que l'on doit l'excellent Tail Concerto, un jeu d'action-aventure à l'univers riche qui n'a malheureusement pas eu le succès commercial escompté malgré les bonnes critiques. Du coup, il faut bien dire que les fans ne pensaient pas voir poindre un jour une éventuelle séquelle. Mais les mystères du jeu vidéo sont insondables et CyberConnect2 nous offre SolatoRobo, suite spirituelle de Tail Concerto qui se situe dans le même univers, appelé Little Tail Bronx.
On retrouve donc un monde fait de petites îles au-dessus d'une mer de nuages, où cohabitent chiens et chats, et où la langue la plus parlée est le... français. Oui oui, la langue de Molière, même dans la version japonaise ! D'ailleurs, il est assez drôle d'entendre quelques petits mots et phrases lancés à la volée comme « Sapristi ! », « Salut ! » ou « Nom d'un chien ! », avec un léger accent. Mais avant de s'attarder sur l'univers, parlons plutôt du scénario. Vous êtes Red Savarin, un chasseur intrépide qui n'a peur de rien, toujours prêt à se faire de l'argent en aidant ses semblables à travers le monde. Red voyage très souvent avec sa soeur Chocolat, navigatrice du ciel et experte en mécanique à ses heures perdues. Lors d'une intervention d'apparence banale sur un vaisseau ennemi, Red met la main sur un médaillon et sauve un étrange garçon du nom de Elh. Si le courageux héros croit encore avoir accompli une simple mission, il va vite se rendre compte qu'il a mis les pieds dans un sacré foutoir.
Car par la suite, tout se complique, à tel point qu'il va être difficile pour cet article d'être clair sans vous gâcher les surprises. Tout ce que l'on peut dire sans risque, c'est qu'un organisme, le Kurvaz, poursuit Red, Chocolat et Elh dans le but de récupérer le médaillon, dont les pouvoirs sont tellement puissants qu'ils pourraient mettre en péril l'ordre du monde. Certes, jusque-là, l'histoire semble très classique, mais la force de SolatoRobo est sans conteste dans la relation entre les nombreux personnages du jeu et l'univers qui les entoure. La quête de Red l'emmène aux quatre coins de la République de Shepherd, à la découverte de villes aux caractères et aux passés différents. Il est étonnant de découvrir le travail détaillé de CyberConnect2 sur les décors de chacune des cités visitées, à tel point qu'on ne pensait pas voir un jour un résultat aussi abouti sur Nintendo DS. Les architectures sont singulières et colorées, avec un effet de profondeur qui laisse littéralement pantois. A s'en décrocher la mâchoire.
Maintenant que vous vous êtes remis de vos émotions, vous allez pouvoir commencer votre première quête. Pour cela, il suffit de parler à Flo, qui tient un office dans chaque ville dans lequel les citoyens laissent leurs offres d'embauche. En les effectuant, Red gagne non seulement de l'argent, mais aussi des points de chasseur permettant d'augmenter son rang afin d'accepter des missions plus exigeantes. Le plus frappant, c'est que bien qu'une seule des quêtes disponibles fait avancer la trame principale (ce qui vous est indiqué), toutes les missions sont bel et bien scénarisées et mises en scène, vous faisant découvrir des personnages hauts en couleur et souvent charismatiques, comme Alman ou encore l'organisateur de combats en arène. Quelle que soit la demande initiale, les dialogues sont souvent drôles, bien aidés par le caractère particulièrement énergique de Red, expansif comme personne et toujours prêt à en découdre pour sauver la veuve et l'orphelin.
L'occasion ici de parler du système de combat. Car avec tout cela, nous n'avons pas encore évoqué le gameplay qui tourne pourtant sur un élément de taille, le Dahak. En effet, Red a beau avoir du chien (ah ah ah), ses petites papattes ne suffisent pas à affronter les forces du Kurvaz. Voilà pourquoi il est monté sur un véritable mecha aux bras surpuissants lui permettant de soulever de lourds objets et surtout, de projeter les ennemis. Pour cela, il faut parfois ruser, certains spécimens ne pouvant être attrapés que dans des conditions bien précises (par-derrière, après avoir effectué une attaque, etc.). Il est aussi important de maîtriser les combos aériens. Dans de nombreuses confrontations, notamment contre les boss, il est nécessaire d'avoir un excellent timing, surtout lorsqu'il s'agit de réceptionner un projectile pour le retourner à l'envoyeur. De temps en temps, Red peut descendre du Dahak pour faire quelques investigations, mais il ne bénéficie alors que d'une petite arme qui étourdit les ennemis, juste assez pour s'échapper. Bien que dans un premier temps, les combats semblent d'une simplicité enfantine, de nouveaux éléments rentrent en compte par la suite, dont il est absolument impossible de vous parler sans spoiler...
Par contre, ce que l'on peut vous dire sans risque, c'est que votre terrible Dahak peut être customisé en achetant de nouvelles pièces qui augmentent ses caractéristiques. Pour cela, il va bien sûr falloir dépenser des sous, mais aussi utiliser avec jugeote une sorte de plateau dont il faudra débloquer les cases grâce aux Cystaux P trouvés lors de vos pérégrinations. Chaque pièce ayant une forme bien précise selon son efficacité, la réflexion est de mise pour bénéficier d'un maximum de bonus avec un minimum de place. Là encore, nous ne pouvons pas tout dévoiler, mais d'autres éléments viendront complexifier les choses pour notre plus grand bonheur, nous permettant même de customiser l'aspect physique du Dahak et de changer ses caractéristiques de façon bien plus prononcée. Cependant, la place est toujours laissée au mélange action-aventure, et vous n'aurez jamais besoin de passer des heures à trafiquer votre mecha pour gagner vos combats. Par contre, d'autres activités sont là pour vous sortir un peu la tête de la trame principale.
Les fans de collection pourront par exemple tenter de retrouver tous les « sons » en fouillant ici et là, ce qui permet en fait de débloquer les musiques du jeu afin de les écouter à l'envie dans le vaisseau de Red. De la même façon, vous pouvez récupérer de nombreuses photos, déchirées en quatre parties dont chaque morceau est retenu par des membres du Gang des Chats Noirs (déjà présents dans Tail Concerto), des petits voleurs qui se cachent en général dans des caisses. Mais tout cela n'est que broutilles devant le GP Aerobot, un véritable jeu dans le jeu puisqu'il s'agit d'effectuer des courses à bord de véhicules volants avec des options à la Mario Kart sur les tracés. Plus vous avancez dans le jeu, plus vous aurez accès à des machines efficaces vous permettant de battre plus facilement vos adversaires, d'autant que ce mode est aussi disponible en version multijoueur. Enfin on peut signaler la présence du Navire des Duels, dans lequel vous participerez à des championnats divisés en trois manches de plus en plus ardues. L'occasion de voir quelques nouvelles scènes cocasses, comme la présence d'une fan invétérée ou encore de Theria et Cyan que les joueurs de Tail Concerto connaissent bien. Mieux encore, vous débloquerez un mode New Game Plus en finissant le jeu, ainsi qu'une sorte de Boss Rush.
Bref, que dire de plus si ce n'est que SolatoRobo est un véritable délice du début à la fin ? Entre ses environnements riches, son univers complet et ses dialogues croustillants, le titre de CyberConnect2 rend largement hommage à son « prédécesseur » et parvient à entretenir l'intérêt du joueur de bout en bout. La richesse des personnages atteint des sommets et nous n'avons même pas pu évoquer les nombreuses surprises scénaristiques qui jouent gentiment avec nos nerfs. Certes, on peut toutefois lui reprocher de trop souvent prendre le joueur par la main et de ne pas proposer de challenges particulièrement corsés. D'un autre côté, on ne s'ennuie pas, ce qui reste le signe d'un titre parfaitement mis en scène dans les moindres détails. Au final, il ne fait absolument aucun doute que SolatoRobo est un des meilleurs titres sortis sur Nintendo DS, parvenant à se hisser au niveau d'un Zelda tout en proposant un rythme, une ambiance et un gameplay totalement différents et originaux. Si vous n'avez pas peur de trop vous attacher à Red et ses amis (voire à ses ennemis), vous pouvez sauter sur cette cartouche les yeux fermés.
- Graphismes18/20
C'est les yeux écarquillés que vous découvrirez chaque nouvelle ville. En effet, elles ont été travaillées à l'extrême et possèdent toutes un charme absolument indéniable. Il en va de même pour les personnages, tous reconnaissables au premier coup d'oeil malgré la taille de l'écran et le fait qu'ils soient, pour la plupart, des canidés ou des félins anthropomorphes. Si certaines zones souterraines sont un peu moins détaillées, le résultat final reste une vraie petite merveille.
- Jouabilité17/20
Malgré des commandes simples, on prend un plaisir fou à participer au combat. Et au moment où on commence à se dire qu'on a finalement très peu d'options, une belle surprise vient multiplier les possibilités. Pourtant, SolatoRobo est clairement plus axé aventure qu'action et vous passerez le plus clair de votre temps à participer à d'excellents dialogues, avec quelques passages de recherches et de réflexion dans l'ensemble. Et là, on ne parle même pas des courses de GP Aerobot...
- Durée de vie15/20
Une bonne vingtaine d'heures sera nécessaire pour voir le « bout » de SolatoRobo. La cadence du titre étant particulièrement élevée, le temps paraît court, mais au final, c'est pile ce qu'il fallait pour condenser l'histoire et tenir les joueurs en haleine sans jamais s'étaler sur des longueurs.
- Bande son17/20
Fichtre, on n'a même pas parlé de la musique. Chaque thème est parfaitement en adéquation avec l'ambiance de la zone qu'il accompagne, chose absolument indispensable à un titre qui lorgne largement du côté de l'aventure. Les bruitages sont un peu en deçà, chose dont on a malheureusement l'habitude sur Nintendo DS, mais rien de bien gênant à ce niveau.
- Scénario18/20
En partant d'une trame relativement simple, SolatoRobo arrive à mettre en avant les personnages, rendant les scènes totalement exquises. Pas dénué d'humour, le titre réussit surtout à surprendre par ses dialogues et l'évolution des relations entre les personnages, notamment entre Red et Elh. Mais là où le jeu réalise un tour de force, c'est en relançant l'intrigue de façon totale là où tout semblait enfin se décanter, nous donnant ainsi l'impression d'avoir participé à une introduction de plusieurs heures. Mais le must, c'est quand on se rend compte que toutes les quêtes, même les plus anecdotiques et dispensables, bénéficient de leur propre scénario, avec retournements de situations et scènes rigolotes à la clef. Génial.
Comment ne pas être conquis par SolatoRobo ? Nous voilà tout simplement devant un des meilleurs jeux de la Nintendo DS ! Rares sont les titres qui allient aussi bien un univers riche, des visuels enchanteurs, des personnages charismatiques et un scénario qui cache parfaitement son jeu. La bonne humeur de Red, le personnage principal, met du baume au coeur et son courage n'a pas d'égal. Devant un titre aussi complet, on ne peut qu'applaudir CyberConnect2 et se plonger dans une aventure à l'intérêt sans cesse renouvelé.