Qui a dit que les monocycles n'étaient que pour les clowns ? Sorti en 1994 sur SNES, et développé par DMA Design (devenu depuis Rockstar Games), Uniracers, ou Unirally pour les Européens, était le seul jeu de l'époque mettant en avant ces « vélos à une roue », proposant un gameplay pour le moins surprenant. Pari réussi ?
Lorsqu'on parle de monocycles pour ce jeu, oubliez les monocyclistes qui les montent : il s'agit ici de montures bel et bien vivantes, qui se mesurent entre elles dans des compétitions déjantées. Le principe en soi est simple : sur une piste dont la constitution cylindrique et les couleurs font penser à un sucre d'orge infini, et dans la peau (ou le métal) de votre engin sur roue unique, vous vous dirigez avec le pad directionnel de la manette et vous sautez avec B, essayant d'épouser au mieux les formes du terrain pour espérer battre votre rival. Mais là où tout le gameplay laisse bouche bée, c'est dans le fait qu'il va aussi falloir enchaîner des figures acrobatiques qui, une fois réussies (c'est-à-dire si vous retombez sur la roue), vous offrent un surplus de vitesse ou d'accélération proportionnel à la complexité de votre trick. Pour ce faire, vous devez appuyer sur les boutons L, R, X et Y à bon escient une fois en l'air ; ils correspondent chacun à des axes de rotation différents. Et pas question de faire les mêmes figures à chaque fois. La monotonie est pénalisée par la perte progressive de vos gains en accélération, donc autant rester le plus original possible en variant vos productions et en combinant les boutons pour une meilleure performance.
Uniracers propose quatre modes de jeu dès son écran titre. Le mode 1 joueur consiste à participer à l'un des quatre championnats initialement présents, eux-mêmes contenant cinq circuits chacun, de plus en plus tortueux et imprévisibles. Cinq autres championnats sont déblocables à la suite de votre succès dans les précédents, ce qui vous donnera la myriade de 45 circuits au total pour votre distraction. Le mode deux joueurs vous donne quant à lui le droit de jouer aux mêmes championnats, mais avec pour rival un second joueur humain, qui vous fera face au moyen d'écran splitté. Troisième mode, le mode Versus. Vous pourrez choisir ici un circuit en particulier pour vous adonner à un challenge avec votre ami le joueur 2. Mais votre ami le joueur 2 seulement, car il n'y a pas d'ordinateur pour vous entraîner, au grand dam de tous... Enfin, il existe un mode Ligue, où on constitue des équipes et des poules pour créer des compétitions organisées. Dans tous ces modes catalogués, les circuits sont de deux types. Un modèle « speed », où il vous faudra atteindre l'arrivée avant votre adversaire en exécutant des figures pour atteindre une vitesse de pointe, et un modèle « trick » où il s'agira de placer un maximum d'acrobaties pour dépasser un score indiqué dans un circuit fermé.
Bien que présentant un gameplay des plus originaux, la réalisation du soft ne plaidera pas en sa faveur, malheureusement. Uniracers présente les graphismes les plus vides qui soient. Certes, les couleurs sont présentes, et les sprites avec lesquels sont formés les monocycles ou les flèches de sélection ont un semblant de 3D d'un bel effet, mais ce sera bien trop peu, voire insignifiant, pour suffire. Il n'y a pas une once de décor, et ce ne seront que des arrière-plans simplistes qui assureront la fonction. Dommage. Même les indicateurs de temps et de score restent fades, et feront plus penser aux informations de débug d'un programmeur qu'autre chose. Le design n'aura clairement pas été la priorité des développeurs. Cependant, la bande-son réussit à s'en tirer sans trop de mal, techniquement parlant. Si on ferme les yeux sur l'omniprésence de guitares électriques synthétiques qui font mal aux oreilles à la longue, les mélodies rock/métal composées tiennent la route. Hélas, elles ne collent pas avec l'ambiance du jeu, qui se veut assez cartoon et sympathique sur les bords.
Une anecdote pour finir. Sachez qu'il est possible de renommer votre monocycle dans les options du jeu. Un petit clin d'œil de la part des développeurs, qui se montreront militants pour Nintendo dans la célèbre guerre des consoles de l'époque, en refusant les noms SEGA et SONIC, et en répondant par le message « not cool enough » (pas assez cool). Un point qui en fera sourire plus d'un.
- Graphismes6/20
L'absence totale de décors et d'ornements fera hésiter bien des joueurs à se procurer le soft... Dommage que les développeurs n'aient pas fait plus d'effort sur l'aspect visuel.
- Jouabilité17/20
Le gameplay proposé est vraiment surprenant, original. C'est le véritable centre du jeu. Les figures sont simples à placer, chaque bouton étant assigné à une rotation selon un axe tridimensionnel. Mais il faudra faire preuve d'un peu de maîtrise pour exécuter les plus compliquées d'entre elles.
- Durée de vie14/20
Dame longévité se porte bien, avec 45 circuits au total possédant trois niveaux de difficulté chacun. Le multi est également un plus.
- Bande son13/20
On se souviendra surtout des grosses guitares électriques proéminentes, qui gâchent des mélodies pourtant potables. Hélas, l'ambiance rock n'est pas en phase avec le côté cartoon que présente le jeu.
- Scénario/
Uniracers aurait pu être un excellent jeu Super Nintendo s'il n'était pas entouré par l'ambiance à la fois vide et cacophonique qu'ont mise en place les développeurs de DMA Design. C'est vraiment dommage pour le gameplay remarquable qu'offre le titre. Néanmoins, il est à essayer pour les amateurs de jeux de courses et de time trials, qui peuvent y trouver leur compte.