C'est connu : de nombreux jeux, aussi bons soient-ils, n'ont pas fait l'effort de sortir du sol japonais, pour une pléthore de raisons qui restent valables dans l'ensemble. Mais de là à ce que l'archipel nippon nous prive de l'épisode du célèbre bombardier blanc qui sera souvent considéré comme le meilleur de tous les temps, on demande à ce que justice soit faite !
La franchise Bomberman a fait ses preuves et n'est plus à présenter, mais voici tout de même une mise en bouche pour ceux qui auraient raté ce grand train vidéoludique. Vous prenez le contrôle d'un aimable petit personnage enfermé dans une arène avec d'autres individus de sa trempe. Le but sera de rester le dernier debout, tout en essayant de faire tomber vos rivaux au moyen de bombes que vous posez sur le sol. Simple, mais ô combien efficace.
Ce cinquième épisode, qui se révèlera être le dernier de la série à sortir sur la console 16-bits de Nintendo, verra le jour en 1997 dans les bras de son papa Hudson, au pays du Soleil Levant, sans jamais en sortir, à notre plus grande déception. De plus, il se verra décliné en deux versions : le jeu standard et sa version collector, la Gold Cartridge, cartouche dorée qui possède des arènes supplémentaires en mode multijoueur. Tandis que la première version de ce titre peut encore se dégotter aux environs de 30 euros en bon état en import, le collector, lui, porte bien son nom et vaut quasiment 200 euros pour un jeu sorti il y a presque 15 ans ! Amis collectionneurs, vous aurez plutôt intérêt à avoir un porte-monnaie en béton.
La parenthèse culturelle close, venons-en maintenant à notre sujet : le jeu à proprement parler. Les puristes vous le diront, tout l'attrait et la grâce de cette série inépuisable proviennent de son mode multi, qui vaut mieux que les rayons de soleil par une grise journée de pluie. Que nenni ! Cette fois-ci, Hudson a vraiment travaillé son projet, et nous gratifie d'un grand parcours solo digne de ce nom, soutenu par une histoire sympathique mais sans plus. Un méchant Bomber répondant au doux nom de Emperor Terrorin mit la main sur les pouvoirs du contrôle du temps, et usa de leurs enchantements pour libérer des criminels de leurs prisons sur orbite, et former ainsi un bataillon visant à prendre d'assaut la planète Bomber. Shirobon (Bomberman blanc), Kurobon (Bomberman noir) et ses compagnons s'élancèrent à sa poursuite en voyageant à travers les failles espace-temps qu'il a laissées sur son passage.
L'opus est divisé en cinq mondes comportant une vingtaine de niveaux chacun, donc autant dire qu'en quantité, nous sommes servis, avec déjà une bonne centaine de niveaux à la difficulté progressive. Mais qu'en est-il de la qualité ? Eh bien sachez que le fait d'avoir une aventure sur cinq mondes n'est pas innocent. Ceci est le cinquième volet de la série sur Super NES... Vous l'aurez pressenti : chaque monde propose des niveaux avec une architecture et des ennemis semblables à un des précédents épisodes de cette grande série, sauf le cinquième, qui est une exclusivité totale à cet opus. Bien entendu, il est hors de question d'appliquer un simple repompage. Chaque niveau est unique au titre. D'autant plus que celui-ci est orné des graphismes les plus fins qui soient pour la console, avec une interface remaniée, des couleurs vivantes et bien dosées, des personnages refaits, des animations fluides... Que demande le peuple ? C'est un véritable aboutissement après de longues années de labeur pour la firme à l'abeille. Et comme si ce n'était pas suffisant, des musiques sublimes collant parfaitement à l'univers rigolo et vivant de Bomberman, ainsi que quelques remix de sons issus des précédents volets, viennent s'ajouter à ce monument déjà plein d'arguments en sa faveur.
Le mode solo du jeu est donc vraiment exceptionnel si on s'amuse à le comparer à ses grands frères. L'avancée à travers les niveaux est loin d'être linéaire, puisque non seulement une carte du monde est présente, et donc des choix potentiels de parcours, mais en plus chaque fin de niveau propose plusieurs portails donnant vers des suites d'aventure différentes. Dans tous les cas, si on prend soin d'utiliser les portails dorés (qui constituent un chemin vers un niveau encore inexploré, à l'inverse du portail bleu), on se retrouve nez à nez avec un boss qui, comme vous, est capable de poser des explosifs. Ce n'est qu'après l'avoir abattu que vous accéderez au monde suivant. Vous noterez donc qu'il est possible d'y parvenir à la fin du jeu sans pour autant le compléter à 100%. D'ailleurs, si vous réussissez cette prouesse, vous découvrirez alors que vous n'en êtes en réalité qu'à la moitié ! Le titre propose un deuxième mode de jeu plus difficile avec des niveaux totalement remaniés, et une nouvelle fin pour vous récompenser de votre performance. Une sorte de Master Quest intégrée.
Les puristes de l'assemblée commencent à faire la moue tant on se sera attardé sur le solo. Désolé, mesdames et messieurs. Il en aura valu le coup. Néanmoins, il est évidemment impossible de négliger le mode multijoueur. Petit point noir : le jeu est en japonais, ce qui implique que le paramétrage des parties multi n'est pas très aisé pour la majorité. Mais rassurez-vous, avec un peu de bon sens on s'habitue vite, et on devine presque la signification des choix dans les menus. Le mode multijoueur reprend tout le mécanisme de jeu du mode 1 joueur, à savoir : vous vous retrouvez dans l'arène de votre choix, face-à-face avec jusqu'à cinq de vos amis grâce au Multitap SNES, ou des IA avec la difficulté individuelle de votre choix, ou bien les deux mélangés. Dès lors, vous commencez à poser des bombes, détruisant les petits murets sur votre passage, et ramassant divers power-up augmentant la puissance de souffle de vos explosifs, votre vitesse, le nombre de bombes simultanées, etc. Il y a aussi des œufs contenant un compagnon de route aux airs de lapin géant de différentes couleurs et formes que vous pourrez enfourcher. Ceux-ci vous permettent notamment d'obtenir une résistance supplémentaire face au feu que dégagent les explosions, et donnent le droit en outre à des pouvoirs différents selon l'animal : pousser les bombes, sauter, donner des coups aux rivaux, etc. Le rythme s'enflamme très vite à la vitesse des détonations, ce qui vous garantit, comme tout Bomberman qui se respecte, de bonnes heures de rigolade entre amis.
- Graphismes18/20
Les graphismes sont très réussis pour ce dernier opus de la saga sur SNES. Toute l'imagerie vieillissante des quatre précédents volets a été retravaillée, raffinée et recolorée, avec un résultat des plus aboutis pour de ce que pouvait offrir la console. Un vrai plaisir pour les rétines.
- Jouabilité17/20
Les adeptes du petit bombardier blanc ne sont pas près d'être dépaysés. Les commandes restent les mêmes, et offrent un petit plus de fluidité grâce aux nouvelles animations incorporées à ce titre. La difficulté de jeu en mode solo est progressive, quoique limitée, mais toujours accessible à tous.
- Durée de vie18/20
Autant dire tout de suite que vous avez de quoi faire ! Avec environ 200 niveaux en comptant la seconde centaine après avoir terminé le jeu à 100%, et l'indétrônable mode multijoueur, le jeu ne risque pas de prendre la poussière de sitôt.
- Bande son18/20
Des fonds musicaux mémorables et de très bons bruitages qui restent parfaitement en phase avec l'ambiance mignonne et vivante de l'univers Bomberman. Aux côtés de nouveaux morceaux spécifiques à ce volet, beaucoup d'autres sont des réarrangements des titres précédents, tout aussi réussis.
- Scénario/
Hudson aura vraiment voulu se montrer cruel envers les joueurs extérieurs à l'archipel nippon en nous privant de ce qui pourrait facilement se classer comme le meilleur Bomberman toutes consoles confondues. Des graphismes exquis, une bande-son au summum du genre et une durée de vie en béton... Une bombe, c'est le cas de le dire !