Si l'été amène toujours son lot de blockbusters hollywoodiens, on a aussi l'habitude de voir poindre des adaptations sur nos consoles, qui n'en demandaient pas tant. Une chose est sûre, Transformers 3 : La Face Cachée de la Lune, c'est comme au cinoche.
Lorsqu'on entre dans une salle de cinéma pour voir un film de Michael Bay, on sait qu'on va en prendre plein les mirettes. Ca bouge dans tous les sens, l'action est constante et tout objet aussi quelconque qu'un grille-pain est potentiellement explosif. Certes, les mises en abîme de la condition humaine sont rares, mais que voulez-vous, le but est de divertir nos pauvres âmes. Sans surprise, c'est exactement ce que compte faire le jeu en nous assourdissant de bims, de bams, et de boums.
Tout d'abord. Le scénario, si on peut parler de scénario, vous embarque dans une succession de missions dans chacun des deux camps : les Autobots, les gentils qui veulent défendre la Terre, et les Decepticons, les méchants qui veulent tout casser et dominer la galaxie. Puisqu'il est compliqué de jouer les pacifistes face à 40 tonnes de ferraille capables de lâcher des pluies de balles par tous les boulons, il va falloir faire parler les douilles. On commence doucement avec un didacticiel aux commandes de Bumblebee, un Autobot en reconnaissance dans une zone hostile. L'occasion de découvrir un arsenal de barbare constitué de deux armes surpuissantes, de grenades et d'attaques de mêlée. Si besoin est, une visée automatique peut vous aider à allumer les cibles qui osent se mouvoir alors que vous pouvez aussi sauter, d'une façon lourde et pataude d'ailleurs. Enfin, une capacité spéciale, exclusive à chaque personnage, permet en général de faire des ravages autour de soi, même s'il faut patienter quelques secondes entre deux utilisations.
Mais ce que tout le monde attend d'un Transformers, c'est de se transformer pardi ! Par une simple pression de bouton, vous pouvez donc passer en mode Overdrive et prendre la forme d'un véhicule, ce qui ne va pas sans de nombreux changements. Tout d'abord, vous vous déplacez bien plus vite et pouvez même enclencher un mode Conduite pure dans lequel vous pouvez déclencher un turbo. Malheureusement, la réalisation du titre commence déjà à faire parler d'elle car on a l'impression de glisser sur le sol comme une savonnette. Comme si cela ne suffisait pas, foncer dans un rocher de pleine face vous permet juste de rouler dessus, sans aucune impression de dégâts. Bref, autant dire que la conduite est complètement ratée. Mais rassurez-vous, ce n'est pas parce que vous êtes en mode Overdrive que vous ne pouvez pas démantibuler vos adversaires puisque vous aurez accès à deux nouvelles armes (en général, une mitrailleuse et un lance-grenades/roquettes).
Cela tombe plutôt bien puisque 90% du gameplay tourne autour de l'éradication de robots. Quelle que soit la mission et peu importe votre camp, vous affronterez des nuées d'ennemis qui débarquent généralement par packs de six dans le simple but de se faire aligner. Il faut dire qu'ils n'en ont visiblement pas beaucoup dans le processeur vu qu'ils agissent avec le discernement d'un bigorneau pendant la plupart des combats. Souvent, ils resteront plantés à une même position sans bouger, attendant que vous passiez dans leur viseur pour se mettre sur « On » et vous tirer dessus. Si vous en doutez, le meilleur moyen est de vérifier par vous-même. Placez-vous derrière un mur et laissez juste dépasser votre bras pour allumer un ennemi. Vous pouvez lui descendre toute sa vie, il ne réagira pas d'un poil... Ces problèmes d'IA sont d'autant plus drôles lorsque vous affrontez un boss. Par exemple, lors d'un long combat contre Starscream, ce dernier s'est soudainement immobilisé sans aucune raison, comme figé sur place, nous laissant l'allumer à foison. Les joies des pannes de scripts... En règle générale, ne cherchez pas à être technique, il suffit de foncer dans le tas et de bourriner pour réussir une mission. Toutefois, certains passages tentent de se la jouer fine comme une phase d'infiltration en camouflage optique ou encore une mission de sabotage avec Laserbeak. Malheureusement, tout cela reste très basique, à moins que passer derrière un ennemi immobile qui ne fixe qu'une direction constitue le summum de la discrétion.
Si le profil du titre n'est déjà pas des plus enchanteurs, nous n'avons pas encore parlé de la réalisation. Dans la famille « grosse licence, petits moyens », Transformers 3 est un véritable patriarche. D'un point de vue visuel, on est bien plus proche de ce que peut faire une Wii que des véritables capacités des consoles HD. On en est même choqué dès la première mission, située en extérieur, là où on peut apprécier les textures les plus laides et la végétation simpliste. Et si seulement c'était fluide... Des ralentissements viennent carrément violenter nos yeux lorsque trop de Transformers s'affrontent, comme si la console était au maximum de ses capacités... Pire encore, des chargements intempestifs peuvent intervenir en plein niveau, voire en plein combat ! De son côté, la caméra est loin d'être optimale sur les phases au corps-à-corps, heureusement peu nombreuses. Par contre, les effets spéciaux sortent légèrement du lot et sont plutôt réussis. Côté bande-son, les musiques sont très en retrait par rapport aux voix des robots extraterrestres. Ces dernières sont toujours aussi caricaturales, mais ça fait partie du charme de la série.
Enfin, parlons du mode multi, d'un classicisme ultime. S'il est possible de choisir entre quatre classes et de customiser son robot grâce aux points d'expérience gagnés, seuls deux modes de jeu sont proposés, dont un aussi jouable par équipe. Ne cherchez pas une quelconque finesse dans leur principe d'ailleurs... Au final, ce Transformers 3 : La Face Cachée de la Lune est loin d'être une réussite. Si on aurait pu excuser le retard technique, il est évident que le gameplay redondant, la maniabilité des véhicules désastreuse et l'IA des ennemis aux pâquerettes en font une mauvaise adaptation. Ce n'est pas aujourd'hui que les fans de la série et des figurines pourront déboucher le champagne.
- Graphismes8/20
Le budget du jeu est très loin de celui du film et cela se ressent à chaque instant. Les textures sont pauvres, les animations sont saccadées et les décors sont affreusement simplistes.
- Jouabilité9/20
Si le principe des transformations est toujours sympathique, la maniabilité des véhicules ne procure aucun plaisir. Pas de poids, pas de résistance, on a l'impression de passer la serpillière. Pour le reste, les combats peuvent sembler sympas au début, sauf quand vous vous rendrez compte que vous passez votre temps à tirer sur tout ce qui bouge avant d'arriver à un point B pour... tirer sur tout ce qui bouge. Mais le pire vient sans doute des ennemis, dont les actions ou inactions oscillent dangereusement entre le crétinisme et le bug.
- Durée de vie9/20
Le mode multi est fort passable, voire médiocre, et la durée de vie en prend forcément un coup. La campagne solo n'est pas très longue, mais d'un autre côté, vu ce qu'on y fait, ce n'est pas nécessairement un mal. Bien sûr, l'aspect répétitif des combats n'arrange rien en ce qui concerne sa rejouabilité.
- Bande son10/20
La musique se fait complètement oublier là où elle devrait soutenir l'action. Les bruitages restent corrects tout comme les voix (officielles) des Transformers, même si ces derniers ont tendance à répéter souvent les mêmes phrases dans l'action.
- Scénario5/20
Un enchaînement de missions sans véritables liens.
Quand on voit le potentiel vidéoludique des Transformers, on est forcément déçu de tomber sur ce jeu réalisé à la va-vite. Seuls les fans inconditionnels de la série y trouveront un intérêt alors que les autres pesteront contre l'IA, la maniabilité ou encore la réalisation. Rajoutez à cela un mode multi basique et tout aussi poussif que le solo, et voilà une nouvelle preuve que les bonnes adaptations de films sont définitivement rares.