Si vous avez connu l'époque bénie de la NES, vous avez probablement croisé le chemin de Rush'n Attack et vous gardez alors un souvenir ému de la difficulté du jeu, de son ambiance guerre froide, et probablement aussi de la sirène qui retentissait au début de chaque niveau. Le jeu n'était finalement qu'un bête run and gun (au couteau s'il vous plaît) mais un bon run and gun, pas facile à terminer mais pas infernal non plus. Si vous avez connu l'époque de la NES donc, gardez précieusement vos souvenirs de Rush'n Attack et ne les laissez surtout pas être souillés par l'arrivée de Rush'n Attack : Ex-Patriot sur PSN et XBLA.
Il aura fallu attendre près de 25 ans pour que Konami ose dépoussiérer sa licence Rush'n Attack. En voyant le succès rencontré par le premier volet, on peut se demander "Pourquoi avoir attendu tout ce temps ?". En voyant aujourd'hui le nouveau Rush'n Attack : Ex-Patriot, on se demande "Pourquoi ?" tout court ! Le nouveau titre a beau partager quelques éléments avec le jeu original, le feeling est totalement différent. En fait, Ex-Patriot aurait très bien pu être un jeu à part sans rapport avec Rush'n Attack, cela aurait été pareil, voire mieux puisqu'il n'aurait pas souffert de la comparaison avec son aîné. Mais avant de s'embourber dans la mare de défauts, un mot sur l'histoire. En bon nanar qu'il est, Ex-Patriot voit un groupe de commando US parti enquêter sur la menace d'une nouvelle arme détenue par les Russes. La mission tourne mal et Morrow (vous) se retrouve jeté en taule. Libéré par un autre détenu pour on ne sait trop quelle raison, Morrow se met en tête de retrouver ses trois compagnons tandis que son boss lui demande de poursuivre l'enquête.
Pour le retour de Rush'n Attack, on sent que les développeurs sont allés chercher leur inspiration du côté de Bionic Commando Rearmed (un autre come-back, réussi celui-là) et de Shadow Complex. Comme les deux jeux cités, Ex-Patriot affiche un univers 3D bloqué sur un plan 2D, mais là où les deux autres brillaient par une réalisation engageante, Rush'n Attack repousse dès les premières secondes de jeu. Le héros, aussi charismatique qu'un bac à glaçons, semble avoir été modélisé au marteau et au burin dans un bloc de marbre. Lorsque la caméra s'approche de lui durant les cinématiques, il est même possible d'admirer ses mains dénuées de doigts (comme s'il portait constamment des moufles) et pour ne pas s'embêter à modéliser son visage, les designers ont choisi de lui faire porter un bandana façon vieux brigand des westerns. Pour couronner le tout, sa palette d'animations semble avoir été motion capturée sur un figurant d'Hélène et les Garçons. Pendant le jeu en lui-même, le recul de la caméra aide un peu et le constat est heureusement moins alarmant. Ce n'est toujours pas très beau, certes, mais ce n'est pas hideux non plus. Disons que l'esthétique est simplement vilaine.
Pour mener sa mission à son terme, Morrow devra traverser trois immenses niveaux (la prison, la mine et la base nucléaire) construits comme des labyrinthes pas bien compliqués à explorer. Les embranchements sont présents, mais n'ont rien de vraiment tortueux à la Metroid ou à la Shadow Complex (encore lui). A dire vrai, la conception des niveaux de Rush'n Attack est assez paresseuse. Là où il y avait matière à offrir des tonnes de passages secrets, le titre se contente d'en placer un de temps en temps, et encore sans vraiment prendre la peine de bien le cacher. Dommage. La difficulté dans les niveaux ne vient donc pas du repérage mais des ennemis qui se trouvent là. Conformément au cahier des charges de la série, Morrow est muni d'un gros couteau qui sera son arme de base pendant toute la partie. De temps à autre, il ramassera bien un flingue, des grenades ou un lance-roquettes, mais chaque arme à feu finit par se vider et le héros revient donc toujours à son précieux canif. Entre nous, ce n'est pas plus mal car certaines pétoires sont de véritables plaies. Suivant la position du héros et de l'ennemi, une roquette n'aura par exemple aucun effet sur la cible. Elle le traversera comme un fantôme nous obligeant à nous déplacer pour recommencer le tir. Le couteau reste donc l'option la plus sûre. Avec sa lame, notre bourrin de service effectue quelques combos pour tenter de mettre à terre ses opposants. Malheureusement, ses mouvements sont mous et là non plus pas toujours très au point. Il lui arrive de taper dans le tas sans blesser l'ennemi debout en face de lui. De leur côté, les Russes sont vifs et présentent une force d'opposition aussi efficace que frustrante pour le joueur qui doit parfois recommencer maintes et maintes fois le même passage parce qu'un stupide soldat aura surgi de nulle part.
Contrairement au Rush'n Attack d'antan, la méthode "rentre-dedans" n'est plus la tactique de choix. La série a en effet cédé aux sirènes de l'infiltration et encourage vivement le joueur à se glisser dans le dos des ennemis pour les éliminer d'un coup. D'innombrables coins sombres jalonnent ainsi chaque niveau donnant l'occasion à Morrow de se cacher, de siffler pour attirer l'attention et de fondre sur sa proie. Amusante les premières fois, cette technique devient irrémédiablement un peu rasoir au bout de la trentième exécution. Les gardes sont d'ailleurs assez stupides pour se faire surprendre à chaque fois, n'apprenant donc jamais des erreurs de leurs camarades. Sans mode deux joueurs, et donc sans réel potentiel de rejouabilité non plus, Ex-Patriot ne fait qu'accumuler les défauts sur toute la ligne. Difficile de pointer du doigt les raisons d'un tel naufrage (elles sont trop nombreuses) mais une chose est certaine, le nom Rush'n Attack est trop lourd à porter pour le jeu. Sans jamais parvenir à se rapprocher de la vraie ambiance Rush'n Attack (en dépit de tous les éléments qu'il lui emprunte), Ex-Patriot est un ratage complet comme on aimerait en voir moins souvent, même à petit prix.
- Graphismes9/20
Textures baveuses, modélisation cubique, animations robotiques... Visiblement les graphismes n'étaient pas la priorité dans le développement.
- Jouabilité8/20
Sans génie, Rush'n Attack tente de reprendre la formule de Shadow Complex. Non seulement le talent n'y est pas, mais l'épisode s'éloigne aussi des bases de la série.
- Durée de vie12/20
Comptez entre 5 et 6 heures pour arriver au bout de la mission et battre le dernier des trois boss. Ce n'est pas assez, mais c'est déjà beaucoup trop ! Aucun mode deux joueurs ne vient relancer l'intérêt.
- Bande son7/20
Quelques voix se font parfois entendre durant les cinématiques mais pas toujours. Du coup, il faut se taper la même musique ad nauseam.
- Scénario6/20
La mission de sauvetage très "ChuckNorissienne" est remplie d'objectifs bidons, de dialogues simplets et de personnages vides.
Nous attendions avec curiosité le retour de Rush'n Attack et c'est avec tristesse qu'il faut se rendre à l'évidence, le résultat est un affront à la série de Konami. Mou, laid, et tout simplement pas amusant, Rush'n Attack : Ex-Patriot est un bon gros flop dont vous pourrez largement vous passer.