Bien qu'il fut l'un des meilleurs titres de ce début d'année, Castlevania : Lords of Shadow commit sa première erreur via le DLC Reverie. Pour autant, l'idée de nous expliquer l'étonnante conclusion du jeu d'origine n'était pas à remettre à cause. Malheureusement, la construction du contenu laissa dubitatif. Cette fois, les développeurs récidivent avec Resurrection, suite de Reverie et clôturant par là-même Lords of Shadow en remettant dans l'ordre les pièces du puzzle. Passé la joie de retrouver Gabriel, la sentence est irrévocable et assombrit un peu plus l'aura d'excellence du jeu d'origine.
Sans avoir redéfini le genre action-plates-formes, Lords of Shadow forçait le respect par sa cohérence artistique, son étonnante générosité, son équilibre millimétré et une des fins les plus marquantes du jeu vidéo. Peaufiné à l'extrême, le jeu se condamnait de lui-même au succès pour le plaisir des joueurs. Si l'aventure trouvait donc une conclusion étonnante, il était écrit que le tout ne pouvait se terminer aussi brutalement. De fait, l'annonce de deux DLC levant le voile sur un pan de l'histoire avait de quoi exciter la curiosité. Si Reverie, le premier contenu téléchargeable, déçut son monde, il avait au moins le mérite de proposer quelques idées sympathiques tout en accentuant la relation entre Gabriel et Laura. Resurrection, lui, prend le contre-pied total de tout ce qui a été fait jusqu'ici en donnant la désagréable sensation de n'être qu'une extension au précédent DLC. Mais essayons de passer outre cette scission arbitraire et surtout pécuniaire tout de même monnayée 800 points Microsoft, soit 9,99 euros sur le PSN, pour se pencher sur ce qui nous est proposé...
… A savoir une accumulation de défauts. Disons-le tout de go, Ressurection n'est rien d'autre qu'un brouillon de ce qu'aurait pu être Lords of Shadow si ce dernier n'avait pas été touché par la grâce divine. On se demande d'ailleurs comment Mercury Steam a pu enfanter un tel bébé. Si on évitera de s'attarder sur l'absence de scénario, comment cautionner une construction si brinquebalante entièrement bâtie sur des phases de plates-formes mal pensées, redondantes et un combat contre un boss qu'on nous refourgue par deux fois ? Impossible en effet, d'autant que l'environnement dans lequel on évolue (un volcan) manque singulièrement d'originalité, de vie, bref, de poésie. Triste d'autant que les développeurs font montre d'un manque d'ambitions en reprenant quasiment à l'exact, du moins dans la structure, une séquence du jeu de base, à savoir celle faisant suite à notre victoire contre Le Fossoyeur. On devra ainsi subir un passage inutilement long basé sur une grimpette verticale où l'on devra échapper à de la lave tout en évitant de se faire voir par l'Oublié. Fatigant, la phase réclamera en plus de nombreux essais avant d'être bouclée, le tout demandant une connaissance parfaite du niveau pour être terminé. Toutefois, le pire reste à venir.
Ainsi, une fois passé les affres de la vie volcanique, vous vous retrouverez devant ledit Oublié. A ce stade, il est difficile de décrire avec des mots simples le sentiment qu'on éprouve en combattant l'entité démoniaque. En effet, Mercury Steam a semble-t-il décidé que le joueur allait souffrir autant que son homologue de pixels en multipliant les éléments à prendre en compte pour battre la créature. Ainsi, on ne trouvera aucune source de magie et de vie avant le combat, par ailleurs incroyablement long et découpé en deux affrontements eux-mêmes scindés en plusieurs phases. Mais ce n'est pas tout puisque au-delà de cet état de fait, il vous faudra encore arriver à toucher une partie du boss, autrement dit un bras, une jambe ou la tête, mise à nu après avoir détruit l'armure la recouvrant. Le hic est que l'Oublié ne cessera d'attaquer ne laissant que très peu d'ouvertures. Une façon comme une autre d'allonger artificiellement la durée de la bataille à même de provoquer un anévrisme aux joueurs les plus nerveux. Pitoyable à l'image de la fin expédiée le temps d'une seule cinématique évitant de faire la transition entre la fin du DLC et le début de la séquence post générique de fin de Lords of Shadow. Une manière radicale de se faire pointer du doigt car si Resurrection aurait justement dû s'imposer comme la cerise sur le gâteau, elle ressemble davantage à la virgule de trop, celle venant rompre le charme de la phrase. Triste conclusion pour une histoire qui avait si bien commencé.
- Graphismes11/20
S'il n'est pas ici question de pointer du doigt la patte graphique du jeu, par ailleurs fantastique, cette note est surtout là pour sanctionner le travail minimaliste effectué sur ce DLC. Tranchant radicalement avec les somptueux décors du jeu de base, les environnements de Resurrection se résument à un volcan et un extérieur constitué d'une plate-forme volante. Misère, misère...
- Jouabilité14/20
Sur ce point, rien de bien précis à ajouter sachant que le gameplay est bien entendu calqué sur celui du jeu de base. Si l'ensemble est d'un excellent niveau, on déplorera quand même quelques sauts peu précis, une phase de plates-formes très énervante et un combat contre un boss longuet.
- Durée de vie7/20
Dans l'absolu, il ne vous faudra pas plus d'1h30 pour faire le tour du DLC. Cependant, retenez bien qu'en Ecuyer, le combat contre l'Oublié devrait vous poser pas mal de problèmes. De fait, et ce même si vous avez plié le jeu entier en Paladin, nous vous laissons imaginer ce que donnera le tout dans cette difficulté. Moralité : Analysez bien les attaques du monstre et attendez le moment propice.
- Bande son14/20
Les musiques se font discrètes dans ce contenu téléchargeable tout comme les dialogues.
- Scénario1/20
Si l'idée d'expliquer l'incroyable fin du jeu d'origine via deux DLC était très bonne, autant dire que le synopsis de Resurrection n'existe tout simplement pas, celui-ci se résumant au combat de Gabriel contre l'Oublié.
Dans un sens, Resurrection est une incroyable prouesse vu qu'il synthétise en un peu plus d'une heure tout ce que Mercury Steam avait réussi à éviter avec le jeu d'origine : un level design d'une banalité confondante, des phases de plates-formes inintéressantes, un unique environnement renvoyant aux tréfonds du beat'em all, une difficulté mal gérée et un équilibre douteux construit essentiellement autour d'un combat contre un boss. Rajoutez-y un prix excessif et un aspect DLC de DLC et vous comprendrez pour le coup le hold-up commis par Konami et Mercury.