Un petit hack'n slash heroïc-fantasy téléchargeable sur le Xbox Live Arcade, ça attire toujours l'attention, surtout lorsque celui-ci se réclame d'une franchise aussi évocatrice que Dungeons & Dragons. Néanmoins, une bonne licence ne garantit pas forcément une bonne expérience de jeu comme le prouve malheureusement Daggerdale.
Basées sur l'un des plus célèbres jeux de rôle papier de ces dernières décennies, les diverses adaptations vidéoludiques de Dungeons et Dragons ont fait rêvé des millions de joueurs à travers le monde sur PC comme sur consoles. Ainsi, la plupart des fans d'heroïc-fantasy se souviennent encore avec émotion de l'excellent Baldur's Gate, de Neverwinter Nights ou encore du sympathique Dark Alliance. Daggerdale se rapproche d'ailleurs de ce dernier puisque lui aussi délaisse le style RPG classique au profit d'un gameplay de type Diablo. Permettant aux joueurs d'incarner un héros choisi parmi quatre classes de personnages (guerrier, mage, roublard, clerc), Daggerdale nous invite donc à massacrer des dizaines d'ennemis dans de sombres souterrains à grands coups d'épée ou de sorts. Hélas, trois fois hélas, si ce titre signé Bedlam Games reprend effectivement les règles officielles de la quatrième édition de D&D, il semble cumuler toutes les tares possibles et imaginables.
Dès la création de notre héros, on comprend que quelque chose cloche. Les quatre personnages disponibles ne sont pas charismatiques pour deux sous et ils sont modélisés avec les pieds. Les options de customisation se comptent sur les doigts d'une main, les menus sont très austères et l'interface est bancale. Passé une petite cinématique, nous voici directement propulsés dans les profondeurs des mines de Thetyamar, refuge des Nains et unique accès à la tour érigée par le serviteur d'un dieu maléfique. Là, un constat s'impose : c'est pas beau. En fait, c'est même carrément moche. Il suffit de voir apparaître à l'écran le visage des PNJ pour comprendre que les graphistes du soft n'ont pas eu le temps (ou l'envie) de faire du bon travail. Les décors souterrains se ressemblent tous. Les ennemis surgissent de nulle part. Les animations sont grotesques et les effets de sorts sont tout simplement ridicules. Il y a des bugs d'affichage partout (bugs de collision, clipping, etc.). Comme si ça ne suffisait pas, le placement de la caméra est souvent hasardeux tandis que des ralentissements à répétition cassent totalement le rythme de l'aventure.
Si Daggerdale ne brille vraiment pas au niveau de sa réalisation, il ne faudra pas compter non plus sur son gameplay pour sauver les meubles. En effet, les mécanismes de jeu sont aussi convenus que démodés. Il suffit d'attribuer nos armes et nos sorts aux différentes touches du pad puis de se frayer un chemin dans des galeries pleines de monstres pour accomplir des objectifs sans intérêt. Sauver des prisonniers, récupérer un artefact, abattre un boss.... On ne peut pas dire que l'originalité soit au rendez-vous. S'agissant d'un hack'n slash, ce n'est d'habitude pas si grave. Le joueur est censé se concentrer sur la progression de son personnage et sur la constitution d'un équipement de plus en plus puissant. Sauf que dans Daggerdale, la gestion de notre héros est réduite au strict minimum. Tout au plus, on pourra bidouiller des statistiques de base, choisir quelques compétences, et collectionner des objets au nom affreusement mal traduit (enflammé armure matelassée, crépitant heaume...). En outre, de gros bugs plombent tant notre fiche de personnage que le déroulement des missions.
Reste la possibilité de jouer à deux sur la même console ou à quatre en ligne. Ceci dit, déjà que le soft rame en solo, on vous laisse imaginer le résultat en multi. Sans exagérer, le soft saccade à mort... Quand il ne freeze pas purement et simplement, nous obligeant à éteindre la console ! Au final, on repose la manette avec la conviction de s'être bien fait avoir car Daggerdale n'est pas simplement un jeu médiocre comptant uniquement sur sa franchise prestigieuse pour se vendre, c'est aussi et surtout un produit pas fini commercialisé au prix totalement injustifié de 1200 points Microsoft. Alors bien sûr, on peut se dire qu'un patch gratuit sera peut-être mis en ligne dans les semaines qui viennent mais en l'état et au jour où nous écrivons ces lignes, Daggerdale fait honte à son éditeur.
- Graphismes7/20
Moches, ternes, truffés de bugs, les graphismes de Daggerdale ne parviennent à aucun moment à restituer le souffle épique de la série Dungeons & Dragons. Les héros comme leurs ennemis n'ont aucun charisme et la modélisation des PNJ est absolument ridicule.
- Jouabilité9/20
Les mécanismes de jeux restent très classiques et les missions qui se déroulent toutes dans le même environnement souterrain ne présentent pratiquement aucun intérêt. Programmé avec les pieds, le soft rame, freeze et saccade toutes les deux minutes. A tel point qu'il faut vraiment une volonté de fer pour garder son calme en y jouant.
- Durée de vie10/20
Une dizaine d'heures suffisent à terminer une aventure particulièrement fade. Les options de customisation de nos héros ne sont pas assez nombreuses et la gestion de l'équipement est extrêmement basique.
- Bande son13/20
Les thèmes collent à l'ambiance et la musique s'emballe quand on combat. Les bruitages sont également crédibles mais les dialogues ne sont pas doublés.
- Scénario8/20
Tenant sur une feuille de papier toilette, le scénario archi-convenu de Daggerdale sera oublié dès qu'on aura éteint notre console. C'est-à-dire très très vite...
Mal réalisé et buggé jusqu'au trognon, Daggerdale a de quoi dégoûter les plus fervents amateurs de hack'n slash comme les aficionados de Dungeons & Dragons. Aussi nostalgique que l'on puisse être des vieux jeux de rôle ou de Diablo, on évitera à tout prix de se le procurer pour se rabattre sur des valeurs sûres d'aujourd'hui telles que Deathspank ou Torchlight.