Kent vient de passer un petit séjour en taule. Motif ? Avoir sifflé un air jugé trop joyeux. A Neutropolis, c'est un délit suffisamment grave pour rester quelque temps à l'ombre et se faire administrer une forte dose de musique d'ascenseur. Kent est ensuite jeté dans un appartement sordide où on lui donne l'ordre de regarder la télé vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Quoi de mieux pour se laver le cerveau... Bien entendu, notre punk de héros ne l'entend pas de cette oreille. Ayant reçu un message d'un "empathisant" lorsqu'il était en prison, Kent va tout faire pour rejoindre un mouvement underground dans le but de renverser le tyran Paul Nystalux. Mais avec tous ces gardes "Norms" aux alentours, l'aventure risque d'être périlleuse. Et explosive, croyez-le.

Sorti en 1996, le jeu d'aventure Normality est loin d'être le jeu parfait. En effet, le titre des studios Gremlin Interactive recèle quelques grosses tares. La première saute aux yeux (enfin aux oreilles). Dans la version française, Kent est doublé par... deux comédiens différents. Bien que leurs voix soient assez proches, on entend clairement la différence. En plus de plomber l'immersion, il faut reconnaître que cet inconvénient traduit un véritable manque de professionnalisme. Un autre problème concerne un aspect du gameplay : les combinaisons d'objets fonctionnent dans un sens mais pas dans l'autre. Par exemple, il faut associer des piles avec des jumelles et non l'inverse. Une spécificité inutile. Continuons dans les défauts avec certaines actions à effectuer qui ne sont pas toujours d'une grande logique. Prenons comme exemple ce passage où il faut lancer une motte de terre sur une personne juste en face de soi alors que le contexte suggère de la jouer profil bas. Et on pourrait en citer quelques autres comme ça. Enfin, la musique brille par son manque d'inspiration et/ou devient vite énervante sur certains niveaux.

A ce stade du test, vous devez vous demander s'il y a quand même du positif dans tout cela. Réponse affirmative. Plusieurs choses rendent le jeu digne d'intérêt. L'histoire, bien qu'ayant un petit air de déjà-vu, se laisse suivre agréablement. On rencontre quelques personnages sympathiques comme Dai, une sorte de marin échoué à la tenue très seyante. Les vidéos sont nombreuses et compensent d'une certaine façon des graphismes un peu brouillons. L'interactivité est originale : avec un clic droit effectué sur un objet ou un PNJ, on fait apparaître une poupée à l'effigie de Kent. Pour parler, il suffit de faire un clic gauche sur la bouche de la charmante réplique. Pour utiliser un objet, même procédé mais, cette fois, sur la main de la poupée. Et ainsi de suite. Notez que pour interagir, il faut toujours se situer près de l'objet en question. Il y a un paquet d'items à ramasser, mais on ne se retrouve jamais avec un inventaire à rallonge. L'utilisation du clavier et de la souris combinés à une vue à la première personne (permettant une rotation complète et une vision haut/bas) se rapproche plus d'un FPS que d'un point'n click. Qu'importe, cela reste parfaitement jouable.

L'aventure met un certain temps à se boucler, en partie à cause des petits soucis de gameplay cités plus haut. Le scénario, dans l'ensemble assez cohérent, comporte pourtant quelques accrocs. On pense notamment à cette guitare qui retrouve sa forme d'origine après avoir été sauvagement explosée contre un mur. Les dialogues, teintés d'humour, remplissent leur part de contrat : ni trop longs, ni trop courts. Pour conclure, Normality n'est ni particulièrement bon, ni particulièrement mauvais. Seulement très inégal. Inégal dans sa difficulté mais également dans la qualité de ses environnements sonores et graphiques. C'est un jeu agréable à faire une fois, mais qu'on ne s'empresse pas de recommencer, malgré la possibilité de découvrir quelques scènes alternatives. Une aventure "normale" en fin de compte ?